n°70 (novembre-décembre 2002)

« J’en ai pour deux minutes »

Le 21 septembre, à l’initiative de Réseau vert, un certain nombre d’associations ont renouvelé l’opération « J’en ai pour deux minutes » sur le même principe que le 23 mars. Il s’agissait de rappeler aux automobilistes le danger qu’ils font courir aux cyclistes, piétons, personnes à mobilité réduite et autres bébés en poussette en se garant sur un couloir de bus, une piste cyclable, une place de stationnement réservée aux handicapés… « juste deux minutes ».

Au premier rendez-vous place de la Bastille, bonne nouvelle, nous étions beaucoup plus nombreux que pour la première manifestation du genre. Les associations organisatrices avaient commandé une banderole toute neuve qui fut du meilleur effet.

Premier arrêt rue Saint-Antoine, « juste pour deux minutes » : vélos, fauteuils roulants, poussettes furent abandonnés sur la chaussée. Un militant de Réseau vert muni d’un haut-parleur expliquait aux passants le pourquoi de cette action pendant que d’autres distribuaient des tracts. Ensuite, de façon spontanée, le trajet jusqu’au deuxième point de rendez-vous a pris des allures de manifestation traditionnelle, gênant la circulation des automobilistes, essayant de faire respecter celle des bus.

Deuxième arrêt rue de Rennes, où nous attendait un autre groupe de manifestants. De nouveau, la chaussée s’est retrouvée encombrée de nos vélos. Malheureusement, la police nous a quelque peu gâché le travail, en déviant la circulation, et la gêne fut moindre pour les voitures.

Quant à la couverture médiatique, si elle a été moins importante que la première fois, nous avons quand même eu les honneurs d’un certain nombre de journaux écrits et télévisés.

L’avenir du vélo à Paris

Pas moins de trois réunions importantes impliquant la politique vélo à Paris se sont tenues au mois de septembre (schéma directeur vélo, comité technique vélo, commission extramunicipale des déplacements) et l’ensemble laisse planer une inquiétude : d’une part il semble certain qu’entre les transports en commun et le vélo, ce sont les premiers qui seraient privilégiés, ce qui ne serait en soi pas une catastrophe si le vélo faisait l’objet d’une politique cohérente ; or d’autre part on a l’impression que plusieurs instances travaillent en parallèle sans se concerter et sans qu’un réel « plan vélo » soit mis en chantier pour les années à venir. Sans compter les oppositions de la préfecture de police et de certains maires d’arrondissement.

Saluons cependant le remarquable travail effectué par l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme), qui a consisté à collecter toutes les informations concernant les aménagements, l’accidentologie et les vœux des associations. Des cartes de synthèse ont été présentées à plusieurs membres du bureau pour avis avant d’être un outil de travail pour la réunion du schéma directeur vélo, le 17 septembre. Cela fait du bien de voir que nos propositions résultant de la réunion du 15 juin ne se sont pas envolées dans la nature mais… pour toutes les raisons citées plus haut, il faudrait revoir nos prétentions à la baisse. Des voies de bus en site protégé non élargies sont en projet ; le programme d’aménagement du boulevard Beaumarchais est remis en question et les cyclistes se verraient proposer un itinéraire « coulisse » rue Amelot.

Lors d’une réunion sur le développement du Mobilien, une information inquiétante a été donnée pour la ligne 38. Sur la section nord-sud, entre Luxembourg et Port-Royal, il est prévu de conserver une voie unique avec un séparateur pour les bus et les voitures, celles-ci ne pouvant doubler les bus aux arrêts. Sur une question du représentant du Réseau vert, on a appris que cette voie aurait une largeur de 3,20 m. Denis Baupin a déclaré que le préfet de police avait l’intention d’interdire la circulation des cyclistes sur cette voie. Le représentant de la préfecture de police n’a pas confirmé cette information. Les représentants du Réseau vert et du MDB ont vigoureusement réagi. Il est évident que nous préférons en rester à la situation actuelle, qui est loin d’être désastreuse, plutôt que de nous voir exclus d’un axe nord-sud important.

