l’apprentissage du vélo par des adultes

article paru dans Roue Libre n° 43 (mai-juin 1998)

Quand avez-vous appris à faire du vélo ? Comment avez-vous vécu ces premiers instants d’équilibre précaire quand le soutien adulte vous accompagnant a lâché prise ? II y a fort à parier que c’est à peine si vous vous en souvenez Vous avez toujours su faire du vélo : c’est comme marcher et courir, c’est naturel !

Eh bien non, pas pour tout le monde…

Quand Laurent Lopez a eu l’idée de commencer sa « Vélo-école pour grands débutants », nous étions loin d’imaginer le succès qu’il aurait. Sa liste d’attente s’est allongée, malgré son assiduité à suivre le rythme des cours qu’il s’est imposé.

Qui sont ces « grands débutants » ? Y a-t-il un profil type ? D’emblée, nous pouvons dire que la majorité sont des femmes. Les âges sont variés, et les motifs aussi, mais ce sont souvent les enfants qui poussent leurs parents à apprendre.

Nous aimerions vous en présenter une qui s’appelle Marie-Julienne ; elle fût parmi les premières à s’inscrire.

Elle est née sous le soleil de la Martinique et y a vécu ses années d’enfance et d’adolescence. Comme les familles voisines, la sienne était trop pauvre pour offrir un vélo aux enfants. Les jouets se fabriquaient à la maison, souvent par les gosses eux-mêmes avec du matériel de fortune : bouts de bois, de ficelle, boîtes de conserves, etc.

Même aux déplacements pratiques, le vélo ne convenait guère. On utilisait volontiers la marche et pour les plus grandes distances, le bus et le taxi collectif. Les choses ont changé depuis ; en Martinique comme ailleurs on propose plus de jouets et plus de possibilités aux enfants. Mais dans le contexte qu’elle a connu, Marie-Julienne n’a pas appris à se tenir sur un deux-roues.

Puis, il y a une quinzaine d’années, elle est arrivée en métropole pour faire des études. Elle s’est installée en banlieue parisienne et plongée dans son travail.

Petit à petit, elle s’est fait des amis et a remarqué que certains d’entre-eux se déplaçaient à vélo. L’idée de s’y mettre a germé dans sa tête, mais le temps lui manquait. Un peu plus tard, deux amis ont essayé de lui montrer la technique à adopter, mais sans succès. Elle se sentait vraiment frustrée à voir ces gens indépendants, mobiles, sûrs d’eux-mêmes sur cette merveilleuse machine. Vous qui faites du vélo, vous savez de quelle liberté elle était privée.

Puis la chance inespérée s’est présentée, par le biais de la télévision : la formule Lopez pour pour apprendre à rouler à vélo ! Elle a sauté sur son téléphone et quelques semaines plus tard, elle est montée avec un brin d’appréhension d’abord sur un tandem, puis sur un vélo toute seule. Quelle surprise et quelle joie de pouvoir se tenir droite et d’avancer, comme les autres cyclistes !

Quelques semaines après sa première leçon, elle a pris des vacances au Cap Ferret, où elle a fait du vélo tous les jours.

Aujourd’hui, elle est de retour à Paris et à sa vie quotidienne, mais le vélo fait désormais partie de cette vie. Marie-Julienne a adhéré au MDB et elle envisage de faire des balades en commençant avec le niveau 1. Son projet : s’acheter une bicyclette bien à elle.

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