Nous n’avions pas en tête de devoir écrire un nouvel article au sujet de Nogent-sur-Marne, après avoir parlé passerelle et réseau VIF, mais la réunion de quartier d’hier soir nous oblige, une nouvelle fois, à dire les choses pour corriger ce qui a pu être annoncé ou raconté à cette occasion. Le sujet est d’importance puisqu’il concerne les transports en commun et le fameux bus 113, dont la transformation en Bus Bords de Marne est en bonne voie.
Depuis Chelles jusqu’à Val-de-Fontenay, le bus 113, renommé bus Bords de Marne, bénéficiera d’ici à 2030 d’un fonctionnement en site propre. Autrement dit, le bus aura sur l’immense majorité du linéaire des voies dédiées sur lesquelles circuler, à l’abri des affres de la circulation automobile (modulo… son blocage aux intersections, mais on verra à l’usage). Cette reconfiguration quasiment totale de l’ex-RN34 devenue D934 sera aussi l’occasion de déployer une piste cyclable bidirectionnelle, dans le cadre du réseau VIF qu’on ne vous présente plus.
Ce vaste projet, porté par Île de France Mobilités, a été soumis à l’avis du public dans le cadre d’une enquête à laquelle nous avions largement contribué, sur la base des schémas de principe fournis par IdFM. Ces contributions ont d’ailleurs été bien notées et reprises par la commission d’évaluation dans le cadre du rapport de la déclaration d’utilité publique, publiée au mois d’août 2025. Le Bus Bords de Marne sera et il sera globalement bien. Problème ? Il s’arrête à Val-de-Fontenay.
Quid du 113 à Nogent ? Finito.
Là où le bus 113 s’arrête aujourd’hui à la gare bus de Nogent-sur-Marne, liée au RER A (branche Boissy-Saint-Léger), le Bus Bords de Marne s’arrête effectivement à Val-de-Fontenay, pôle multimodal existant et destiné à se développer encore plus avec l’arrivée de la ligne 15 du Grand Paris Express, l’extension du tramway T1 et possiblement le prolongement de la ligne 1 du métro, dont la seconde enquête d’utilité publique est ou va être lancée sous peu.
Or, la desserte de la gare de Nogent-sur-Marne est d’importance pour qui veut aller vers le sud du Val-de-Marne, en provenance de l’est de Nogent. Elle permet aussi l’accès à des trains allant sur Paris possiblement moins remplis que ceux circulant à Val-de-Fontenay, même si la desserte systématique de Neuilly-Plaisance devrait aider dans ce cadre. Enfin, cette ligne 113 dessert le nord de Nogent-sur-Marne, avec des populations plus utilisatrices du bus et plus sensibles aux questions de précarité mobilité.
La question de la prolongation du Bus Bords de Marne a donc été posée, fort justement, avec tout notre soutien par ailleurs, les transports en commun étant après la marche le premier mode de déplacement (vertueux par ailleurs) dans nos secteurs. Pénaliser le bus, ce n’est pas une bonne nouvelle pour ses usagères et usagers, qui risquent de se reporter tant bien que mal sur un moyen de transport autrement plus coûteux, à savoir la voiture ; notamment en l’absence de pistes cyclables dignes de ce nom pour sécuriser les pratiquant·es moins à l’aise.
Question posée, réponse reçue. Il y aura un bus mais dans le cadre du projet Bus Bords de Marne, le bus 113 s’arrêtera à Val-de-Fontenay et il n’y a pas de prolongation dans les tuyaux, à notre connaissance.
Qui prend la suite… et comment ?
A la dernière réunion de quartier, le maire de Nogent-sur-Marne a évoqué une voie dédiée ou d’un couloir réservé au bus sur le boulevard de Strasbourg, quand le sujet du bus 113 a logiquement été évoqué. Il n’en est, là encore sous réserve que nos informations et notre lecture de la déclaration d’utilité publique soient correctes, pas question. Si le Bus Bords de Marne s’arrête à Val de Fontenay, il y a bien une raison et elle est technique.
Nous convoquons de nouveau les schémas d’implantation présentés par le conseil département du Val-de-Marne, s’agissant du réseau VIF sur le boulevard de Strasbourg. Aux points les plus contraints en termes de largeur du boulevard de Strasbourg, mais également à des endroits il est bien plus large : il n’est tout simplement pas possible d’avoir des trottoirs dignes de ce nom, une piste cyclable digne de ce nom, des voies compatibles du passage de bus, du maintien de circulation générale et du maintien de stationnement.
Quand bien même on supprimerait la piste cyclable du VIF, on récupérerait 4m50 de largeur, ce qui est loin d’être suffisant pour faire une voie bus dédiée, dans les deux sens. Ce serait confortable pour un site propre dans un seul sens, mais en supprimant le stationnement ou les arbres néanmoins. Avec les vélos sur ce site propre et dans le même sens que le bus ? Ce ne serait pas forcément favorable à l’amélioration des vitesses commerciales des bus et il n’y aurait toujours pas de sécurisation dans l’autre sens.
Il faut enfin avoir en tête le fait que, dans le cadre du VIF, les quais bus seront amenés directement au niveau des voies de circulation. Autrement dit, les bus s’arrêteront dans la circulation générale pour embarquer et débarquer leurs usagers, ce qui facilite d’autant leur redémarrage, comme cela se fait un peu partout ailleurs désormais. En effet, aujourd’hui en Île de France, les bus perdent beaucoup de temps dans deux cas : aux intersections bloquées par les automobilistes et en se réinsérant dans la circulation depuis un quai déporté de la voie. Car oui, personne ne respecte leur priorité au redémarrage, pourtant prévue par le code de la route.
Pour le comment, la situation nous semble quoiqu’il en soit claire : il ne peut y avoir de site propre qualitatif pour les bus sur le boulevard de Strasbourg, sauf à vouloir abattre l’ensemble des arbres et s’asseoir sur le réseau VIF et c’est en ce sens que le terminus a été validé du côté de Val-de-Fontenay. En revanche, il est tout à fait possible d’avoir une continuité de desserte, soit via une nouvelle ligne « 113 bis » allant jusqu’au RER A de Joinville, soit via une extension d’une ligne aujourd’hui terminus RER A de Nogent. Ce sont bien ces options qui ont dans le rapport.
Clientélisme, approximations ou vision ?
Finalement, à l’issue de cette nouvelle réunion de quartier, nous continuons de nous interroger (bon, ok, pas beaucoup) sur toutes ces déclarations concernant la passerelle de Nogent, le réseau VIF, le boulevard de Strasbourg ou maintenant le Bus Bords de Marne. S’agit-il de clientélisme et de réponses un peu improvisées pour ne surtout pas avoir à gérer du conflit ? S’agit-il d’approximations sur des dossiers non maîtrisés et / ou sur lesquels le maire n’a pas été briefé ? Ou bien cela correspond-il a une vision du futur ? Les réponses, après mars 2026, éventuellement.
