Sophiane avait 32 ans. Elle se rendait à vélo au travail lorsqu’elle a été écrasée par un camion de chantier qui amorçait un virage. Ce drame a résonné en chacune d’entre nous. Il nous a aussi tristement rappelé les décès similaires d’autres, dont Armelle, il y a six ans à Paris, Emma à Boulogne-Billancourt en 2021, et Aneymone à Aubervilliers en 2022.
Nous lui avons rendu hommage en déposant un vélo blanc à l’endroit de l’accident, dans le 8e arrondissement. Une centaine de personnes étaient présentes le 26 avril dernier lors de ce rassemblement.
Face à la répétition de ces accidents, nous sommes en colère, car le vélo n’est pas une activité dangereuse. Ce qui est en revanche dangereux, c’est de nous obliger à rouler au milieu de la circulation, à la merci des camions, sans piste sécurisée ni aménagement au niveau des carrefours.
Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des solutions pour permettre aux femmes, qui sont les premières victimes de ces accidents mortels, de rouler à vélo en toute sécurité et pour rendre ce mode de déplacement accessible à toutes et à tous.
C’est pour cette raison que nous avons interpellé ces dernières semaines les élus locaux et les députés pour leur demander d’agir. Il faut aménager de manière pérenne ce carrefour, séparer les cyclistes des camions pour éviter qu’elles ne se fassent couper la route par surprise, ajouter un panneau M12 sur le feu rouge où Sophiane a perdu la vie. A plus long terme, ce carrefour ainsi que l’avenue Roosevelt doivent être sécurisés par des barrières physiques. En outre, nous demandons la mise en place d’un observatoire des accidents mortels à vélo en Île-de-France, et en particulier de ceux qui touchent des femmes pour vérifier qu’ils ont bien fait l’objet d’un plan d’action. Enfin, nous demandons une réforme législative pour obliger les entreprises à équiper leurs camions de systèmes anti-angle mort.
L’organisation de cet hommage à Sophiane a réuni une centaine de personnes et plusieurs élu·es parisien·nes. Il a donné lieu à plusieurs articles de presse et à des échanges avec le vidéaste Altis Play. Dans la foulée, une trentaine de femmes a demandé à rejoindre le groupe Facebook du collectif Elles à vélo.
Elles à vélo : un collectif initié par des femmes adhérentes de MDB pour une sororité cyclable
Nous l’avons toutes plus ou moins vécu : « l’expérience vélo » n’est pas la même que l’on soit un homme ou une femme : aménagements, équipements, violence routière, remarques désobligeantes. Les femmes cyclistes sont aussi sous représentées dans les médias et dans les lieux de décision autour du vélo, qu’ils soient politiques ou associatifs. Cette expérience commune nous a conduites à créer à l’automne 2023 le collectif « Elles à vélo ».
Nous avons aussi créé une communauté sur Facebook réservé aux femmes, qui compte désormais plus de 1 000 membres. Dans le même temps, nous avons rédigé un manifeste en faveur des femmes à vélo, construit autour des axes suivants :
- Lutter contre les stéréotypes
- Rendre les femmes à vélo plus visibles
- Développer l’autonomie
- Pour la santé et le bien-être
- Pour la sécurité de toutes et tous.
N’hésitez pas à nous rejoindre !
