Flambée des prix du pétrole : quelles solutions ?

Le prix de l’essence flambe et en tant qu’association cycliste, le plus simple serait de ne pas en parler.

De ne pas en parler, d’abord pour éviter de nous faire immédiatement traiter de bobos, de Parisiens, de CSP+ coupés des réalités que vivent les Français et d’autres insultes. De ne pas en parler, aussi pour ne pas avoir l’air de nous réjouir en creux d’une actualité, qui pour ceux (minoritaires) qui dans la communauté cycliste ont totalement abandonné l’usage d’une voiture ne les concerne pas.
Pour autant, ne pas en parler, c’est ne pas mettre le doigt sur ce système voiture basé sur une essence relativement bon marché dont dépend la vie d’une très grande majorité de Français et structure l’organisation du territoire.

C’est ce système voiture-essence bon marché qui permet aux ménages d’habiter à 25 kilomètres de leur travail, de faire 20 kilomètres pour aller faire leurs courses dans un hypermarché, ou bien encore 15 kilomètres pour emmener leurs enfants à une activité.

Ce système voiture est encouragé par les choix de politiques publiques qui favorisent l’étalement urbain appuyé par des infrastructures routières rapides (contournement routiers, autoroutes) pour allonger les distances parcourues sans allonger les temps de trajets. Les pouvoirs publics enferment ainsi encore un peu plus les ménages dans des choix de vie qui rendent la voiture obligatoire et son utilisation, intensive. C’est ce que l’augmentation du prix de l’essence vient brutalement nous rappeler : en France, aucune inflexion n’a été donnée au système voiture-essence bon marché (malgré les chocs pétroliers, les gilets jaunes…). Or, ce modèle est aujourd’hui à bout de souffle.

À bout de souffle car sensible au moindre soubresaut économique ou géopolitique et intenable sur le plan environnemental et climatique. Cette tension, c’est celle que vivent aujourd’hui la grande majorité des Français qui dépendent du système voiture. L’enjeu est donc de faire en sorte de sortir de la dépendance toutes celles et ceux qui aujourd’hui sont enfermés dans le système voiture. Cela implique à la fois une action collective et une réflexion individuelle sur nos choix de vie.

Action collective, pour créer des territoires qui ne soient pas dépendants de la voiture/essence bon marché. Réflexion individuelle, pour changer notre approche de la mobilité. Cela veut dire développer la possibilité de faire du vélo, ce qui est aujourd’hui tout simplement impossible, même pour des courtes distances, dès qu’on sort des zones urbaines du fait de la dangerosité des routes et de l’absence de pistes cyclables. C’est aussi développer l’offre de transports collectifs et l’intermodalité, y compris avec du covoiturage ou des véhicules partagées pour les territoires moins denses. C’est, enfin, réguler l’urbanisation en refusant la création de nouveaux centres commerciaux en périphéries et l’étalement résidentiel périurbain non maîtrisé et surtout arrêter le développement du réseau routier qui appuie cet étalement.

Cette action collective ne peut fonctionner sans une réflexion individuelle sur notre mobilité. Il n’est pas possible du jour au lendemain de bouleverser nos habitudes mais ce questionnement est indispensable. Comment relocaliser nos vies ? Comment moins prendre sa voiture ? Certaines mobilités alternatives sont-elles possibles pour moi dès maintenant ? Ces questions nous devons tous nous les poser si nous voulons sortir du système voiture.

Évidemment, il est plus facile de se poser ces questions quand on a le choix que sous la contrainte économique d’une flambée des prix de l’essence. Pour autant, les crises, on l’a vu avec le COVID, sont aussi des moments qui provoquent le changement. La crise peut donc avoir du bon si elle nous amène à questionner ce qui nous semblait la norme. Si elle nous amène notamment à mieux prendre en compte le coût de l’énergie (financier et environnemental) quand nous décidons où habiter.

Jusqu’à quelle distance est-il raisonnable d’habiter de son travail ? Quels sont les coûts associés ? Quels sont les alternatives possibles à la voiture (transports en commun, vélo) ? Autant de questions que chacun devrait se poser pour éviter des choix qui enferment encore plus dans un système voiture qui ne peut être durable sur le plan climatique mais aussi économique.

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