Voyager en train avec son vélo

Voyager en train avec son vélo: c’est possible… enfin presque !

par Benoît BRANCIARD

La théorie…

L’offre de transport de vélos accompagnés et non démontés, sous la responsabilité du voyageur, de la SNCF est la suivante :

  • Certains TGV, signalés par un pictogramme « vélo » dans les horaires, disposent de 4 emplacements vélos payants.
  • Tous les trains Corail « Téoz », qui circulent sur certaines lignes non-TGV (Paris-Clermont-Ferrand, Paris-Toulouse…), disposent de 6 emplacements vélos payants.
  • Certains trains de nuit de la catégorie « Lunéa », signalés par un pictogramme « vélo » dans les horaires, disposent de 6 emplacements vélos payants.
  • Certains trains Corail (autres que Téoz), signalés par un pictogramme « vélo » dans les horaires, disposent d’un local à vélos gratuit d’une capacité généralement de 6 vélos.
  • Certains TER, signalés par un pictogramme « vélo » dans les horaires, ou circulant dans des régions où « tous les TER sont autorisés aux vélos », disposent d’un nombre variable d’emplacements vélos gratuits.

Pour les trains à emplacements payants, le prix de la réservation vélo (supplément au billet) est de 10 euros quelle que soit la distance. En cas de correspondance, le prix est de 10 euros pour chaque train emprunté (ex.: 20 euros pour une correspondance entre deux TGV). Le cycliste est assuré d’obtenir une place assise ou une couchette à proximité du local à vélos.

Dans les trains à emplacements gratuits, aucune garantie de disponibilité n’est assurée, le cycliste étant censé annuler ou reporter son départ en cas de place insuffisante.

… Et la pratique

Les TGV

Seuls les TGV de première génération, initialement de livrée orange, ont été équipés d’un local vélos au cours de leur rénovation. Ces TGV étant massivement réaffectés aux liaisons Nord (Paris-Dunkerque), cette ligne se trouve bien pourvue, au détriment des lignes Sud-Est (Lyon, Grenoble, Nice…), qui ne voient en général qu’un seul TGV vélo par jour. L’ensemble du réseau Ouest (Paris-Bordeaux, Nantes…) est équipé des premiers TGV « Atlantique », qui n’ont pas de local vélos. Leur rénovation, avec local à la clé, est prévue pour 2008… D’ici là, pas de vélos dans les TGV Ouest au départ de Paris : il faut se rendre à Massy-TGV, Roissy ou Marne-la-Vallée ! Le reste du réseau, notamment la majorité des lignes Sud (Montpellier…) et Sud-Est, est équipé de TGV « Duplex » (à deux niveaux), concentrés de rentabilité, dans lesquels un local vélo serait une perte de place donc d’argent. Pas de vélos donc. L’essentiel de la production de véhicules neufs étant maintenant en duplex, le TGV de l’avenir sera donc sans vélos. Belle perspective ! Le seul espoir tient dans la rénovation des TGV Atlantique.

En conclusion, nous avons donc quelques TGV acceptant les vélos, vers une sélection de destinations. Certaines villes restent totalement inaccessibles (Royan, Rennes…). Pour les autres, nous avons un service souvent minimum, avec peu de trains, et surtout une capacité faible (4) qui ne permet pas à un groupe de voyager ensemble dans un seul train.
La solution MDB : lorsque les délais le permettent (montée et descente aux terminus), il est possible de mettre jusqu’à 7 vélos dans le local d’un TGV. Il suffit d’intercaler 3 vélos entre les 4 autres placés normalement, en les maintenant aux crochets voisins à l’aide de sangles. La manipulation prend un peu de temps, mais au final les 7 vélos n’occupent pas plus de place que 4 accrochés de façon normale. Cette méthode nous avait été officiellement autorisée par un correspondant vélo SNCF qui a aujourd’hui changé de fonction. Les compétences se perdent…