Pour les boulevards Rochechouart et de Clichy, une dernière réunion de concertation a eu lieu le 10 septembre et les travaux devraient commencer à l’automne. D’après le dernier projet proposé, les pistes cyclables seront situées entre le terre-plein central réservé aux piétons et les voies de bus, qui seraient donc à gauche de la circulation automobile (mais pas sur la totalité du parcours). On peut émettre des réserves sur la sécurité et la facilité d’accès à ces pistes cyclables sur la voie centrale. Mais rassurez-vous, il est prévu des rangées d’arbustes pour nous séparer du terre-plein central et donc pour amortir les chocs en cas d’accident… avec les piétons ?

Congrès Vélo-city : le compte à rebours a commencé

Isabelle Lesens, directrice de Vélo-city Paris 2003, est venue faire le point avec le bureau du MDB sur l’organisation du congrès. Tous les adhérents ont reçu un appel à communication ; ils ont reçu également un questionnaire à propos de l’hébergement des congressistes.

Une fois ces données collectées, il faudra lister les demandes des participants et adapter l’offre à la demande. Du travail en perspective ! Nous tiendrons un stand à la Maison de la Chimie pendant la durée du congrès.

Le MDB organisera une visite guidée à travers Paris ; le thème retenu est : « L’historique des aménagements cyclables de la capitale, des « couloirs de la mort » à… » A quoi, au fait ? quel sera l’aménagement dernier cri en septembre 2003 ?

Les Assises du stationnement

La mise en place d’aménagements cyclables a eu pour conséquence une croissance spectaculaire du nombre des cyclistes à Paris. Le potentiel de progression de la pratique du vélo dans la capitale reste important, mais il existe des freins à ce développement, parmi lesquels figure le problème du stationnement. Il faut donc continuer à implanter de nombreux stationnements destinés aux deux-roues et à prévoir des installations gardiennées comme le fait la RATP. Mais l’obstacle le plus important à l’heure actuelle est celui du stationnement à domicile. Les appartements parisiens sont exigus, les syndicats de copropriétaires souvent hostiles au stationnement des vélos dans les parties communes, les caves difficiles d’accès et souvent humides. Notre association a depuis longtemps pris diverses initiatives, militantes, administratives, etc., pour tenter de résoudre ce problème essentiel (voir Roue Libre no 58). Dans le cadre de l' »année du vélo urbain en France », qui aura lieu en 2003 à l’occasion du congrès international Velo-city, le MDB a donc décidé d’organiser les « Assises du stationnement Vélo à Paris « .

Cette manifestation, qui aura lieu en mai 2003, a déjà suscité l’intérêt de plusieurs partenaires du milieu du vélo urbain, au premier rang desquels la Ville de Paris. Le 2 juillet, Françoise Clausse, Laurent Lopez et Abel Guggenheim ont rencontré à ce sujet Jean-Luc Marchal, chargé de mission Vélo, et Ronan Golias, chargé du stationnement à la Voirie. Cette entrevue devait être suivie, le 18 septembre, d’une rencontre dans nos locaux entre l’ensemble du bureau et Jean-Luc Marchal. Mais celui-ci n’est pas venu, ne s’est pas excusé et n’a donné aucune suite à nos appels téléphoniques lui demandant de nous rappeler. Dans l’attente de la confirmation de la participation de la Ville de Paris, la préparation se poursuit : le programme est en cours d’élaboration, un premier financement est en bonne voie et un lieu central et de qualité a été pressenti.

MDB distingué par le jury du prix Vélo d’Or

Le 25 octobre, au cours du congrès du Club des villes cyclables, les prix Vélo d’Or 2002 ont été remis par le Comité de promotion du vélo. Le jury a décerné une mention au MDB pour l’ensemble des actions, très diverses, menées depuis de nombreuses années pour améliorer et rendre plus sûre la cohabitation concrète, sur la voirie, entre cyclistes et autobus.

Ces actions, menées avec persévérance (certains parlent d’obstination) et détermination, concernent les problèmes de réglementation, de confort et de sécurité et ont entre autres abouti, depuis deux ans environ, à la généralisation de voies protégées bus-vélos. Un dossier complet sur le sujet sera présenté dans un prochain numéro de Roue Libre, où sera aussi rappelée l’actualité de cette question primordiale, sur laquelle le MDB continue à travailler.

Françoise CLAUSSE

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