GPSO annonce le report du Plan vélo à 2030 et au-delà
Le 15 décembre 2024, GPSO a annoncé en séance un report du plan vélo 2021-2025. C’est un recul sans précédent pour la ville de BOULOGNE-BILLANCOURT qui n’a vu aucun nouvel aménagement depuis les dernières élections municipales. Non seulement, le plan est repoussé à 2030, mais la plupart des axes structurants de BOULOGNE sont reportés au-delà de 2030 sans échéance. L’antenne Boulonnaise de Mieux se déplacer à Bicyclette avait salué le plan 2021-2025 lors de sa présentation en 2022. Aujourd’hui l’association est scandalisée de ce recul sans précédent alors que les autres villes de région parisienne progressent sur la sécurisation des trajets vélos.
Constat #1 : Aucun aménagement réalisé depuis 2021
Le bilan de la municipalité était déjà inquiétant avant cette annonce. En effet, aucun aménagement cyclable n’avait été réalisé dans la ville qui jouxtait pourtant 2 sites olympiques (Roland Garros et le parc des Princes). Pire, le nombre de kilomètres cyclable a baissé depuis 2021 avec la suppression des 2 kilomètres de Coronapiste de la D1 sur les quais du 4 septembre en Août 2021 malgré une pétition recueillant 1534 signatures et une fréquentation de 500 à 1000 vélos par jour.
En septembre 2021, deux accidents mortels avaient profondément choqué les cyclistes Boulonnais. Emma, jeune femme de 26 ans morte sur le pont d’Issy et Adam, jeune homme de 16 ans mort sur la grand place en voulant prendre un vélib. Suite à ces accidents, aucun plan d’action n’avait été engagé par la mairie malgré les demandes des familles de victimes qui pointent du doigt les aménagements (carrefour dangereux et station vélib directement sur la rue) et malgré une nouvelle pétition recueillant 17.780 signatures.
Étonnamment, le plan diffusé par GPSO et la municipalité n’est même pas exact. 2 des axes présentés comme existants ne sont en fait que des pistes dans un seul sens. La piste de l’avenue Schuman n’existe que vers le nord, la partie vers le sud ayant été supprimée à la demande de Pierre-Christophe Baguet alors qu’il était encore député. La piste de l’avenue de la république n’existe également que dans un sens sur le trottoir le long du cimetière. Dans l’autre sens, il n’existe rien pour protéger les cyclistes, même pas une bande cyclable.
La majorité des aménagements cyclables de la ville de Boulogne-Billancourt sont des bandes cyclables, le peu de pistes cyclables sont sur le trottoir et certains grands axes comme la rue de Silly, l’avenue Schuman et l’avenue de la République ne sont pas à double sens. Comment espérer dans ce cas de tripler la fréquentation cyclable si l’on ne sécurise pas les trajets mieux que cela ?
Crédit MDB : Bilan de Mi-Mandat de la municipalité de Boulogne en terme de plan vélo.
Constat #2 : un décalage dans le temps sans précédent
Initialement prévu pour 2025, le plan vélo est décalé à 2030 soit largement après les municipales de 2026. Cela signifie qu’aucun aménagement cyclable ne sera réalisé pendant les 6 années de mandat municipal du maire en place, Pierre-Christophe BAGUET. Ce décalage du plan à 2030 reporte donc les aménagements cyclables après les prochaines élections municipales de 2026. Une manière d’éviter les problèmes et les désagréments des travaux mais un manque de courage politique et un bilan catastrophique sur le plan des mobilités pour ce mandat. Il est difficile de comprendre qu’une ville puisse se satisfaire d’un bilan négatif sur un mandat de 6 ans.
Les seuls aménagements maintenus au plan sont la route de la Reine et l’axe nord-sud mais ils ne seront pas réalisés avant 2027 ou 2028. Les habitants de la ville et les membres de l’association se désespèrent de voir un jour des aménagements cyclables de qualité dans cette ville de 120.000 habitants. « A cet horizon, mes enfants seront majeurs » se désespère un habitant. Au sein de l’association, c’est la désillusion après avoir bataillé pour demander des aménagements depuis 2019. Idem pour les parents de victimes de la route qui ne voient rien bouger.
