n°84 (mars-avril 2005)

Comité de pilotage vélo

Un nouveau Comité de pilotage vélo s’est tenu le 10 janvier, avec un ordre du jour très chargé dont voici quelques-uns des points étudiés.
Axe Clichy-Étoile

Depuis les réunions préparatoires (voir Roue libre 83), une fois passé entre les mains de la préfecture, des ABF, des pompiers et autres, le projet ne s’est pas vraiment arrangé du point de vue des cyclistes. Les principaux problèmes sont la cohabitation piétons-vélos lorsque la piste passe sur le terre-plein central (qui peut croire qu’une signalisation horizontale sera suffisante ?) ; le boulevard des Batignolles au niveau du métro Rome, sans parler des jardinières et autres bouches d’aération qui constituent autant d’obstacles. Néanmoins, la décision est prise de procéder à ces aménagements, quitte à renégocier en 2006 avec la mairie du 17e lorsqu’il s’agira de s’attaquer au réaménagement de la place Clichy pour lequel la concertation vient de commencer.
Bois de Vincennes

À court terme sont prévues une piste cyclable avenue Daumesnil de la place Félix-Éboué à la porte Dorée ; et une avenue Daumesnil le long du bois de Vincennes jusqu’à la place du château de Vincennes : piste sur trottoir en béton désactivé, la partie réservée aux piétons restant en terre « battue ». Où l’on retrouve la question de la cohabitation avec les piétons (et les poussettes). Le projet proposé est un compromis final après de nombreux refus des ABF (eux aussi, on les retrouve souvent…).
Le représentant de Vincennes à Vélo fait remarquer que les pistes du bois de Vincennes sont mal balisées ; le revêtement est hétérogène, et souvent impraticable ; les cartes actuelles présentant les aménagements cyclables sont erronées. Autres problèmes : les liaisons banlieue/bois ; les barrières anti-voitures qui deviennent des obstacles infranchissables pour les cyclistes ; les conflits piétons-voitures/cyclistes. Hervé Fagard propose trois itinéraires cyclables traversants à aménager.

Réponse des responsables : la signalétique est effectivement très mal faite, mais ils sont en train d’y travailler. Dans le bois de Vincennes, les pistes cyclables ne sont pas prévues pour circuler mais pour se balader et il n’est pas question de goudronner quoi que ce soit, car les vélos quand ils sont trop nombreux abîment le milieu naturel. Denis Baupin souhaite que la proposition d’Hervé Fagard soit étudiée et qu’un équilibre soit trouvé entre le respect de l’environnement et le cyclisme-déplacement.

Contresens expérimentaux

Rappel des faits : quand le contresens est demandé avec séparateur, les ABF refusent, sauf dans les arrondissements périphériques ; quand le contresens est demandé sans séparateur, la préfecture de Paris refuse. Après négociation, il a été accordé 6 contresens cyclables sans séparateurs à titre expérimental pour 6 mois : rue des Petites-Écuries (10e) ; rue du Faubourg-Saint-Denis (10e) ; rue Saint-Honoré (1er), entre la rue du Louvre et la rue de l’Arbre Sec (contresens reporté car problème de concertation, mais en service bientôt) ; rue Saint-André-des-Arts (6e) (contresens matérialisé mais illégal car le décret n’est pas paru) ; rue d’Alembert (14e) (1er semestre 2005) ; rue Sarrette (14e) (1er semestre 2005).

Tout le monde est d’accord pour qu’un effort soit fait sur la communication auprès des cyclistes, des riverains et des automobilistes, pour que les contresens puissent être généralisés.

Typologie des aménagements cyclables

Un document nous a été remis, à étudier pour donner notre avis. Il apparaît nécessaire dans le décompte de distinguer les aménagements réalisés des aménagements refaits et/ou améliorés. Denis Baupin conclut en disant que ce qui est important, c’est le nombre de cyclistes dans Paris.

Les tourne-à-droite

Une expérimentation est lancée sur 6 mois sur le carrefour Réaumur/Sébastopol. Le projet et les différentes phases sont présentés dans un document disponible au local. Les associations et donc les adhérents de MDB sont invités à aller sur place, regarder comment ça se passe et donner leur avis et suggestions.