Les trains de nuit

Anciennement appelés « Service Nuit », maintenant « Lunéa », les trains de nuit avec local vélo payant avaient tout pour plaire: un local vélo spacieux dans la voiture 47, des couchettes bien équipées situées dans le compartiment voisin, lequel était réservé aux cyclistes. Dans un groupe, chacun pouvait prendre son billet « vélo » individuellement et avoir l’assurance de se retrouver dans le même compartiment que ses coéquipiers ! Force est de constater que ce service s’est quelque peu dégradé : il n’y a plus de garantie d’être dans le compartiment voisin du local, mais seulement dans la même voiture. De plus les agents SNCF font preuve d’un étrange laxisme, omettant de contrôler les réservations vélo. Cela n’est pas forcément pour nous déplaire, car cela permet d’outrepasser la limitation arbitraire à 6 vélos dans ce local où 9 vélos peuvent facilement trouver place en étant soigneux, quitte à avoir sa couchette 3 voitures plus loin. Mais la garantie offerte par la réservation payante disparaît; on préfèrerait une plus grande rigueur, mais avec tolérance officielle (et comptabilisée) du dépassement de capacité lorsque les cyclistes sont membres d’un même groupe. Mais le meilleur est pour la fin: lors d’un voyage récent, ayant tous dûment payé notre réservation vélo, quelle n’a pas été notre surprise, en voyant arriver le train fraîchement repeint aux couleurs « Lunéa », de constater que la voiture 47 ne comportait pas de local vélos ! Nonchalante, la contrôleuse constate « Ah oui en effet, ils n’en ont pas mis… » Qu’importe, les vélos voyageront dans les lingeries; mais si au lieu de 4 nous avions été 6 ?

Les trains à local gratuit

Une joyeuse pagaille règne dans le domaine des trains à locaux gratuits. Plutôt qu’une division entre Corail (« Grandes Lignes ») et TER, qui n’est que purement administrative, c’est le type de véhicule qui détermine le modèle d’aménagement.

  • Dans les voitures de type Corail, largement répandues aussi bien parmi les Corail Grandes Lignes que les TER, on rencontre le plus souvent un local de type « compartiment sans banquettes ». De la même taille que celui des trains de nuit, il est prévu pour 6 vélos. Dans la pratique, on y met jusqu’à 9 vélos en les rangeant soigneusement tête-bêche et parallèles à la vitre. Et pour les cas extrêmes, on peut passer en rangement « vertical »: parallèles à la vitre, roue arrière au sol, avant en l’air, guidon vers la paroi, alternativement un à gauche et un à droite, bloqués les uns contre les autres, on arrive à loger 16 vélos, expériences à l’appui. L’opération est même possible durant le temps imparti à un arrêt « minute »… Mais si tout le monde ne descend pas au même endroit, mieux vaut mettre les premiers devant ! Parmi les défauts, citons l’étroitesse du passage dans le couloir, surtout avec un guidon large, et la hauteur depuis le quai; en conséquence les difficultés à charger/décharger un vélo seul.
  • Certains trains Corail étaient équipés de fourgons, les fameux B6Du. De la taille d’une demi-voiture, ils permettaient de loger un nombre impressionnant de vélos, confort absolu pour les grands groupes. A leur passif, la hauteur de chargement (de l’ordre de 1,50 m), et la nécessité de faire intervenir le contrôleur pour l’ouverture de la porte. Ce type d’aménagement ne se trouve plus sur les Corail GL, mais existe encore sur certains TER.
  • En voie de disparition, de nombreux TER utilisant des véhicules automoteurs (autorails) anciens disposaient d’espaces vélos de tailles très variables : de la remorque avec fourgon de queue où tenaient 10 vélos jusqu’à l’espace minuscule où 2 vélos tiennent à peine derrière le poste de conduite. Avec en commun une hauteur de chargement astronomique, difficile à franchir seul.
  • En remplacement, les nouveaux automoteurs Alstom ou Bombardier disposent en général d’emplacements verticaux bien définis avec crochets, au nombre de 2 à 6 par rame (certains trains pouvant atteindre 3 rames), avec un seuil de chargement à niveau. Il est souvent possible d’y appliquer la méthode « MDB » (comme pour les TGV): insertion d’un vélo supplémentaire entre 2 crochets, ou plus simplement de répartir les vélos sur les plates-formes de taille généreuse. L’accrochage du vélo sur les supports peut être difficile à effectuer par une personne seule. Ce type de véhicule se rencontre parmi les TER, mais aussi parfois sur des grandes lignes appelées malgré tout « Corail » (exemple: Paris-Granville).
  • D’autres véhicules peuvent se rencontrer: Citons les « Aqualys » Paris-Tours, voitures Corail équipées d’emplacements à crochets (méthode « MDB » possible); les rames type « banlieue » à 2 niveaux où toutes les plates-formes peuvent accueillir 2 à 4 vélos sur la barre centrale ; etc.