Constat #3 : Les autres villes ont progressé pour les JO 2024
Pendant ce temps-là, les villes voisines progressent. La ville de Paris a mis en place 24 km de pistes cyclables et pérénisé 34 km de Coronapistes après avoir annoncé que l’ensemble des coronapistes seraient pérennisées. Même le 16e arrondissement de Paris qui était en retard sur le vélo, a progressé avant les JO 2024 en aménageant le Boulevard Murat et la rue Michel Ange. Le département 92 a réalisé 37 km de nouvelles pistes cyclables depuis 2021, y compris dans des lieux compliqués comme La Défense. C’est l’un des départements les plus actifs avec le 93.
Comme on peut le voir sur le plan, les autres villes de GPSO maintiennent les aménagements cyclables prévus au plan 2025 et on peut voir sur la carte du territoire que la ville de Boulogne-Billancourt est la seule à renier majoritairement le plan initialement voté en 2022. Pourtant Boulogne est stratégique pour la continuité cyclable car beaucoup d’habitants des villes voisines doivent passer par cette ville pour rejoindre Paris et le bois de Boulogne.
Dans les territoires voisins, la ville de Neuilly a réussi à créer la plus belle piste cyclable d’Ile de France sur la N13 et a été récompensée pour cette réalisation qui sécurise les cyclistes sur une nationale très fréquentée et qui en profite pour végétaliser et embellir un espace autrefois défiguré par la circulation motorisée intensive.
Crédit photo : Mairie de Neuilly, La nouvelle piste cyclable de la N13 est accessible à toutes et à tous y compris aux plus fragiles et aux seniors, avenue du générale de Gaulle.
Constat #4 : Les objectifs de fréquentation ne sont pas atteints
Concernant la fréquentation cyclable, elle a globalement été multipliée par 1,4 entre 2020 et l’année qui vient de s’écouler. L’objectif d’une multiplication par 3 à horizon 2025 n’est pas atteint.
Pour les aménagements, le budget sur l’ensemble du territoire était de de 8,1 millions d’euros pour la période 2021-2026, dont 3,3 millions d’euros pour compléter le réseau structurant sur voies communales. GPSO avait également prévu 1,4 M€ pour des études sur le réseau départemental.
Seul point de satisfaction, les stationnements vélo pour lesquels l’objectif a été atteint car la ville était dans l’obligation de neutraliser les places de stationnement voitures en amont des passages piétons. En 2020, on comptait 2 100 places dédiées aux seuls vélos. En 2024, le nombre de places dédiées aux seuls vélos a plus que doublé avec 4 346 places. Il reste encore un potentiel de places pour les vélos à créer en remplacement de places de stationnement situées en amont des traversées piétonnes (ces places gênent aujourd’hui la co-visibilité des automobilistes et des piétons voulant traverser). Nous espérons que la ville sera en conformité avec la loi en 2026 comme requis.
“La multiplication par 3 de la pratique cyclable est l’objectif le plus difficile à atteindre.
Extrait de séance du conseil de territoire
La « cyclabilité » des voies a globalement beaucoup progressé depuis 2020 avec des aménagements ponctuels et des réductions de vitesse maximale autorisée. Ainsi 272 km de voies sont aujourd’hui « apaisées », avec une vitesse maximale autorisée de 20 ou 30 km/h. Cela représente 63% du linéaire de voies locales contre 51% en septembre 2023.
La mise en œuvre d’un réseau continu est complexe car il s’agit d’interventions lourdes qui nécessitent de nombreuses études techniques. En outre, 64% du réseau se situent sur des voies départementales et 12% sur des voies forestières, dont ce n’est pas la vocation première.”
Constat #5 : Des axes majeurs abandonnés
Plusieurs axes majeurs de la ville ont été supprimés du plan 2030 et reportés sine die.
- La D910, avenue Leclerc / Vaillant qui coupe la ville en deux entre le pont de Sèvres et la porte de Saint Cloud, et que le Parisien avait surnommé le Boulevard de la mort vu le nombre d’accidents mortels en 15 ans. Le département 92 avait proposé d’y installer une Coronapiste cyclable en 2020 mais cela avait été refusé. La traversée du pont de Sèvres et de la D910 est un enfer pour les cyclistes. L’association Boulonnaise avait pourtant proposé à plusieurs reprises d’aménager les contre allées pour les rendre cyclables et plus agréables pour les piétons. Ce qui a été fait à Neuilly est un exemple de réussite qualitative. A Boulogne, on pourrait commencer par supprimer les bordures de trottoir de 3 cm qui rendent le passage difficile pour les vélos.
