n°67 (mai-juin 2002)

Le temps fort de ce début de printemps a été bien sûr l’assemblée générale du MDB. Compte tenu des délais de fabrication de Roue Libre, rendez-vous au prochain numéro pour en avoir le compte rendu.

Concertation avec la RATP

Le 19 février, la RATP a reçu les associations cyclistes représentées au sein du groupe de concertation que la Régie a mis en place depuis le lancement du plan vélo de 1996. Au programme de cette séance, le projet Mobilien en banlieue. Rappelons que ce projet s’inscrit dans le cadre du PDU Île-de-France (Plan de Déplacements Urbain) qui vise à améliorer l’attractivité du réseau principal d’autobus ; il impliquera un nouveau partage de l’espace public et notamment la mise en site propre des couloirs de bus. Ce vaste chantier s’est accompagné de la création de comités d’axe et de pôle qui disposent de 18 mois pour élaborer des projets.

Les associations présentes ont fait part de leur inquiétude, en effet, ces dernières ne peuvent pas se rendre à toutes les réunions pour défendre les intérêts des cyclistes. Même si elles peuvent compter sur la RATP, leurs représentants ont rappelé que dans certaines banlieues, lorsque les contraintes de voirie sont importantes, les autorités oublient volontairement les cyclistes ou les renvoient sur les trottoirs. RATP et associations œuvreront pour éviter que les nouveaux aménagements ne soient défavorables aux cyclistes.

Un point a été consacré aux nouveaux couloirs bus/vélos. La RATP a fait part de la déception des centres bus quant au profil des couloirs élargis de la première génération (boulevards de Sébastopol, de Strasbourg et rue de Rivoli) Motif de cette déception : les socles en granit qui débordent sur l’espace mixte. La deuxième génération de couloirs satisfait tous les protagonistes. La possibilité de marquer à nouveau la partie cycliste au sein des couloirs bus élargis a été évoquée sans qu’une position unanime ait pu être trouvée.

Journée d’étude RATP Rennes

Le 4 avril, la RATP a invité les associations du groupe de concertation et des institutionnels (conseil régional d’Ile-de-France, voirie de Paris) à découvrir les couloirs bus bidirectionnels et mis en site propre dans l’agglomération rennaise.

Sur place, les participants, accueillis par les représentants de l’association locale Route Bleue, ont enfourché des vélos mis à disposition du public gratuitement en libre-service par abonnement ou avec dépôt de caution pour les non-Rennais. Ces vélos, un peu lourds mais très repérables, permettent de visiter Rennes ou tout simplement de faire des trajets domicile-travail. Le petit groupe a sillonné le centre-ville de Rennes et, même si l’heure de pointe du matin était déjà passée, ce qui a frappé tout de suite les cyclistes parisiens, c’est le calme qui régnait dans les rues de la cité.

Point fort de cette journée, la visite de l’axe est-ouest de la métropole rennaise constitué par des couloirs bus/vélos, par des pistes et bandes cyclables. Ce dernier a été ouvert en février 2000. Rennes est la première ville française à avoir autorisé officiellement les couloirs de bus aux cyclistes. C’est à Cesson, ville de la proche banlieue, que l’expérience des couloirs bus bidirectionnels implantés au centre de la chaussée a été testée par les participants de ce voyage d’étude. Bordée de chaque côté par des voies de circulation où la vitesse est limitée (assez théoriquement) à 30 km/h, ce dispositif s’inscrit dans un paysage de type suburbain où la densité humaine ne pose pas de problèmes majeurs. Les deux fois une voie dédiées aux bus, aux taxis et aux vélos s’imposent avec leurs 6 mètres de large et permettent une parfaite cohabitation entre ces différents utilisateurs. Cependant, la position axiale pose un problème majeur : à chaque rond-point, le cycliste, contraint à sortir du couloir de bus, doit réintégrer ce dernier en coupant une file de circulation. Possible à Rennes, périlleux à Paris pour la traversée des grandes places et grands carrefours. À Paris, l’implantation à droite de la chaussée de tels couloirs bus bidirectionnels en site propre serait peut-être préférable.