En résumé : un train marqué « vélo » peut avoir de 2 à 40 emplacements vélos. Pour les voyages en groupe, les correspondants vélo (voir ci-dessous) devraient être en mesure d’indiquer aux organisateurs la capacité des trains qu’ils souhaitent emprunter. Ils ne parviennent en fait que rarement à obtenir cette information, et la meilleure appréciation reste d’aller observer soi-même le train à la gare d’arrivée ou de départ quelques jours avant.
Autre déficience, peut-être la plus criante : le peu de fiabilité de l’information. Il reste bien trop fréquent que des trains marqués « vélos » sur le site web ou les horaires n’aient en fait aucun emplacement, et que des trains « non-vélos » en aient, au gré des disponibilités des voitures. Comment voulez-vous vraiment profiter d’un service aussi peu fiable ?

Les solutions de secours

Lorsque le train que vous attendez arrive sans le local espéré, il reste souvent des solutions plus raisonnables que d’attendre le prochain train. Les voici en vrac.

  • La housse . Préconisée comme remède miracle par les guichetiers, cette housse de dimensions 120x90cm maxi s’achète chez les vélocistes ou grandes surfaces (15 euros, selon modèles) et peut se glisser sur les étagères à bagages des TGV ou des Corail. Seul un vélo de type « course », dépourvu de garde-boue et ayant un guidon étroit, peut pénétrer entièrement dans cet emballage sans autre démontage que les roues. Les vélos de randonnée avec porte-bagages et garde-boue, et même les VTC à guidon large, ne peuvent pas y tenir sans un démontage intégral de nombreuses pièces. Or les mécanismes soigneusement ajustés et graissés d’un bon vélo supportent très mal ces démontages et remontages à la va-vite. Donc soit on laisse dépasser un bout, et ça ne rentre plus sur l’étagère, soit on n’emballe pas, ce qui revient à peu près au même. La belle housse n’est plus qu’un prétexte pour contrôleurs zélés, et le vélo encombre le couloir… Si le passage par un TGV bitrochosophobe[[Le sens de ce mot vous échappe ? C’est que vous avez manqué le Vélorallye. Tant pis pour vous (NDLR)]]. est inéluctable, la solution la meilleure reste encore d’utiliser pour l’occasion un vélo « spécial » minimaliste, par exemple un course des années 70 sur lequel on greffe un porte-bagages le plus petit possible. Mais il faut encore se coltiner la housse devenue inutile une fois en selle !
  • Les plates-formes Corail . Certaines voitures Corail disposent, à l’extrémité en face du bloc technique, d’une petite plate-forme de 90 x 90cm environ délimitée par une main courante, et destinée à recevoir des bagages encombrants. Deux ou trois vélos peuvent parfaitement y prendre place verticalement. Le problème est l’arrimage, peu de points d’ancrage étant disponibles ; des sangles (préférables aux tendeurs élastiques) pourront être tendues entre les vélos, la rambarde et quelques aspérités de la paroi. Mais ces plates-formes sont rares, typiquement toutes les 3 voitures ou moins.
  • Les locaux techniques . L’utilisation de ces locaux nécessite la complicité du contrôleur ou autre agent. Sont parfois disponibles: les lingeries des trains de nuit (2 vélos), les compartiments des contrôleurs (1 à 3 vélos), le fourgon postal des TGV (1 vélo), le poste de conduite des autorails (1 vélo)…
  • la dernière voiture . Deux à quatre vélos peuvent occuper la plate-forme de queue qui n’a pas sa fonction de couloir de communication.
  • Un compartiment vide , dans un train de nuit, peut accueillir 2 à 3 vélos.