- La D1, Quai Le Gallo et quai du 4 septembre qui longe la Seine. Une Coronapiste y avait été installée en 2020 mais supprimée à l’été 2021 à la demande du maire Pierre-Christophe BAGUET. L’association MDB avait demandé à l’époque de conserver la partie côté Seine de la piste cyclable et de la transformer en Bi Directionnelle. Aujourd’hui aucune alternative n’a été proposée aux cyclistes et ceux qui s’y aventurent sont mis en danger par les véhicules dépassant régulièrement les 70 km/h.
- La D2, Boulevard Jean Jaurès est un axe très emprunté par les cyclistes aujourd’hui. C’est une rue commerçante et elle traverse Boulogne du nord au sud. La ville a annoncé qu’après étude, il était impossible de la sécuriser par un aménagement cyclable. L’association MDB avait pourtant proposé des solutions comme le fait de mettre Jean Jaurès à sens unique ce qui permet de faciliter la fluidité des feux rouges à Marcel Sembat. Autre proposition plus ambitieuse, celle de piétonniser Jean Jaurès pour en faire une zone piétonne agréable et sécurisée pour les piétons et les cyclistes. Cela augmenterait aussi le chiffre d’affaires des commerçants comme le montrent toutes les études sur le sujet mais eux mêmes n’en sont pas convaincus. Le plan B proposé par la ville de créer un aménagement cyclable dans une petite rue parallèle ne satisfera personne. Ni les cyclistes qui auront un trajet biscornu et discontinu, ni les riverains qui auront moins de stationnement.
- La D50, Avenue Morizet / République fait aussi partie des 10 points noirs de la ville que nous avions remontés en 2019. Il y avait eu un accident mortel en 2021 quand la jeune Emma avait été tuée par un camion lui coupant la route. Pourtant rien n’a été engagé aujourd’hui malgré la volonté affichée par la société du Grand Paris de financer cet axe dans le cadre de leur plan vélo. Quand seront lancées les études ? Aucune idée, car il faudrait déjà une volonté politique sur le sujet. Côté association, nous avions demandé en 2021 de modifier le marquage au sol des pictogrammes vélos qui mettent en danger les cyclistes en les faisant rouler trop près des portières. L’emportiérage est l’un des principaux risques d’accident en ville.
Crédit Photo MDB : à gauche, la D50 avenue Morizet où les pictogrammes vélos frôlent les portières des voitures. À droite, la D910 avenue Leclerc où les vélos sont livrés à eux même sur cette autoroute urbaine de 2×3 voies motorisées.
Constat #6 Un plan de l’existant déjà erroné
Le plan des aménagements existants pose déjà problème en soi. La mairie et GPSO considèrent qu’il existe un aménagement avenue Robert Schuman jusqu’au Boulevard d’Auteuil alors que cet aménagement n’existe que dans un seul sens. Le retour se fait sur la route depuis que cette partie de la piste avait été supprimée à la demande de Pierre-Christophe BAGUET député à l’époque et de la future adjointe à la culture Ségolène MISSOFFE, présidente d’association de riverain à l’époque, comme relaté dans cet article du Parisien. Idem avenue de la République, où la mairie et GPSO indiquent un aménagement entre l’avenue Pierre Grenier et la Seine mais cet aménagement n’est que dans un sens. Une piste mono-directionnelle longe le cimetière sur le trottoir mais rien ne protège les cyclistes dans l’autre sens sur cette 2 fois 2 voies rapide et dangereuse.
Quant à l’avenue Pierre Grenier, la bande cyclable sert de double file aux conducteurs motorisés. Ce comportement est malheureusement fréquent à Boulogne-Billancourt où la plupart des aménagements sont des bandes cyclables en peinture n’offrant aucune protection et servant de stationnement aux conducteurs peu respectueux des usagers vulnérables qui aimeraient ne pas avoir à slalomer en permanence entre les voitures garées sur la piste et celles qui leur arrivent dans le dos.
Crédit photo : Google Maps, Boulogne-Billancourt. A gauche, l‘Avenue Schuman, où la piste cyclable avait été supprimée en . A droite, le Boulevard de la république etLes pistes cyclables ne sont que dans un sens laissant les cyclistes sur la route pour le retour.
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