n°147 (septembre-octobre 2015)

Le code de la route évolue-t-il?

Paradoxe des dernières avancées cyclistes du code de la route : les techniciens se réjouissent, dans l’indifférence des usagers. L’indifférence voire l’incompréhension. Car ces avancées sont des détails subtils. Bien qu’ils représentent de réelles avancées règlementaires destinées aux aménageurs qui nous ferons à terme une ville plus belle, pour la majorité des cyclistes, cela ne changera pas leur perception de leurs trajets à vélo.

Exemple de la modification de l’article R. 412-9 du code de la route, issue du « Décret n° 2015-808 du 2 juillet 2015 relatif au plan d’actions pour les mobilités actives et au stationnement ». Il y est maintenant écrit textuellement : « un conducteur de cycle peut s’écarter des véhicules en stationnement sur le bord droit de la chaussée, d’une distance nécessaire à sa sécurité. »

Parce que jusqu’à présent, il n’en n’avait pas le droit. Cette correction est la reconnaissance officielle que la rédaction précédente du code de la route, appliquée depuis des décennies, interdisait au cycliste de rouler en sécurité.
Quelle était la situation concrète ? Tous les conseils que j’ai entendus dans le milieu associatif ne disaient pas autre chose : il faut rouler à une distance de portière des voitures garées. Un cycliste averti pratiquant cette distance de sécurité a-t-il déjà été sanctionné pour cela ? Surement pas souvent, bien que l’on puisse craindre qu’il a dû se trouver des agents vicieux capables de le faire.

Le nouveau code est donc bien bon d’autoriser le cycliste à ne pas se mettre en danger. Notez que les cyclistes sont en l’espèce libres de leur comportement : le « conducteur de cycle » (le mot cycliste est-il trop simple ?) « PEUT s’éloigner »… Il n’y est pas obligé. C’est bien, non ? Pour une fois que le code de la route ne contraint pas les cyclistes, réjouissons-nous. Toutefois, les largesses dudit code ne sont pas infinies. Cette autorisation est limitée aux « voies où la vitesse maximale autorisée n’excède pas 50 km/h ». Par conséquent, si vous passez une file de stationnement sur un axe limitée à 70 ou 90 km/h, vous êtes tenus de… vous mettre en danger ! C’est parfaitement implicite dans le code de la route.

Et pourtant, quel est le cycliste qui ne s’est jamais entendu dire qu’il lui fallait respecter le Code de la Route pour SA PROPRE sécurité ! Non, s’il y a besoin d’une justification au citoyen pour respect la loi, celle-ci est pour le moindre douteuse et en tout cas inappropriée.

Et pourtant la nouvelle formulation de cet article va dans le bon sens ! Elle s’est simplement heurtée en cours de rédaction aux fonctionnaires rétrogrades qui ne connaissent que d’une part la voiture réduite à une nécessité de vitesse et d’autre part les trucs qui trainent sur la chaussée et qui gênent la voiture-vitesse.

Vous avez dit « incompréhension » ?

Thierry Delvaux

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