Lors d’une réunion avec des machinistes rennais qui s’est tenue l’après-midi, des représentants de la ville de Rennes ont réaffirmé l’engagement de leur cité en matière de promotion du vélo comme moyen de transport à part entière. Par ailleurs, usagers du vélo et machinistes ont réaffirmé qu’à Rennes comme à Paris, la cohabitation bus/vélos ne pose aucun problème.

Commission déplacement

Lors d’une séance plénière de la commission déplacement du 21 février, la mairie a présenté le nouveau tracé du tramway T2 d’Issy-Val-de-Seine à la porte de Versailles. Le T2 empruntera des petites rues à travers Issy-les-Moulineaux plutôt que la Petite Ceinture. Denis Baupin a réaffirmé que la ville entendait poursuivre son programme de mise en site propre des couloirs bus.

Club des villes cyclables

Le 14 mars, la journée technique du Club des villes cyclables avait pour thème le stationnement des vélos. Dans son allocution d’ouverture, Jean Perdoux, président du Club, a rappelé qu’il ne pouvait pas y avoir de politique cyclable digne de ce nom sans que l’offre en matière de stationnement vélo soit développée. Lors d’une table ronde animée par Jean-Marie Guidez du CERTU, les participants ont insisté sur l’importance d’une politique volontariste en la matière et sur les solutions simples qui existent pour favoriser le stationnement des vélos, notamment aux domiciles des particuliers. Lors du déjeuner, Denis Baupin a approuvé l’idée avancée par le MDB de réunir des assises du stationnement du vélo à Paris. L’après-midi a été consacré à l’étude de cas concrets.

Comité de pilotage de Velocity 2003

Le congrès Velocity, c’est dans moins de 18 mois. Le comité de pilotage, qui regroupe un certain nombre de personnalités et d’associations dont le MDB, doit se retrouver tous les trois mois. Il s’est réuni pour la première fois le 5 mars sous la présidence d’Hubert Peigné et en présence de sa directrice Isabelle Lesens. Tous les participants ont insisté sur les enjeux de Velocity qui aura pour effet de mettre Paris au devant de la scène internationale en matière de politique vélo. Le chantier est colossal puisque la capitale devra accueillir entre 500 et 600 congressistes venant de 45 pays différents pour la 14e édition de cet événement. Oliver Hatch, permanent à ECF (European Cyclist Federation), a évoqué l’impérieuse nécessité de se mettre rapidement au travail pour préparer matériellement le congrès. Le MDB sera mis à contribution pour accueillir des congressistes, pour organiser des visites de Paris, une grande fête populaire… Il faudra aussi éditer notre fameuse « pastille verte » en plusieurs langues. Toutes les suggestions seront les bienvenues pour la réussite de cette manifestation.

Réunion à la préfecture de police

Le 20 mars, le préfet Jean-Paul Proust a réuni les associations cyclistes. Cela faisait deux ans que celles-ci n’avaient pas été reçues par la préfecture de police. Mise en place par Philippe Massoni, le prédécesseur de Jean-Paul Proust, la concertation était allée cahin-caha durant quelques années : déclaration de bonnes intentions sur le respect des aménagements cyclables par les automobilistes, refus de voir implanter des contre-sens cyclistes, rappel au règlement des cyclistes infractionnistes. La fin de règne de monsieur Massoni aura été marquée par l’ouverture officielle de 70 km de couloirs de bus aux cyclistes.

La séance du 20 mars a débuté par une déclaration liminaire de monsieur Proust, qui s’est interrogé sur la pertinence de rendre les aménagements cyclables obligatoires pour les cyclistes. Sécurité, sécurité, voilà ce qui semblait motiver le grand chef de la préfecture. Impossible de rendre les pistes et bandes cyclables obligatoires, ont rétorqué les associations : le cyclisme urbain est spécifique, à vélo, on doit pouvoir se positionner où l’on veut sur la chaussée. Monsieur le préfet, sans abandonner ce cheval de bataille auquel il semble beaucoup tenir, a reconnu que ce n’était pas la priorité des priorités et a assuré qu’aucun cycliste ne serait verbalisé pour avoir roulé en dehors d’un aménagement cyclable.

