le casque : le débat

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Le casque

Un débat entre cyclistes

Par Abel GUGGENHEIM

Débat sur la liste de diffusion vélo de la FUBicy en juillet 2002

Que pensez-vous de la proposition de rendre le casque obligatoire pour les cyclistes ? Est-ce un plus, qui rendrait les déplacements à vélo moins dangereux, ou un frein car une contrainte supplémentaire ?

Je porte un casque, ça ne me changera guère… Deux cyclistes m’ont raconté leur traumatisme crânien avec coma, à cause de l’absence de casque, ça convainc rapidement.
Moi, je trouve le casque très joli. L’hiver, il me protège du froid et l’été du soleil. Circulant en vélo couché, j’apprécie d’avoir mon crâne signalé aux voitures assassines.
Patrick Ricou

Porter sur la tête du polyuréthane recouvert d’une couche plastique rassure le cycliste : comme dit un curé de mes amis, prier ne fait pas de mal. Mais si une voiture le percute ou qu’un camion lui passe dessus, le cycliste n’évite pas les dommages causés par une tonne lancée à 50km/h ou plus.
Dans une forêt en VTT, un casque permet d’éviter les blessures avec des branches basses.
Semblant se préoccuper des accidents de la route, politiciens et bureaucrates rendent les victimes cyclistes responsables de leur sort. Si ces « décideurs » faisaient observer le Code de la Route, si les chauffards imbibés étaient réprimés, si les aménagements étaient faits après dialogue avec les associations, il y aurait beaucoup moins d’accidents.
Carlos Klimann

Il serait inadmissible que les députés votent une loi sur l’obligation du port du casque sans demander notre avis.
Commençons par attaquer les VRAIES causes de l’insécurité routière: vitesse, alcool au volant, drogue, médicaments, comportements à risques comme les dépassements trop proches des cyclistes, …
Personnellement je porte le casque mais c’est un choix individuel. J’avoue que quand il fait chaud c’est pas terrible ! En tout cas si je porte le casque pas question de l’imposer car ceci aurait un effet négatif sur la pratique du vélo en ville.
Pierre Virlogeux

On veut faire notre bien malgré nous. Mon cerveau, non casqué, avait mal réagi à l’affiche placardée chez mon vélociste, qui disait : « Les cerveaux intelligents portent un casque ».
Parmi les nombreux articles parus suite à la campagne en faveur du casque , celui du 10 juin 2002 du « Quotidien du Médecin » parle d’une « campagne de PRÉVENTION des accidents à bicyclette », alors qu’il ne s’agit évidemment pas de prévention. Ce journal médical parlerait-il de PRÉVENTION des accidents en voiture à l’occasion d’une campagne en faveur de l’installation d’ABS ou d’air-bags?
Abel Guggenheim

Je doute que les initiateurs de cette campagne connaissent les problèmes de sécurité à vélo. Il faudrait les rencontrer pour leur expliquer nos arguments.
Totalement opposé au port obligatoire du casque, je suis par contre très favorable au casque pour les jeunes enfants transportés par un adulte
La sécurité à vélo passe aussi par la capacité à bouger rapidement la tête, pour laquelle les sangles du casque jouent un rôle plutôt négatif.
François Fatoux

Quitte à rendre obligatoire quelque chose, le rétroviseur pour les cyclistes urbains serait plus pertinent. Cet instrument, qui permet d’éviter les mouvements brusques de la tête, m’a épargné au moins trois accidents.
Les coureurs automobiles portent un casque, pas les automobilistes en ville. Pourquoi n’en serait-il pas de même à vélo ? Casque obligatoire pour les situations à risque (courses, VTT…), pas pour la ville.
En termes de santé publique, si le souci est la baisse du nombre de traumatismes crâniens dus à la circulation routière, il faut imposer le casque en voiture!
Emmanuel Grenier

Il faut être ferme et exigeant sur la nécessité du casque pour les enfants entre 4 ans (quand ils passent au vrai vélo) et 8 ans, lorsqu’ils ont les réflexes adéquats et la force musculaire nécessaires pour se protéger la tête.
Même remarque pour les pratiques sportives hors cadre organisé, comme les gamins qui s’amusent en VTT, BMX et autres.
Erick Marchandise

D’accord pour recommander le casque aux enfants, qui ont de toute façon une conduite à risque dans la vie en général, mais pas pour une obligation de porter le casque pour les moins de x ans
Je souhaite que la FUBicy prenne officiellement position, surtout s’il est question d’un projet de loi!
Fabienne Vansteenkiste

Une position officielle de la FUBicy contre le port du casque serait jugée irresponsable. Imaginez le Club alpin prenant la même position en montagne : si un grimpeur a le crâne fracassé par un caillou qui tombe de 300m, bonjour le procès. Idem pour le vélo.
Certes le casque a son effet pervers : certains parents anxieux casquent leur rejeton dés qu’il marche, et il ne prend pas la mesure des choses qui l’entourent.
Patrick Ricou

