Chose promise, chose due, parlons maintenant de la situation du VIF à Nogent-sur-Marne. Pour les nouveaux arrivants, le VIF, c’est le réseau Vélo Île de France, un projet à l’origine associatif que la région a décidé de porter, avec le fort soutien politique de sa présidente, Valérie Pécresse. La région agit en tant que coordinateur du projet et comme co-financeur, abondant à hauteur de 30% des chantiers se situant souvent sur voirie départementale.
À Nogent, deux lignes de ce réseau se croisent : la ligne V4 et la ligne V20. Toutes deux passeront par le boulevard de Strasbourg, entre le carrefour Leclerc à l’ouest et l’autre carrefour Leclerc, à l’est, du côté du Perreux. Si la ligne V20 continuera à terme via l’avenue de Joinville, la ligne V4 quant à elle rejoint le coeur de Paris, via le bois de Vincennes, Vincennes et Saint-Mandé.
Le problème, c’est que cette ligne V4 a très bien avancé à l’ouest et à l’est de Paris, dans Paris et à l’est de Nogent-sur-Marne également. Si vous vous promenez un peu dans le secteur, vous aurez sûrement remarqué l’apparition d’une splendide piste cyclable bidirectionnelle dans le bois de Vincennes (avenue de Nogent) et une autre, encore plus belle, à Vincennes et Saint-Mandé. Et à Nogent ? Rien. Pourquoi ? Parlons en.
De l’art de ne jamais dire ce que l’on veut
Notre antenne participe aux comités de pilotage et comité techniques des lignes du VIF depuis sa création et depuis leur création, peu ou prou. La ville de Nogent-sur-Marne y fut quasi systématiquement représentée par Antoine Gougeon, conseiller municipal délégué aux mobilités, puis plus récemment par le chargé de mission vélo. Le maire n’y fut jamais présent et l’adjoint en charge, Sébastien Eychenne, pour ainsi dire jamais.
Lors de l’une de ces premières réunions, alors qu’Antoine Gougeon et l’antenne MDB soutenaient de concert le projet VIF et la volonté de la ville de Nogent-sur-Marne à voir passer le VIF sur le boulevard de Strasbourg, il nous fut rétorqué par M. Amsler, élu départemental que ce n’était sûrement pas vraiment le cas. Autrement dit, alors même qu’un élu de la ville était présent, un autre élu doutait de la volonté réelle du maire.
Que peut un conseiller municipal, tout aussi convaincu qu’il le soit, face à l’absence de son adjoint en charge ou du maire, dans ce genre de comités ? Rien. Enfin, pas rien, puisque l’on doit entre autres à Antoine Gougeon la piste cyclable de l’avenue de Nogent, dans le bois de Vincennes. Le maire a-t-il quant à lui écrit à Olivier Capitanio, le président du département, pour lui demander urgemment la continuité cyclable ? Pas que l’on sache. Il a en revanche écrit une lettre à Anne Hidalgo pour se plaindre.
Itinéraire principal…
Les départements servent les communes demandeuses. Autrement dit, le Val-de-Marne a répondu à Charenton, à Joinville, à Vincennes. L’aménagement du boulevard de Strasbourg et du tronçon de l’avenue Georges Clémenceau entre le bois et la place Leclerc est bien prévu, mais il ne sera pas avant 2027, priorisation des demandeurs oblige. C’est d’ailleurs encore un point où l’absence de message clair de la ville est gênante.
En effet, le département a présenté aux différents acteurs les principes d’implantation d’une piste cyclable bidirectionnelle sur le boulevard de Strasbourg (pour Clémenceau, c’est très simple) et il n’y a pas dix solutions. C’est simple, on a le choix entre : nord ou sud ; supprimer du stationnement ou abattre des arbres. Autrement dit, en considérant qu’à Paris et Vincennes, ainsi qu’au Perreux, la piste est au nord, il sera logique de la mettre au nord à Nogent. Pour ce qui est des arbres, ce n’est pas ouvert au débat, pour nous comme pour le département. Il faut donc supprimer environ 135 places de stationnement.
La ville a-t-elle écrit au département pour lui dire qu’elle était favorable à cette solution ? Non. C’est bien pour toutes ces raisons qu’à la fin, nous avons identifié la ville de Nogent-sur-Marne comme étant la principale coupable de la coupure de la ligne V4 du VIF et elle fut dénoncée comme telle par un splendide panneau planté à la frontière de la ville. Le maire le fit même enlever par ses équipes, les faisant donc intervenir sur le territoire parisien et faisant déposer le panneau dans le bureau de son ex-directeur de cabinet.
Aujourd’hui, en attendant les élections et les travaux prévus en 2027, les études sont au point mort parce que la ville ne dit pas clairement ce qu’elle veut. À l’aune de notre compréhension du fonctionnement de la ville, force est de constater que ni Antoine Gougeon, ni Sébastien Eychenne, ni Philippe Julliard n’y pouvaient grand chose, sauf à aller au conflit direct avec le maire et éventuellement pousser la chose jusqu’à la démission.
