n°133 (mai-juin 2013)

La ville à 30

La presse nationale s’est emparée de la revendication de « certaines associations » en faveur d’une limitation de la vitesse à 30 km/h en agglomération, par défaut. Seules des voies dûment signalées pourraient accepter une vitesse supérieure.

Télévision, radio et presse écrite relaient à l’envi les arguments : vitesse moins élevée mais plus régulière, perte de temps négligeable pour les véhicules motorisés, distance de freinage raccourcie, moins d’accidents, des accidents beaucoup moins souvent graves pour les usagers sans carrosserie (piétons et cyclistes en particulier, mais deux-roues motorisés aussi), moins de bruit, etc.

En tant que cyclistes, une telle limitation ne nous serait que profitable : d’une part beaucoup d’entre nous ne dépassent que rarement le 30 km/h en ville et d’autre part une circulation apaisée nous est plus agréable et plus sûre. MDB a donc pris le parti de promouvoir la pétition proposée sur http://fr.30kmh.eu.

Cependant nous craignons que des villes pensent s’en tenir quittes avec cette règlementation et n’avoir rien d’autre à faire. Or ce simple changement de règlementation ne serait pas du tout suffisant pour les cyclistes.

Disons-le haut et fort : les villes ne devront surtout pas se contenter de cela pour favoriser l’usage du vélo. Explications.

Tout d’abord, un simple panneau sous-entendant une vitesse limitée a bien peu de chances de ralentir les voitures en l’absence d’aménagements des voiries qui soient cohérents avec cet objectif de vitesse. Il faudra donc repenser la conception de la plupart des voies existantes.

Notons toutefois qu’avec le principe d’une vitesse maximale à 30 km/h, les urbanistes auront moins de contraintes de sécurité à respecter et donc plus de liberté pour imaginer et dessiner des voies neuves.

Ensuite et plus particulièrement en ce qui nous concerne, il conviendra de poursuivre et d’amplifier les aménagements cyclables :

 généralisation du double sens cyclable dans toutes les voies en ville, c’est-à-dire faire en sorte qu’il n’y ait pas de sens interdits aux vélos ; multiplication des voies réservées (bandes ou pistes) quand cela est utile, par exemple pour s’extraire d’un trafic trop dense ou pour shunter de gros carrefours ou d’autres coupures urbaines, ou encore dans les voies où la vitesse autorisée serait supérieure à 30 km/h ;

 aménagement des ponts en faveur des modes actifs ; généralisation du cédez-le-passage cycliste aux feux ;

 vigilance dans l’emploi des revêtements des chaussées (pas de pavés !) ; maintien de la circulation cycliste à double sens en cas de travaux de voirie ;

 développement des stationnements adaptés, répartis sur toutes les voies, y compris des garages sécurisés pour les stationnements de longue durée ;

 etc.

Moyennant quoi, la ville à 30 prendra toute sa signification en encourageant la pratique du vélo et en contribuant ainsi à modérer le trafic automobile.

Un slogan pour synthèse : ralentissons les voitures en ville et accélérons les aménagements cyclables.

Thierry Delvaux

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