n°94 (novembre-décembre 2006)

L’avant-garde

5 h 50 ce matin. Paris est dans le brouillard. Je pars un peu plus tôt que d’habitude car c’est aujourd’hui le bouclage de Roue Libre et j’ai l’édito à rédiger. Un pli à déposer m’oblige à modifier mon itinéraire. La quasi pleine lune diffuse une lumière blafarde et la brume contribue à l’ambiance fantasmagorique. Les rares voitures ne suffisent pas à briser le calme de la ville qui s’éveille à peine. Sitôt franchi le périphérique voici que deux lucioles scintillent sur la piste de la coulée verte (dont l’éclairage, objet de ces si longs travaux condamnant la piste pendant près d’un an, n’a été pensé que pour les voitures et laisse les vélos dans la pénombre). Deux vélos coup sur coup à 6 heures du mat ! Autant que de voitures croisées ! puis un autre et un autre encore rue d’Alésia… roulant à bonne allure dans les rues encore désertes les vélos ont-ils envahi Paris ? Quel sentiment étrange ! Est-ce un sortilège de la pleine lune ?

Eh non le vélo n’est pas réservé aux baba cool. Dès l’aube les cyclistes sont dans la rue, partant bosser (tous éclairés d’ailleurs). Quoi d’étonnant au fond que ces adeptes du moyen de transport le plus efficace soient également les salariés les plus dynamiques. Une étude de la qualité du travail des cyclistes montrerait sans doute qu’ils comptent parmi les plus productifs. À quand une discrimination positive à l’embauche : « Vous faites du vélo ? – Oui – Je vous prends… »

Les cyclistes sont l’avant garde de notre société. Depuis plus de trente ans que MDB le clame cela se vérifie tous les jours davantage. Il n’est que de voir le succès de notre dernière Bourse, ou l’efficacité de nos militants pour débusquer les erreurs de jeunesse du système de jalonnement pour se rendre compte de l’extrême vivacité d’une partie des adhérents actifs de MDB. Les activités et les initiatives des antennes se multiplient, les cyclistes s’imposent comme interlocuteur incontournable des élus, à Paris comme en Banlieue. Ainsi, à quelques semaines de l’inauguration du tram T3, Denis Baupin lui-même a été aperçu sur un vélo parcourant entourés de cyclistes l’ersatz de piste cyclable des Maréchaux sud et découvrant « in vivo » les limites du discours lénifiant de ses techniciens !

Malgré les archaïsmes de nos adversaires, l’idée vélo s’impose partout. Normal : l’avant-garde est en marche ! Impétueuse, irrésistible, la vague cycliste déferle. Elle est partout, elle nous échappe elle crée ses propres prolongements elle s’impose à la ville. Quel plaisir et quel honneur d’en être, de la mener, de la faire grandir.

Pierre Toulouse

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