Angles morts : l’autocollant qui ne changera rien

Vélo peint en blanc devant l'Assemblée nationale, en hommage à Armelle Cizeron, collaboratrice parlementaire décédée à vélo à cet endroit, fauchée par un camion

Ce 6 janvier 2021 a été publié au Journal Officiel le décret d’application d’une mesure du Code de la route qui touche particulièrement les cyclistes : l’obligation pour les poids lourds de disposer d’une signalisation matérialisant les angles morts.

Elle est l’aboutissement de la réflexion née d’un drame : le 20 avril 2018, Armelle Cizeron, 30 ans et assistante parlementaire de la députée Jeanine Dubié, est fauchée à vélo devant l’Assemblée nationale par un camion, au croisement du Pont de la Concorde et du Quai d’Orsay. L’événement impactant directement les députés, des mesures ont été proposées afin d’améliorer la sécurité des cyclistes, notamment en ville. La Loi d’Orientation des Mobilités était encore en chantier, et deux amendements avaient été déposés sur le sujet.

Le premier donnait la possibilité aux maires de restreindre la circulation en ville des poids-lourds dépourvus de dispositif de détection des usagers vulnérables, mesure expérimentée à Londres.

Le second visait donc à matérialiser par des autocollants les angles-morts sur les poids-lourds pour les rendre visibles par les usagers vulnérables.

Nous ne pouvons que regretter que seul le second ait été adopté, après le retrait du premier. Tout en espérant qu’il soit utile en prévenant des cyclistes qui s’apprêteraient à doubler par la droite un poids lourd et évite ainsi des accidents, nous savons d’expérience que ce sont parfois les poids lourds qui viennent doubler ou coller les vélos arrêtés au feu. La sécurisation des carrefours par la continuité des aménagements cyclables séparés nous apparaît donc comme une priorité pour sécuriser efficacement les déplacements à vélo en ville. Plus rapide à mettre en oeuvre, peu coûteux et très efficace serait la mise en place de restrictions de circulation importantes pour les poids lourds. Les itinéraires des bus étant connus, on pourrait alors facilement prioriser les réaménagements des intersections concernées.

En 2020, la crise sanitaire a permis l’installation de pistes cyclables provisoires très nombreuses dans la capitale. Le Pont de la Concorde a ainsi vu ses deux bandes cyclables considérablement élargies et, surtout, sécurisées par des barrières en béton. Nous demandons la pérennisation de cet aménagement qui permet désormais aux cyclistes tournant à droite en sortie du pont de ne pas être mis, même brièvement, dans le flot de circulation motorisé. Le revêtement est très abîmé et mériterait d’être considéré lors de la pérennisation espérée de l’aménagement : le dos souffre moins en roulant sur le marquage effacée de l’ex-bande, qui est peut-être aussi plus glissant en temps de pluie.

Tant que les abords de l’Assemblée nationale ne seront pas durablement sécurisés pour les cyclistes, le vélo blanc attaché à l’endroit du drame restera bien visible de tous les usagers du carrefour… Comme un mémo pour nos député·e·s : vous avez le pouvoir de sauver des vies !

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