La Coulée verte du 92 constitue une véritable aubaine pour les déplacements à vélo : elle offre une continuité exceptionnelle entre Paris, les Hauts-de-Seine et l’Essonne. Chaque matin et chaque soir, ce sont des centaines de vélotaffeurs qui l’empruntent pour rejoindre leur lieu de travail. Cet axe ombragé, éloigné des flux motorisés, est un privilège rare en Île-de-France.
Toutefois, avec les beaux jours, de nombreux autres usagers fréquentent la Coulée verte. Force est de constater que certains comportements créent des tensions. Dépassements à vive allure, sonnette actionnée pour « faire place nette », trajectoires abruptes… tout cela inquiète les promeneurs.
On ne peut ignorer le manque d’alternatives sécurisées. La D63, axe pourtant logique, reste peu aménagée pour les cycles. Certes, les intersections et feux qui réduisent la vitesse des motorisés permettent de la parcourir sans trop de difficultés aux heures de pointe, mais elles ne constituent pas une véritable solution pour tous.
L’avenir devait s’appeler VIF : la ligne 8 du réseau cyclable régional, conçue pour offrir une alternative à la coulée verte, doit justement passer par la D63. Malheureusement, seuls 56 % de cet itinéraire sont réalisés à ce jour. L’achèvement des travaux avant fin 2025 paraît incertain. Pire : certains tronçons sont encore à l’étude.
Ajoutons à cela l’obstruction de quelques élus locaux qui préfèrent conserver des places de stationnement automobiles plutôt que de faciliter la création d’aménagements cyclables sécurisés conformes aux standards du VIF. À Fontenay-aux-Roses, par exemple, l’aménagement ne concernerait qu’un seul sens de circulation sur certains tronçons.
Cette obstination est regrettable. Elle pèse sur la sécurité de tous, piétons comme cyclistes.
Pour le moment, il revient aux usagers de la Coulée verte de s’adapter… La coulée verte n’est pas une véloroute, c’est une voie verte. Cela signifie que les piétons et vélos y ont tout autant leur place. C’est un espace de détente, de balade, de convivialité. Les cyclistes y sont les bienvenus, mais ils n’en sont pas les maîtres des lieux. Les promeneurs ont pleinement le droit d’être là. La présence de piétons, de familles, d’enfants, de personnes âgées ou de joggeurs fait partie de la vie de la coulée verte.
Voici quelques principes simples à adopter :
- Se souvenir que c’est un lieu de promenade, pas une piste de course.
- Respecter les piétons et veiller à ne pas les inquiéter, en particulier lors des croisements ou lors des dépassements.
- Maintenir une distance d’au moins un mètre en dépassant un piéton ou un autre vélo.
- Ne pas dépasser sans visibilité. Par exemple dans les courbes bordées de buissons…
- Signaler clairement les changements de direction, qu’il s’agisse de contourner un piéton, une racine ou une flaque.
- Avertir la personne que l’on veut dépasser si elle risque d’être surprise (à la voix, si possible, avec un “Bonjour”, pas à la sonnette perçue comme agressive).
- S’assurer qu’aucun autre cycliste ne tente de vous dépasser au même moment.
- Maintenir une vitesse modérée, adaptée à la fréquentation du lieu.
- Garder l’index et le majeur sur les freins pour être prêt à les actionner
- Ralentir à l’approche :
- des groupes de piétons ;
- des aires de jeux pour enfants (visibilité souvent réduite) ;
- des courbes en descente bordées de haies ou de buissons.
- En cas d’affluence (notamment le week-end par beau temps), et si vous êtes pressé, envisagez un itinéraire alternatif.
Ces bonnes pratiques sont la condition de l’harmonie sur cet espace partagé.
Et pour que des alternatives efficientes et agréables à cet itinéraire soient aménagées :
- Répondez avant le 2 juin au Baromètre vélo 2025 pour les communes dans lesquelles vous circulez
- Rejoignez une association locale d’usagers du vélo
- Écrivez aux maires des communes concernées par le VIF pour demander que les aménagements soient réalisés aux normes attendues et rapidement.
En attendant des infrastructures dignes de ce nom, adoptons une conduite respectueuse sur la coulée verte.
Ce n’est pas bien compliqué de pédaler avec sérénité… et montrer que les cyclistes sont, plus que jamais, acteurs d’une mobilité apaisée.