Contestation et manif

Deux initiatives mal venues ont suscité le mécontentement des associations qui y ont répondu par voie de presse ou par courrier aux autorités responsables. Tout d’abord la proposition de George Sarre, maire du 11e, d’autoriser de manière expérimentale les couloirs de bus aux deux-roues motorisés (voir revue de presse). Ensuite, la surprise du mois : sans concertation, sans que personne ne soit prévenu, on découvre par hasard et par voie d’affichage le projet d’une piste cyclable boulevard Bourdon. Cette piste est prévue de longue date, diront ceux qui suivent les dossiers de près. Et comme le dit l’affiche annonçant les travaux, il s’agit de « favoriser d’autres moyens de déplacement que sont le bus, le vélo et la marche à pied grâce à une répartition plus équitable de l’espace public de voirie entre tous les modes ». Et donc, dans une logique imperturbable, la piste sera réalisée… sur le trottoir, par un simple marquage au sol, maintenant trois files de circulation pour les voitures sur la chaussée !

La manif mensuelle organisée par Vélorution le 5 février avait pour but entre autre de mettre l’accent sur ces deux points. Elle s’est donc rendue sur les lieux, et en particulier dans le 11e arrondissement où les cyclistes sont pratiquement interdits de séjour jusque sur leurs propres pistes (bd Richard-Lenoir) mais aussi sur le parvis de la mairie où il n’est pas permis de garer les vélos ! À noter que le début de cette manifestation a été marqué par un incident, un automobiliste irascible ayant heurté un manifestant et l’ayant traîné sur son capot pendant plusieurs dizaines de mètres avant d’être contraint de s’arrêter.

Les rapports avec le nouveau préfet de police

Après la nomination du nouveau préfet de police, M. Pierre Mütz, les associations lui ont écrit pour lui demander une entrevue. Deux lettres ont été écrites, l’une par l’ensemble des associations regroupées dans le collectif « J’en ai pour deux minutes », et axée sur les problèmes de partage de la voirie et de répression ; l’autre, à l’initiative de MDB pour évoquer les problèmes spécifiques aux cyclistes (contresens cyclables, sécurité, vol des vélos). La réponse à la première lettre a été plus rapide que de la part du précédent préfet qui n’a jamais donné suite à nos demandes répétées pendant deux ans. Mais pas question de rencontrer M. le préfet en personne. Après débat il a été décidé par l’ensemble des associations d’accepter quand même cette entrevue. Pas de réponse pour le moment à la lettre des associations cyclistes.

Le 10 février les représentants d’une dizaine d’associations ont donc été reçus par M. Algré, sous-directeur chargé du commerce et des transports et par son adjointe Mme Lapoix. Ils ont exprimé leur souhait d’être reçus par le préfet de police lui-même, ce qui sera le cas pour Vélorution dans quelque temps au sujet de leur manifestation mensuelle (c’est un début…). M. Algré s’est déclaré favorable à un « dialogue constructif », insistant sur le fait que la répression des incivilités n’est possible que si elle est soutenue par une pression sociale forte. Chiffres à l’appui, il affirme que la sévérité à l’égard du stationnement sauvage s’est accrue en 2004 (220 000 enlèvements contre 175 000 en 2003).

Des points plus précis sont ensuite abordés avec Mme Lapoix, dont un certain nombre concernent les vélos. Les contresens cyclables : la préfecture n’a pas le souvenir de s’y être opposée ! Pour preuve, les six contresens expérimentaux récemment autorisés. Dans les quartiers verts, la question est du ressort de la mairie. Ce n’est pas le seul point sur lequel a été pratiqué l’art du renvoi de balle, aussi les associations ont-elles approuvé la proposition d’une rencontre tripartite Mairie/Préfecture/associations pour mettre les choses au clair.

