Des personnes désireuses de faire avancer le vélo dans le quotidien des Francilien·ne·s se sont données rendez-vous à l’Académie du Climat pour visionner « Together we Cycle » et échanger avec Stein van Oosteren
Mercredi 18 mai 2022, nous organisions, à l’Académie du Climat, une projection du captivant documentaire « Together we Cycle », du réalisateur néerlandais Gertjan Hulster. Plus d’une cinquantaine de personnes ont pris place dans la magnifique salle des mariages de l’ancienne Mairie du 4e arrondissement de Paris. C’est dans ce décor atypique que s’est poursuivi un échange passionnant avec Stein van Oosteren, porte-parole du Collectif vélo Île-de-France.
L’émergence d’une véritable culture vélo aux Pays-Bas
« Les Néerlandais·es ont toujours pratiqué le vélo ». Nous aurions pourtant bien tort de penser cela ! Longtemps, le vélo n’était pas plus vu là-bas qu’ici comme une priorité, mais comme un mode de transport qui avait fait son temps. Le gouvernement néerlandais avait une vision de l’avenir portée sur l’automobile et les grands axes routiers, parfois même en plein cœur des villes. Le changement a été difficile, environ… 20 ans pour que ce moyen de déplacement s’installe durablement dans le quotidien des néerlandais. C’est le travail d’un long combat qui dure encore aujourd’hui, passé par des crises sociales majeurs, des expérimentations qui ont fait bouger les lignes et qui place, aujourd’hui, le vélo au cœur des déplacements aux Pays-Bas. Un changement que retrace très bien le documentaire « Together we Cycle ».
Basculer vers un phénomène culturel en France
À l’issue de la projection, Stein van Oosteren a invité les spectateurs·rices à partager leurs ressentis sur le documentaire, sur leur quotidien en tant que Francilien·ne·s et sur leurs expériences « vélo ». Un échange constructif s’est établi, avec des questions portant sur l’apprentissage du partage de la route entre piétons, automobilistes et cyclistes, ou encore sur les enjeux de demain pour une meilleure et plus large pratique du vélo en France. Nous avons assurément pris du retard sur la place du vélo dans nos territoires et politiques et raté le virage pris par les Pays-Bas, en raison, entre autres, d’une industrie automobile très présente dans notre pays qui a grignoté la place du vélo dans notre quotidien, puis empêché son retour massif. Cette évolution que nous appelons de nos voeux passera par une prise de conscience, un changement culturel de la part des Français·es, dont les crises économiques et environnementales que nous connaissons actuellement pourraient bien en être des déclencheurs.
L’échange s’est conclu par un discours de remerciements du président de Mieux se Déplacer à Bicyclette, Alexis Frémeaux. La discussion a cependant continué bien au-delà entre les personnes présentes dans la salle, toutes très concernées par l’avenir du vélo en France. À n’en pas douter, elle sera aussi prolongée lors de la Convergence du 5 juin prochain et sur les réseaux sociaux, où elle est presque continue !
Extraits de l’échange entre le public et Stein van Oosteren :
En Île-de-France, il existe un développement des pistes cyclables, voire des coronapistes qui visent à palier le problème des discontinuités cyclables. Cependant, certaines deviennent obsolètes car elles ne sont plus entretenues. Nous demandons, avec MDB au sein du Collectif vélo Île-de-France, qu’elles soient entretenues et idéalement, pérennisées !
Le vélo électrique est efficace en cas de longue distance, on s’aperçoit très vite que la distance n’est plus un frein à la pratique du vélo.
Pour sécuriser son vélo, on peut le mettre à la cave, le placer dans un box sécurisé, au niveau de son logement, des rues (voir avec la mairie), de son travail (voir avec l’entreprise). On peut également nouer des partenariats pour acquérir des vélos moins chers et moins attractifs pour les voleurs. Les esprits cyniques disent parfois que le meilleur antivol, c’est un vélo mal sécurisé et un vélo plus attrayant garé à côté du sien.
Une étude prouve que, quand on voit une personne sans casque, on fait plus attention à elle. De plus, aux Pays-Bas, il existe une culture vélo plus importante qu’ailleurs, les bons gestes sont appris dès l’enfance à l’école avec des examens, ainsi les conducteurs de voiture comprennent la mobilité à vélo et cela diminue les risques d’incidents (comportements, accidents…).
Bien sûr, les personnes âgées pratiquent le vélo, en bon nombre d’ailleurs, seulement elles préfèrent éviter les heures de pointe en raison de la fréquentation des pistes. De manière générale, la pratique du vélo est bon pour la santé et ce, peu importe l’âge.
En France, en revanche, le vélo pour les personnes à mobilité réduite est peu développée, en témoigne l’offre de Véligo où il n’y a pas de tricycle à leur disposition.
C’est un autre problème dans le développement du vélo en Île-de-France : l’étroitesse des pistes, due à une demande devenue trop importante par rapport à l’espace public que sont prêts à leur octroyer les aménageurs. Ainsi, il manque cette convivialité que l’on recherche dans la pratique du vélo car il est impossible de parler l’un derrière l’autre.
Se déplacer à bicyclette favorise l’adaptabilité de son corps à son environnement, à ses températures. Les cyclistes ont rarement froid, car l’activité physique les réchauffe. La pluie freine sans doute la mise en selle, mais une fois qu’on a goûté aux avantages du vélo, elle n’est sûrement pas bloquante : on constate, chaque hiver, une augmentation de la fréquentation des pistes cyclables à Paris par rapport aux hivers précédents.
La Convergence en est une, les vélorutions mensuelles aussi. Cependant, l’industrie automobile française est beaucoup plus développée qu’aux Pays-Bas et ne favorise pas l’essor du vélo. La mortalité routière a trop longtemps été acceptée comme une réalité avec laquelle il fallait s’accommoder.