Contresens cyclables : mais que fait la police ?
Le samedi 13 décembre dernier le MDB organisait une « manifest’action » dans le quartier Tombe-Issoire (14e) pour réclamer la mise en place de contresens cyclables (voir notre communiqué). En effet les rues de ce « quartier vert » (où la vitesse est limitée à 30km/h) se sont vues dotées d’un grand nombre de sens uniques, destinés à éviter le trafic automobile de transit ; cette situation est idéale pour la mise en place d’une libre circulation des cyclistes.
Dans cette optique, et face à la lenteur de réaction des autorités compétentes, les militants du MDB ont symboliquement apposé des pannonceaux « sauf cyclistes » sous tous les sens interdits du quartier, ainsi qu’un panneau de satisfaction à l’entrée de la piste en contresens de la rue du Père-Corentin, modèle encore rare d’aménagement cyclable bien conçu. L’évènement était couvert par des journalistes du Parisien (voir leur article du 15 décembre).
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Pour appuyer cette action revendicative auprès de la préfecture de police, ainsi que pour marquer sa surprise face à l’enlèvement très rapide (le jour même) des pannonceaux factices par les forces de l’ordre, le MDB a décidé d’écrire une lettre à M. Proust (préfet de police de Paris), reproduite ci-dessous.
Des copies de ce courrier ont également été adressées à M. Delanoë (maire de Paris), à M. Baupin (adjoint au maire de Paris, chargé de la voirie), ainsi qu’à M. Castagnou (maire du 14e).
La lettre au préfet de police
Le 16 décembre 2003
Monsieur le Préfet de Police
Le Mouvement de défense de la Bicyclette ainsi que les autres associations parisiennes de promotion du vélo urbain revendiquent le développement de la pratique des contresens cyclables. Celle-ci, prônée par la documentation technique et qui a fait la preuve de son efficacité dans de très nombreuses villes de France et d’Europe continue à être, sans explication valable, freinée par vos services.
Son application la plus simple consiste à autoriser les cyclistes à emprunter les différentes rues des zones 30 et, en particulier celles des quartiers verts sans autre aménagement qu’une signalisation verticale de part et d’autre de la voie.
Cette décision ne ferait d’ailleurs que rendre légale une pratique établie et n’ayant, à ce jour pas causé d’accident grave ni à Paris ni ailleurs.
Pour appuyer cette demande, relayée par la Ville de Paris, à laquelle vos services s’opposent de façon systématique sous le prétexte de la « sécurité » des cyclistes, nos associations ont organisé samedi 13 décembre la mise en pratique de cette idée dans le quartier vert Tombe Issoire en apposant sous l’ensemble des panneaux B1 du quartier des panonceaux « sauf cyclistes » réalisés en carton et fixés sans dégradation sur les supports de signalisation. Cette opération s’est déroulée de 12 h à 13 h.
A 14h30 l’ensemble de ceux-ci avaient été déposés par vos agents.
Nous constatons avec satisfaction l’efficacité avec laquelle ces derniers font respecter les lois sur l’affichage, et nous nous étonnons de ne pas relever le même empressement pour faire respecter les aménagements cyclables, où la sécurité des cyclistes est pourtant en jeu ; l’intégrité des panneaux de signalisation serait-elle plus importante que la vie des cyclistes ?
Leur zèle à lutter contre la signalisation illégale s’est même étendu à déposer un panneau de « félicitations » que nous avions apposé à l’entrée de la piste cyclable de la rue du Père Corentin que nous considérons comme un modèle.
Ce dernier, dont nous vous joignons la photo, était certes aux marges de la légalité, mais il n’entravait aucune circulation et n’entraînait pas de risque d’une quelconque interprétation ambiguë par rapport au code de la route.
Nous ne doutons pas que cette intervention précipitée dépasse les consignes que vous avez pu donner. Néanmoins, nous souhaitons profiter de cette occasion pour vous rappeler que nous sommes à votre disposition pour évoquer cette question et la manière de franchir à Paris ce pas décisif vers une véritable politique cyclable. Nous pourrons ainsi, lors de cette rencontre développer les arguments et multiplier les exemples susceptibles de vous convaincre du bien-fondé de notre revendication.
Vous ne pouvez pas ignorer que le développement des déplacements à vélo est l’un des moyens de lutter contre la pollution, priorité définie par le Président de la République. Cette pollution dont les conséquences à Paris sont particulièrement importantes comme l’a malheureusement démontré le terrible épisode caniculaire de l’été dernier.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de nos salutations cyclistes.
Pour le MDB, le Président
Pierre Toulouse
P.S. Nous considèrerions comme une marque de bienveillance la restitution du panneau de félicitation que nous espérons avoir bientôt l’occasion d’utiliser à nouveau.