Couloirs de bus : la PP conteste que la circulation des 2 roues motorisés y soit « tolérée » et promet de fournir des chiffres. Pour les autres usagers, en particulier les véhicules transportant des handicapés, la législation est à revoir. Pour la piste du boulevard Bourdon (voir ci-dessus), les souvenirs de Mme Lapoix sont flous, alors que selon la Ville c’est la préfecture qui s’est opposée à l’implantation sur la chaussée.
Enfin les associations ont insisté sur deux points : les aménagements cyclables ne sont en aucun cas obligatoires (et donc la préfecture fait circuler une information fausse dans ses dépliants) ; et dans les zones piétonnes il est nécessaire de remplacer les panneaux « interdit à tout véhicule » par d’autres autorisant la circulation des cyclistes à faible vitesse.

La vie de l’association

En ce début d’année l’occupation ne manque pas à MDB avec la préparation des grands événements à venir : assemblée générale, bourse aux vélos et Vélorallye. Pour la bourse aux vélos du 16 avril, l’organisation ne pose guère de problèmes ; la collaboration avec la mairie du 14e, s’appuyant sur l’expérience de l’année dernière, se passe bien et l’équipe « bourse » est maintenant suffisamment rodée. Mais on aura besoin de bras pour le jour J. En ce qui concerne le Vélorallye, reportez-vous à l’article sur le sujet dans ce numéro. L’assemblée générale sera une occasion – entre autres – de proposer vos services.

Pour nous aider dans les déplacements nécessités par toutes ces activités et pour transporter du matériel lors des manifestations ou tenues de stands divers, l’association est en train de faire l’acquisition d’un superbe triporteur destiné à remplacer l’ancienne remorque.

Du côté des festivités, une réunion fort sympathique s’est tenue le 12 février autour de crêpes et de pâtisseries maison pour assister à une projection de photos de balades d’un ou plusieurs jours dans divers coins de France. Bons souvenirs pour les uns, invitation au voyage pour les autres, et en prime comparaison de différents systèmes proposés par la SNCF pour entreposer les vélos dans les trains où elle daigne les accueillir.

La vie des antennes locales

Une information déjà ancienne mais reportée faute de place dans le précédent numéro : dans le Val-d’Oise une réunion s’est tenue à la mairie de Louvres pour avaliser le contrat de pôle. Commentaires du représentant de MDB, André DELANGLE : « On parle d’améliorer les circulations douces mais on ne traite guère plus de 100 mètres autour de la gare et pour le reste on évoque des projets de pistes cyclables intercommunales pour lesquelles on ne nous fixe pas d’échéance. Actuellement le pourcentage d’usagers utilisant le vélo est voisin de 0%, en raison principalement d’absence de pistes ou bandes spécifiques et de difficulté de circuler en vélo sur des rues surchargées d’automobiles aux heures de pointe. Il nous semble que le projet présenté ne permettra guère d’améliorer ce pourcentage.

La création future d’un axe de circulation menant de la Francilienne à l’avenue de la Gare amènera forcément, contrairement à ce qu’on nous affirme, une augmentation de la fréquentation des voitures sur ces voies. D’autre part il n’a pas été précisé ce qui remplacera la voie actuelle. L’accès direct à la gare sera-t-il possible ? Ou bien piétons, cyclistes, handicapés qui arrivent par le pont SNCF, devront-ils faire le tour par la nouvelle rue ?

En positif : déplacement du parking à voitures et mise à disposition de places gardées pour les vélos. Place de la gare : suppression du passage des bus dangereux et mise en place de dépose minute plus création de places pour les vélos.

En négatif : Ce contrat ne nous semble pas correspondre au projet ambitieux présenté à la première réunion et ne dit pas comment il permet d’améliorer la circulation et la sécurité des handicapés, piétons, poussettes, cyclistes au-delà des 100 mètres pris en compte par cette étude. On ne parle plus des liaisons interquartiers. »

L’avenir du T2

MDB s’était associé à Vélo XVetVII pour demander à la commission d’enquête concernant le prolongement du T2 (le tramway qui relie Issy-les-Moulineaux à la Défense) jusqu’à la porte de Versailles de donner un avis défavorable au projet proposé, en raison de propositions aberrantes pour le cheminement cyclable (voir Roue libre 81). Pour de tout autres raisons (en particulier les arguments des partisans du tracé sur la petite ceinture), la commission a donné un avis défavorable. Mais rappelons que les décideurs peuvent passer outre les avis de cette commission qui n’a pas de pouvoir de décision.

Françoise Clausse

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