n°118 (novembre-décembre 2010)

Le grand complot

S’il n’y a pas de politique cyclable digne de ce nom en France, c’est bien parce que nos hommes politiques ne sont pas naïfs et savent ce qui se cache derrière cet objectif a priori politiquement correct « le vélo, c’est bon pour la santé, c’est bon pour l’environnement, c’est bon pour la ville ». Heureusement, ils ne sont pas dupes et d’indispensables sentinelles veillent.

Ainsi Christian Gérondeau a, dès 2005, dénoncé le grand complot : « Les politiques “anti-voitures” sont aussi des “politiques antiféminines” sinon “anti-mères de famille”. 93 % des femmes ne déclarent-elles pas qu’elles “aiment leur voiture” dont 55 % “beaucoup” ? Car seule la voiture leur permet de concilier de mutiples activités qui, sans elle, seraient inconciliables. »

Et leur mari, elles l’aiment comment ?

Encore plus fort : la politique cyclable serait complice d’un mouvement destiné à asservir les États-Unis et de les pousser vers la décadence. Heureusement pour l’avenir du monde, il y a encore une sentinelle qui veille. Dan Maes, candidat républicain au poste de gouverneur du Colorado, a ainsi dévoilé que la mise en place d’un système de vélo en libre service à Denver menaçait les libertés fondamentales des habitants, et n’était que le cheval de Troie d’une stratégie destinée à promouvoir l’avortement et la contraception. En effet, puisque l’idée de développer les modes de transport non polluant a été souffl ée à la ville de Denver par l’ICLEI, association mondiale prônant des politiques de développement durable, ce ne peut être que hautement subversif. C’est fou ce qu’on peut faire avec 400 vélos !

D’autres sentinelles veillent aussi, à Genève par exemple, où les associations pro-vélo sont accusées d’être des repaires de cycloterroristes lesquels, sous le fallacieux prétexte de créer des conditions réelles de partage de la voirie entre tous les usagers au détriment de la quasi exclusivité actuelle établie pour la voiture, ne seraient que les lignes avancées de l’anarchie générale.

Ce qui m’étonne, c’est qu’on ne nous ait pas encore accusés d’organiser les grèves actuelles en France sous le prétexte futile de contester la réforme des retraites. Car forts des précédentes réussites en 1995 et 2001, nous remettons ça cet automne et avons réussi à mobiliser les syndicats pour provoquer une grève des transports, des opérations escargot et une pénurie d’essence. Tout cela dans le but de mettre des gens sur les vélos, en espérant qu’ils n’en descendront plus et que l’homo automobilus se transforme en homo velocipedus.

Mais même si nous sommes démasqués, il est maintenant trop tard et ne leur en déplaise : le vélo vaincra.

Kiki Lambert

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