Le Décret n° 2010-1390 du 12 novembre 2010 de l’ancien gouvernement Fillon, portant diverses mesures de sécurité routière, s’inscrit dans la démarche « code de la rue » visant à favoriser la coexistence des différents usagers.
Cette mesure était particulièrement attendue à Paris pour l’expérimentation du « tourne à droite » autorisé aux cyclistes au feu rouge. En effet, la nouvelle rédaction de l’article R415-15 du code de la route autorise les collectivités locales à mettre en place le tourne-à-droite au moyen d’un simple panneau ajouté au feu tricolore. Il reste aux services de l’État à définir la signalisation réglementaire, le panneau présenté ci-contre sur un site expérimental n’étant pas au catalogue officiel.
Ce détail prend toute son importance lorsqu’on compare le coût de la pose d’un panneau avec celui de la modification des installations pour créer des feux « modaux » destinés spécifiquement aux cyclistes. Quand on pense aux milliers de carrefours à feux à équiper dans une ville comme Paris on comprend qu’avec la réglementation antérieure la généralisation du tourne-à-droite aurait peu de chance de voir le jour dans un avenir prévisible.
Annick Lepetit, adjointe au maire de Paris chargée des déplacements, des transports et de l’espace public, déclarait le 19 novembre 2010 au journal 20 Minutes «Il serait intéressant de tester ce dispositif, rendu possible par les modifications récentes du Code de la route…».
Les associations cyclistes revendiquent fortement depuis longtemps l’autorisation pour les cyclistes de franchir un feu rouge lorsque cela peut être fait en sécurité, étant entendu que la priorité reste aux piétons et aux véhicules circulant sur la voie transversale. Les nombreux cyclistes qu’on voit franchir les feux rouges, en infraction avec la réglementation actuelle, ne sont pas des délinquants ni de dangereux chauffards. Ils le font parce qu’ils s’y trouvent en sécurité et aussi parce que chaque arrêt représente une dépense d’énergie considérable pour un moyen de transport sobre par nature.
Les feux tricolores sont une invention destinée essentiellement à gérer l’écoulement de flux automobiles. Contrairement à une opinion répandue, les feux tricolores ne sont pas propices à l’amélioration de la sécurité routière : le conducteur du véhicule tend inévitablement à être plus préoccupé par la couleur du feu que par la présence sur la chaussée d’usagers vulnérables, et le feu vert favorise l’augmentation des vitesses pratiquées dans les carrefours pour le franchir avant qu’il passe à l’orange.
Nous nous réjouissons donc de l’expérimentation prochaine du tourne-à-droite à Paris et attendons sa généralisation ultérieure dans toutes les villes.
Le décret contient par ailleurs une mesure déterminante en faveur des piétons : désormais les véhicules sont tenus de céder le passage à un piéton « s’engageant régulièrement dans la traversée d’une chaussée ou manifestant clairement l’intention de le faire« , alors que l’ancienne rédaction limitait cette priorité aux piétons « régulièrement engagés dans la traversée d’une chaussée« .