Si le premier ne prévoit pas de suivre le maire en 2026 et montre donc une certaine cohérence, on s’interroge en revanche toujours sur les intentions réelles du second pour ce qui concerne le vélo. Quant au dernier, il a lâché son poste, est désormais candidat et affiche clairement son soutien aux différents projets, un positionnement cohérent avec son engagement sur les études BL Evolution et sur le projet passerelle avant leur torpillage par le maire.
Et itinéraire bis…
Il fut un temps où, constatant avec nos interlocuteurs régionaux et départementaux que la ligne V4 allait être coupée à l’horizon de se mise en service, fin 2025, nous avons travaillé à un projet d’itinéraire bis pour la ligne VIF V4. Nous avions suggéré de refondre le plan de circulation de la rue Théodore Honoré, qui est une rue parallèle au boulevard de Strasbourg afin d’y supprimer le trafic de transit tout en maintenant l’intégralité des accès riverains, en ne supprimant aucune place de stationnement et en sécurisant à minima deux écoles et un collège.
Ce projet, soutenu par les directrices d’écoles, collège et lycée également concernés par cet apaisement de la rue, ainsi que par les associations de parents d’élèves, est resté sur un bureau pendant une année complète tandis que notre demande de rendez-vous est elle restée lettre morte. Et puis soudain, durant l’été, un micro-tronçon de la rue a été sélectionné pour passer en sens interdit, avec une barrière qu’on qualifiera poliment d’inadaptée.
Là où nous proposions des filtres modaux et des changements de sens de circulation, le maire court-circuita ses services techniques pour imposer une solution nulle, inefficace et incompréhensible par les riverains puisque décidée à la va-vite, sans information, concertation ou explication. Pire, aucune déclaration ne fut faite sur les divers logiciels de navigation, engorgeant la rue Paul Bert. Encore pire, aucune coupure ne fut réalisée côté rue Guy Môquet, oubliant totalement cette école dont la sortie est pourtant très exposée. Quant aux aménagements proposés rue Paul Bert… rien.
Qu’arriva-t-il ? Ce qui devait arriver. Quelqu’un a grogné à l’oreille du maire. Le sens interdit a disparu. Les panneaux d’origine sont revenus. La rue est rouverte au trafic de transit mais est désormais limitée à 20 km/h et son aménagement est non conforme à l’IISR (Instruction Interministérielle de la Sécurité Routière). Le maire de Nogent a en effet fait peindre des panneaux 20 km/h au sol, ce qui est interdit. Il a également fait matérialiser le double sens cyclable en couleur jaune, ce qui est limité aux travaux et au temporaire. Y a rien qui va, chef, sauf le centrage du DSC.
Ce serait déjà triste si en plus de ça, le maire n’avait pas fait une déclaration incroyable lors de la première réunion de quartier de cette fin d’année. Il paraît que l’aménagement de la rue Théodore Honoré est « un exemple d’aménagement cyclable ». En effet, un exemple de ce qu’il ne faut surtout pas faire et c’est ainsi qu’il a été mis en lumière entre autres auprès du CEREMA.
Cyclistes, démerdez-vous et bienvenue à Nogent !
Le prochain rendez-vous pour cette ligne VIF V4 est le 16 décembre. Il s’agira d’un comité de ligne avec la région, la métropole, les départements, les villes. Ce sera l’occasion de constater que oui, la ligne V4 du VIF de Valérie Pécresse est coupée en son coeur, sans alternative. Le responsable de cet échec est connu, vous l’aurez compris. La situation a d’ores et déjà été exposée à la région par nos soins et ceux du Collectif Vélo Île de France.
En attendant les travaux du boulevard de Strasbourg, chers cyclistes, démerdez-vous bien pour survivre sur le secteur et profitez bien des aménagements cyclables réalisés plus à l’ouest et plus à l’est ! Nous demandons par ailleurs aux candidats un soutien inconditionnel au projet du boulevard de Strasbourg (oui oui, les 135 places supprimées). Toute déclaration contraire de M. Hagège, Lamprecht ou Julliard (en attendant les autres) serait une ligne rouge en termes d’évaluation des candidatures, d’un point de vue cycliste.
En 2026, nous aurons peut-être un nouveau maire à Nogent-sur-Marne, puisqu’il se murmure que l’actuel maire songerait à y retourner. Si le maire change, nous aurons peut-être une mise en place rapide de l’itinéraire bis puisqu’il sera utile pendant les travaux, qui pourraient aussi être légèrement anticipés selon la dynamique municipale. Nous pourrons enfin dire « bienvenue à Nogent » sans rire jaune (comme la peinture).