Jean-Paul Proust a réaffirmé par la suite que la préfecture entendait faire respecter les nouveaux couloirs bus/vélos et a annoncé qu’entre le 1er septembre et le 31 décembre 2001, 58 570 amendes avaient été distribuées aux contrevenants. Par ailleurs, la préfecture dit avoir fait procéder à 6 664 enlèvements de véhicules stationnés dans les couloirs de bus. D’ici peu, les nouveaux couloirs bus/vélos seront surveillés par caméras. Les associations ont insisté pour que la préfecture donne ordre à ses fonctionnaires de faire respecter les aménagements cyclables.

C’est en fin de séance que les associations ont obtenu deux avancées importantes. Après une âpre discussion, Jean-Paul Proust a accepté que soient testés des contre-sens cyclables sans matérialisation lourde (simple bande cyclable) dans les rues de l’“hyper centre” de la capitale. Le premier devrait voir le jour à titre expérimental rue de la Verrerie. Si cette mesure était étendue, elle deviendrait, à n’en pas douter, la clé de voûte du nouveau plan vélo parisien. Par ailleurs, il s’est engagé à faire éditer une plaquette d’information à destination des automobilistes sur la cohabitation avec les cyclistes et sur les règles de sécurité à respecter.

Commission technique du vélo du 25 mars

La Voirie avait donné rendez-vous aux associations cyclistes pour débattre de deux sujets importants : les espaces civilisés et les quartiers verts. Des ingénieurs ont présenté les cinq objectifs affichés par la mairie en matière d’espaces civilisés : offrir un nouveau partage de l’espace public, renforcer la présence du végétal, limiter la pollution de proximité, renforcer la vie locale, mettre en valeur les paysages et le patrimoine architectural et urbain. Des travaux devraient commencer sur les boulevards de Barbès, de Rochechouart et de Clichy. Sur ces axes, les cyclistes devraient bénéficier d’une piste cyclable implantée sur le terre-plein central et bien séparée des flux piétons, un couloir bus devrait être mis en site propre à gauche de chaque chaussée circulée. Les autres axes civilisés sont prévus sur le boulevard Magenta, les avenues Jean-Jaurès, du Général-Leclerc et rue de Rennes. Concernant le boulevard Magenta, plusieurs configurations sont à l’étude : la mise en site propre d’un couloir bus bidirectionnel au centre de la chaussée, ou le même dispositif implanté sur un côté du boulevard ou deux couloirs bus mis en site propre de chaque côté de l’axe.

Les Quartiers Verts auront pour but de traiter le transit automobile, de végétaliser les zones concernées et de créer des lieux de vie. La Mairie dit vouloir relier les différents Quartier Verts entre eux pour arriver à un véritable maillage. Dans les Quartiers Verts, les cyclistes ne devront pas être pénalisés par les nombreux sens interdits qui seront dissuasifs pour le transit automobile. Et c’est là que le bât blesse un peu. Alors que la préfecture de police semblait accepter de lâcher du lest sur ce sujet, la voirie se révèle plus frileuse. Il aura fallu de l’obstination dans le camp des associations cyclistes pour faire entériner la décision de mise en place d’un contresens cyclable rue de la Verrerie.

À la fin de la réunion, Jean-Luc Marchal, Monsieur Vélo de la mairie, a annoncé qu’il allait, en concertation, établir un schéma directeur vélo pour la capitale. Première étape, le diagnostic de l’existant. Ensuite, viendra le temps des propositions, le schéma directeur vélo devra être terminé en septembre 2002.

Plan vélo 2002-2004

La Mairie a demandé au MDB de présenter ses suggestions pour le plan vélo 2002-2004. Un courrier a été adressé en réponse dans lequel sont réaffirmés nos principes : poursuite des aménagements sur les grands axes, mais aussi souci d’assurer une continuité cyclable avec résorption des points noirs ; contre-sens cyclables ; stationnement des vélos… Nous avons suggéré que soient mis en place des groupes d’utilisateurs qui seraient consultés pour déterminer les priorités dans chaque quartier.

Par ailleurs, des plans nous ont été remis par la Région concernant l’aménagement des berges du canal Saint-Denis. Une fois de plus, il semble que des pavés soient prévus ainsi que la cohabitation sur un même espace des piétons, rollers et cyclistes. Là encore, nous avons réaffirmé nos exigences.

Françoise CLAUSSE et Laurent LOPEZ

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