1 mai 2018
« Les politiques ne comprennent pas qu’un axe routier doit être aussi un axe cyclable ». C’est ce constat qui avait motivé 18 associations vélo franciliennes à se mobiliser, le 1er mai 2018, au café Le Colibri à Fontenay-aux-Roses. L’appel était lancé par FARàVélo, l’initiatrice de cette « Rencontre Vélo Banlieue Sud ».
La RD920
La goutte qui a fait déborder le vase : le projet du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine pour la RD920. L’aménagement prévoit de poursuivre une piste cyclable à Antony que le Conseil Départemental considère comme « une réussite ». Pour les associations en revanche, cette piste accumule à peu près tous les défauts possibles : étroite, sinueuse, discontinue et non protégée. Ceux qui utilisent le vélo comme moyen de déplacement préfèrent rouler sur la route, tellement cet « axe vélo » majeur est impraticable.
Les axes structurants pour le vélo existent
Pourquoi les villes d’Amsterdam, Berlin et Londres parviennent à désengorger leurs axes majeurs moyennant des « pistes cyclables express » et pas la banlieue de Paris? A Londres il y a même plus de cyclistes que d’automobilistes aux heures de pointe. De quoi décongestionner la ville : une piste cyclable transporte sept fois plus de personnes qu’une voie motorisée.
Pour éviter que les bus et les cyclistes ne soient définitivement oubliés dans le projet, le collectif a formulé des propositions concrètes qu’elle entend présenter au Conseil Départemental. Elle entend également motiver les riverains et associations locales – les premiers concernés par le bruit et la pollution importants – à s’exprimer auprès du Conseil Départemental (mobilites.c92@hauts-de-seine.fr).
Pour beaucoup d’associations, la Rencontre Vélo Banlieue Sud était la toute première fois qu’elles faisaient connaissance avec leurs homologues des villes pourtant voisines.
Saclay
Ce qui inquiète les associations est le Plateau de Saclay, une zone en plein aménagement où le vélo semble complètement oublié. « 60% des employés viennent en voiture, et pourtant plus de 50% habitent à moins de 3 km, donc 12 minutes à vélo », fait observer Antoine Thill de Venir à Vélo à Saclay. La réunion a permis à plusieurs acteurs associatifs sur le secteur de se rencontrer, et de rechercher une approche commune vis-à-vis des autorités compétentes.
Préjugés
Les ennemis du vélo, ce sont les préjugés. Certains chefs d’entreprise refusent de faciliter les déplacements de leurs employés à vélo car considérés comme trop dangereux. Pourtant les statistiques montrent qu’il est plus dangereux de ne pas faire du vélo que d’en faire : la sédentarité et la pollution tuent des milliers de Franciliens chaque année. « Un patron soucieux de la productivité son entreprise investit dans le vélo » a rappelé un participant, car le cycliste arrive toujours à l’heure, est plus productif et surtout 15% moins souvent en congé maladie. Il faut ouvrir les yeux de la société à cette source de bien-être physique et économique.
Grille de la cyclabilité
Il faut aussi mieux informer les maires de la situation du vélo dans leur ville par rapport à d’autres villes. Stein van Oosteren (FARàVélo) a donné l’exemple du Maire de Fontenay-aux-Roses, M. Laurent Vastel, qui hésite à mettre en place les « tourne à droite » et à généraliser les double-sens cyclables. Pourtant ces mesures ont été testées avec succès à Bagneux, Clamart, Antony et à Sceaux, valant à cette dernière même le prix de la Première Ville Cyclable de France dans sa catégorie. Le collectif a décidé de mettre en place une « grille de la cyclabilité » des villes pour apporter une vision d’ensemble de la situation du vélo dans leur banlieue.
Ruptures urbaines
Un autre défi sont les ruptures urbaines, par exemple les gros carrefours comme la Porte d’Orléans, où le cycliste est mélangé au trafic motorisé. Les solutions pour éviter ce mélange accidentogène existent, comme cette vidéo qui montre les intersections « à la hollandaise ». Pour avoir une vision claire du problème, la première étape consistera à faire appel aux associations vélo pour identifier les ruptures urbaines et de les cartographier sur une plate-forme en ligne. Un prototype est actuellement testé par l’association MDB.
La rencontre et les actions concertées ont fait prendre conscience aux associations qu’il est plus que jamais nécessaire d’agir ensemble. Le message est clair: « Les usagers piétons et cyclistes sont en droit d’attendre que les 63M€ engagés pour cet aménagement soient à la hauteur des enjeux des 30 prochaines années ».