Les sources d’information

  • Le site web de réservation de la SNCF : www.voyages-sncf.com . Incontournable pour vérifier les horaires, ce site a l’avantage d’être actualisé régulièrement. Les trains disposant d’un local à vélos sont signalés par un petit logo « vélo », y compris les TGV et les trains de nuit (Lunéa). Attention cependant, aucun signe ne différencie les trains à réservation vélo payante (Téoz, Lunéa, TGV) des trains à local vélos gratuit (Corail, TER). Vous êtes censé le savoir ! Voyages-sncf reste lourd à manipuler, malgré de récentes améliorations.
  • Le CDROM « Horaires SNCF » . Édité deux fois par an (hiver et été), ce logiciel contient l’intégralité des horaires français. Il permet la recherche de trajets comme le site voyages-sncf, ainsi que l’affichage de la desserte complète de chaque train (façon fiche-horaire); une recherche par numéro de train est possible. Les trains disposant d’un local à vélos sont signalés par un pictogramme, mais là non plus, pas de différenciation entre payant et gratuit. Il est très utile pour la mise au point de trajets « difficiles », surtout en absence de connexion internet. Inconvénient: il arrive fréquemment que des trains soient modifiés après sa parution; une ultime vérification sur voyages-sncf s’avère nécessaire. Vendu 8 euros dans les boutiques « Relay » des grandes gares, et 12,50 euros par correspondance (chèque à l’ordre de la SNCF) à : SNCF Documents Clientèle – Service Vente par Correspondance – 91167 Longjumeau Cedex 9. Offert aux titulaires d’une carte « Grand Voyageur ». Attention : compatible MS Windows uniquement.
  • Les fiches-horaires et livrets régionaux . Disponibles dans les gares et boutiques SNCF. Les trains disposant d’un local à vélos sont signalés par un pictogramme, sans distinction gratuit/payant. Soumis aux mêmes aléas de parution que le CDROM.
  • Le guide du voyageur en ligne : www.voyages-sncf.com/info_resa/guide_du_voyageur. Outre les informations générales, on y retrouve les fiches-horaires à télécharger ainsi qu’un plan du réseau, et la rubrique train+vélo.
  • Le site web www.velo.sncf.com . Censé remplacer le guide train + vélo papier qui n’est plus édité, ce site web n’est en fait qu’un portail dont les liens renvoient vers différentes rubriques du site voyages-sncf, notamment le guide voyageur. Permet de localiser plus facilement une information diffuse.
  • Les correspondants « groupes/associations cyclistes » de la SNCF . Il y a un correspondant vélo dans chaque grande gare ou secteur. Il est l’interlocuteur privilégié des associations pour l’organisation de trajets en groupes avec vélos. Ils peut apporter des précisions concernant le type d’équipement vélo dont dispose un train, conseiller ou refuser des trains en fonction de l’affluence estimée, donner l’autorisation pour un nombre de vélos supérieur à la capacité officielle, prévenir le personnel SNCF des gares de départ et d’arrivée du groupe. Il est souhaitable de le consulter avant chaque trajet en groupe, surtout dans le cas de train sans réservation vélo, afin d’éviter les collisions entre groupes. Malheureusement, les correspondants faisant preuve d’efficacité restent rares… Le contact s’effectue par téléphone, courrier, fax ou e-mail. Consultez MDB pour obtenir les coordonnées du correspondant en charge de votre trajet si vous prévoyez d’organiser un voyage en groupe avec vélos.
  • Les sites web des chemins de fer allemands (www.bahn.de) et suisses (www.sbb.ch/fr) . Permettent une recherche de trajets sur le réseau français avec une vitesse et une facilité déconcertantes. Le site suisse est un modèle de simplicité et d’efficacité, et est capable d’afficher beaucoup plus de trajets avec correspondances que ne le suggère la SNCF. En revanche, aucun de ces deux sites ne donne des informations concernant le vélo pour le réseau français.

L’achat des billets

L’achat des billets individuels pour les trains sans réservation vélo peut se faire par tous les moyens classiques (guichet, internet, téléphone). En revanche, pour les trains avec réservation vélo payante , les choses se compliquent…

  • Il n’est pas possible d’acheter la réservation vélo via internet (www.voyages-sncf.com). Il suffirait pourtant d’une case à cocher supplémentaire… Exit donc les moyens modernes et les tarifs PREM’S avantageux !
  • Au guichet : il faut bien insister sur le point « avec réservation d’un emplacement vélo ». Certains guichetiers ne savent pas que ça existe, d’autres croient que vous voulez louer un vélo… Un indice : suggérez-leur de regarder dans la rubrique « contingent », il devrait y avoir une section « vélo ». Ils seront fiers de montrer ça à leurs collègues ! Et si vous êtes deux à voyager, précisez que vous voulez deux emplacements vélo : ce n’est pas évident pour tous (vécu !).
  • Au téléphone (36 35) : comme au guichet, un peu moins difficile car les standardistes ont plus l’habitude et vous ne faites pas la queue. Mais c’est vous qui payez la communication…

Pour un billet de groupe (à partir de 10 personnes, 20 % de réduction), les choses ne sont pas très claires. Certains guichetiers accepteront de délivrer un billet de groupe sans formalités, d’autres renverront vers le service de voyages en groupes (voir www.voyages-sncf.com/groupes), qui offre des avantages (places étiquetées avec le nom du groupe, étiquettes pour bagages…) mais engendre des délais supplémentaires; mieux vaut s’y prendre tôt.
En tout état de cause, il ne saurait être question de billet de groupe avec réservations vélo payantes, vu que les trains concernés n’offrent en général que 6 emplacements ! A moins d’un accord avec le correspondant vélo…

La page Vélo+Train sur le site de la FUBicy

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