La FUBicy ne serait pas plus irresponsable que la British Medical Association qui, sur la base de plusieurs études scientifiques, a pris la même position en 1998 : d’après une étude de 1987 à 1991, les cyclistes tués n’ont pas plus de traumatismes crâniens que les autres victimes d’accidents de circulation (les accidents à vélo se soldent en ville surtout par des traumatismes des membres), et la majorité des décès sont à causes multiples (crâne ET colonne vertébrale ou cage thoracique)
Pour traiter le mal à sa source, la Grande-Bretagne s’est engagée dans un politique de modération de la vitesse et du trafic et, curieuse coïncidence, a 2 fois moins de tués sur les routes que la France.
Dans les pays qui ont rendu le casque obligatoire, la baisse du nombre de traumatismes crâniens n’a pas été plus importante que celle du nombre de cyclistes. Le port du casque semble être compensé par « l’effet ABS », c’est-à-dire l’impression de sécurité donnée par le casque, qui peut induire une baisse de vigilance ou une conduite à risques.
Monique Giroud

J’ai assisté en 1999 à l’accident d’un copain : nid de poule en descente, cycliste roulant à 30 km/h passant par-dessus son vélo, quelques éraflures au visage et coude cassé. Pompiers, médecins, infirmiers lui ont tous demandé s’il avait un casque, ce qui n’aurait pourtant rien changé, peut-être juste évité les éraflures.
J’ai acheté un casque et l’ai mis une dizaine de fois pour mes trajets quotidiens Nanterre-Paris. J’ai rapidement vérifié sur mon propre comportement ce fameux « effet air-bag » : un usager de la route roule toujours à risques constants. Je suis un cycliste rapide, mais relativement prudent. Or j’ai arrêté de mettre mon casque pour la raison suivante : quand je suis casqué, je suis casse-cou ! Je continue cependant à mettre le casque sur les routes de montagne.
Thomas Lesay

C’est l’« homéostasie du risque » (conduite à risque constant): plus les dispositifs de sécurité sont importants, plus le sentiment d’insécurité diminue et donc plus la prise de risque augmente.
Aucune étude sérieuse n’existe sur l’efficacité du casque. Les protections individuelles sont l’alibi pour les élus qui ne veulent pas modifier leur mode de pensée.
Alors que la vitesse ou l’infraction de l’automobiliste (par exemple doubler à moins d’1m) est difficile à établir, c’est facile de mentionner sur un PV un cycliste accidenté sans casque.
Pierre Solviche

Cela permettrait aux assureurs et automobilistes de rendre les cyclistes responsables des accidents : un cycliste sans casque demande à être renversé, n’est-ce pas! Et plus besoin de faire attention aux cyclistes, puisque, casqués, ils ne risquent plus rien!
À quand le casque pour les piétons? Et pourquoi pas des airbags incorporés dans les vêtements de marche?
Une contrainte supplémentaire, c’est moins de cyclistes. Donc non au port obligatoire du casque en ville.
Libre a ceux qui roulent sur les routes d’en porter un. Passer par-dessus le guidon a 70 km/h, mieux vaut protéger le crâne. Rouler pépère en ville, le crâne n’est pas plus exposé que le reste.
Martin Sheffield

Les cyclistes ont un comportement proportionné au risque qu’ils prennent : les fédérations sportives recommandent le casque et, à l’inverse, la majorité des cyclistes urbains n’en porte pas.
Depuis 1996, la politique favorable au vélo à Paris a entraîné une croissance spectaculaire du nombre de cyclistes. Beaucoup des nouveaux venus auraient renoncé au vélo s’ils avaient vu les autres porter un casque. Chaque cycliste urbain casqué valide l’affirmation qui hérisse le poil de beaucoup d’entre nous : « tu circules à vélo, c’est dangereux! »
Abel Guggenheim

Il y a 10 ans, dans une file de voitures arrêtées que je double, un véhicule plus haut que les autres me masque le débouché d’une rue et la voiture qui en sort en ayant priorité. Je la percute, ma tête heurte le macadam, bilan 24h en observation à l’hosto. Si c’avait été une bordure de trottoir c’aurait été beaucoup plus grave.
Depuis je fais plus attention, mais ne m’estime pas à l’abri d’une chute, et je porte un casque la plupart du temps. Malgré ce choix -personnel- je suis opposé à toute mesure d’obligation.
Hervé Fagard

Je ne suis pas pour rendre le casque obligatoire, mais je voyais cette mesure inévitable, dans le cadre du nivellement sécuritaire européen. Roulant parfois à 50-60 km/h à vélo couché, je recommande évidemment le casque. Mais je le laisse au garage quand je vais chercher mon pain.
Patrick Ricou

Nivellement européen par le bas ou par le haut ? Le casque n’est pas obligatoire au Danemark, en Hollande, en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, où la pratique du vélo est plus répandue et où les victimes d’accidents de la route sont moins nombreuses qu’en France. Je ne pense pas que ce soit un hasard…
Plus il y a de vélos, plus les automobilistes s’attendent à en rencontrer, moins il y a d’accidents. Inversement, la baisse de la pratique du vélo urbain est un facteur défavorable en matière d’accidentologie et présente un bilan négatif pour la santé (risques cardio-vasculaires, pollution, obésité) .
Monique Giroud

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