Georges Pompidou et l’automobile

« Il faut adapter la ville à l’automobile » : cette formule célèbre est communément attribuée au président Georges Pompidou. À vrai dire nous ne sommes pas pleinement parvenus à vérifier cette information et à la replacer dans son contexte. On pourra se référer au discours prononcé le jeudi 18 novembre 1971 au District de la région parisienne, cité dans « L’automobile à la conquête de Paris », par Matthieu Flonneau, Presses de l’école nationale des ponts et chaussées, dont nous reproduisons un extrait ci-dessous.


J’entends bien qu’il ne suffit pas d’avoir du travail et qu’il y a le problème de vivre. Vivre, c’est d’abord le logement. […] Tout cet effort accompli en si peu de temps ne serait pas suffisant s’il n’y avait pas la possibilité de se déplacer. Et j’en viens, je crois, au plus difficile des problèmes de la région parisienne: c’est-à-dire aux transports. […] Certes, on peut imaginer que la politique des villes nouvelles tende sinon à diminuer tout au moins a limiter ce besoin de migration quotidienne. […] Il y aura toujours des migrations. Il y aura toujours le besoin d’assurer à des centaines de milliers de personnes dans la région parisienne le moyen de se déplacer pour aller sur les lieux du travail. Dans le VIe Plan, sur ce point, un effort considérable a été accompli. C’est ainsi que plus de 7 milliards sont prévus pour les transports routiers et 7,7 pour les transports par voie ferrée. […]

Déjà nous avons des lignes nouvelles de métro, déjà nous avons des lignes de la SNCF qui sont électrifiées et permettent un trafic plus rapide, déjà nous avons en matière routière de nouvelles autoroutes et je n’oublie pas les créations proprement parisiennes qui sont le périphérique, qui à lui tout seul aura coûté plus de 2 milliards de francs et un certain nombre d’autres voies comme, par exemple, la voie express rive droite que quelques-uns critiquent quelquefois mais qu’en tout cas 23 millions d’automobilistes ont emprunté l’an dernier, ce qui prouve qu’elle sert à quelque chose, et cela sans abîmer le paysage et même en donnant à ces 23 millions de gens qui l’ont empruntée l’an dernier quelques-unes des plus belles satisfactions qu’un homme puisse avoir au point de vue esthétique, comme par exemple quand il sort du tunnel devant le Louvre et qu’il débouche sur le pont Neuf et l’île de la Cité. Ceci pour expliquer qu’il y a un certain esthétisme auquel il faut renoncer et que ce n’est pas parce que l’on empêcherait les voitures de circuler qu’on rendrait Paris plus beau. La voiture existe, il faut s’en accommoder et il s’agit d’adapter Paris à la fois à la vie des Parisiens et aux nécessités de l’automobile, à condition que les automobilistes veuillent bien se discipliner.

Parmi les réalisations en cours, il y a l’achèvement du RER et là-dessus je voudrais insister un instant. Le RER n’est pas une simple ligne de métro nouvelle, c’est une véritable révolution dans le cadre des transports souterrains. […]

Où est l’urbanité qui pourtant étymologiquement doit être la qualité du citadin ? Je souhaite que les Parisiens fassent un peu de réflexion en eux-mêmes et sur eux-mêmes et qu’ils comprennent que l’environnement dans une grande agglomération urbaine c’est d’abord la conduite de ses habitants et le respect d’autrui.

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