Le jalonnement parisien

Le jalonnement parisien.
L’améliorer ou le refondre ?

La Ville de Paris lance une grande enquête sur le jalonnement actuel des itinéraires cyclables dans Paris.

Vous ne l’avez peut être jamais remarqué mais il existe depuis 6 ou 7 ans un jalonnement coloré indiquant des itinéraires pour les cyclistes numérotés de 1 à 11. Ces itinéraires sont ceux que l’on retrouve indiqués au verso de la carte parisienne des aménagements cyclables (le bon plan)

Cette grande enquête, nous nous y associons et vous invitons à y répondre… Toutefois elle présage sans doute d’une volonté de la Ville de supprimer le système actuel; aussi il nous a paru intéressant de vous en rappeler la logique et les limites. En effet MDB s’est beaucoup impliquée à l’époque de la création de ces itinéraires. Une collaboration exemplaire qui s’est terminée en eau de boudin…

La genèse du système de signalisation directionnelle parisien pour les vélos.

Il existe un système national de signalisation routière qui se décline dans chaque département et dans les agglomérations.
Ce système est un système « gravitaire » qui établit une liste des pôles à signaler (en fonction de l’intérêt du pôle : en général, le nombre d’habitants) puis dresse une carte des liaisons entre ces pôles par les chemins les plus courts en temps. Ce réseau se traduit ensuite sur le terrain par la signalisation directionnelle (panneaux indicateurs) qui est mise en place selon certaines règles dont les deux principales sont :
• limitation du nombre de mentions sur un support
• continuité des mentions rencontrées.

Ce système est décliné à Paris en mettant en place des pôles connus comme : République, Bastille, Châtelet ou Boulevard périphérique, porte de…

La signalisation pour les cyclistes et les piétons pourrait se baser sur les mêmes principes mais elle courrait alors un double risque : celui de doubler inutilement la signalisation destinée aux voitures, et celui de « passer à côté » d’itinéraires plus rapides, plus plats, plus adaptés aux vélos.

La complexité de la signalisation urbaine qui est noyée dans un paysage urbain extraordinairement complexe ainsi que la multiplicité des pôles « signalables » ont plaidé pour que soit imaginé un autre système.

Il est remarquable que la signalisation cycliste est le plus souvent défaillante dans la majorité des grandes villes, y compris Amsterdam ou Copenhague, la continuité n’y est pas assurée ou du moins pas suffisamment (difficile de suivre des panneaux clairsemés lorsqu’il y a tant de choses à regarder à vélo : environnement, autres véhicules, paysage urbain, piétons)

Le système parisien

Le principe retenu est de décliner des itinéraires qui quadrillent la ville comme un plan de métro. Ces itinéraires principaux, identifiés par un numéro, une couleur et théoriquement par le couple « origine et destination de bout de ligne », servent de repères pour gagner un quartier parisien. Passant à proximité de points d’intérêt (musées, monuments, mairies.…) de chacun des quartiers il est complété par des «rabattements» depuis ou vers ces points d’intérêt : vers itinéraire 6, vers mairie du 19ème, etc.

MDB a mis sa connaissance de la ville et de la pratique à vélo pour définir les itinéraires en question : parfois les plus évidents même si pas forcément les plus agréables (itinéraires Nord Sud), parfois les plus plats (itinéraire 9, qui suit la vallée de la Bièvre), ou les moins « chargés en trafic auto » ou les mieux aménagés (fermiers généraux : 4 et 5). Le résultat, discutable, est un compromis entre nos désirs et la volonté de la Ville de mettre en valeur quelques itinéraires récemment aménagés…

L’idée était de permettre aux non Parisiens ou aux Parisiens qui ne connaissent pas bien un secteur de se retrouver sur des axes bien identifiés pour se rapprocher de leur destination.

Ainsi on pourrait dire à quelqu’un arrivant gare du Nord avec son vélo et à qui on fixe rendez vous à la mairie du 14ème : tu suis l’axe 3 (Magenta) puis, à la place de la République l’axe 7. Arrivé au bout du cimetière de Montparnasse, tu quittes l’itinéraire 7 et suis la direction mairie du 14ème…

La mise en œuvre ou comment trahir un principe et faire capoter un projet.

Comme souvent, la Ville a mis la charrue avant les bœufs. La carte a été publiée et diffusée alors même que les premiers itinéraires étaient à peine commencés sur le terrain.
Impossible donc de tester les itinéraires au moment du lancement.

Par ailleurs, la mobilisation inégale des équipes de techniciens parisiens a conduit rapidement à des ruptures d’itinéraires au droit des limites administratives entre deux subdivisions.
Enfin et surtout, malgré nos nombreuses remarques l’installation des panneaux s’est faite « à l’économie ». La continuité, qui impose qu’à chaque intersection on trouve, aux endroits les plus appropriés une signalisation visible puis des confirmations après chacun des points de choix a été complètement négligée et n’a pas fait l’objet d’un contrôle de qualité pourtant indispensable lorsqu’on met en place un tel système. Disposés parcimonieusement, sans confirmation, sans multiplication des panonceaux simplifiés (une simple flèche avec le n° de l’itinéraire), non entretenu ni renouvelé après dégradation ou vandalisme, le jalonnement s’est vite révélé impossible à suivre.

L’absence des mentions d’extrémité de l’itinéraire (comme sur les lignes de métro : Balard Créteil) que nous réclamions n’a pas rendu facile l’identification des itinéraires sur le terrain ni du sens à emprunter.
Enfin les itinéraires sont restés identiques alors que des modifications de la voirie ne permettaient plus de suivre les itinéraires prévus.
L’itinéraire 1 (boucle centrale de couleur rose) par exemple, l’un des plus complets passe toujours rue Charlot (3eme) alors que le sens unique de celle-ci a été inversé et qu’il n’y a plus de double-sens cyclable…

Que dire aujourd’hui ?

Il est bien difficile dans les conditions où il a été réalisé de soutenir le système actuel. Il faut néanmoins réfléchir à ce qui le remplacerait.

Que mettra-t-on à la place :
• Les itinéraires genre Paris-Londres ou Paris-Mont Saint Michel entre le parvis de Notre-Dame et le périphérique, chacun avec sa signalétique propre ?
• un jalonnement à partir des points emblématiques faciles à repérer (gares Montparnasse ou de l’Est). Ces points seraient bien identifiés sur les cartes et sur des relais informations services (cyclistes) situés aux entrées dans la ville (porte de Vanves, La Villette)
• Une signalisation de proximité indiquant uniquement les itinéraires malins (doubles-sens cyclables, aires piétonnes, voies vertes…) qui serait disposée sous les panneaux de signalisation pour les voitures ?

En tout cas, pas sûr qu’on y gagne vraiment surtout si ni MDB ni les cyclistes ne sont associés sérieusement à la définition du nouveau système.

Lien vers le formulaire en ligne : https://docs.google.com/forms/d/1M5FFD1OlA8rr6t_4lDVeTjMRg0cJh8Sp3Fn3TT-ffY4/viewform?usp=send_form

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