Samedi 7 février, nous étions 111 adeptes de la petite reine à nous réunir dans la salle de la Maison des Associations du 13e arrondissement. Tous les âges étaient représentés. Qu’est-ce qui a contribué à attirer une telle foule à cette journée obligatoire et souvent assez rituelle ? Sans doute plusieurs facteurs, dont peut-être le fait que le MDB a trente ans cette année et que les adhérents sont invités à prendre des décisions importantes pour l’avenir de leur association.
D’abord, voyons le passé…
Deux événements phares ont eu lieu au cours de l’année écoulée.
En mai, la journée des Assises du stationnement a connu un vif succès avec beaucoup de participants d’horizons divers. Malheureusement, depuis, nous reconnaissons un indéniable sentiment de frustration, car aucune suite ne semble être donnée, que ce soit la publication des Actes, que ce soit l’organisation de rencontres en groupe de travail restreint avec des responsables du monde immobilier.
En septembre, le congrès Velo-city a permis aux Parisiens d’accueillir des cyclistes venus de nombreux pays et d’échanger avec eux. Le MDB a pleinement joué son rôle lors de cet événement en hébergeant gratuitement les cyclistes associatifs et en organisant des visites guidées d’une sorte particulière, car le thème était les aménagements cyclables à Paris. Plusieurs MDBistes ont exprimé une certaine déception par rapport au congrès lui-même qui leur était inaccessible, car trop cher. Ils avaient le sentiment que la vie militante n’avait pas sa place dans cette grande réunion de cyclistes.
Parmi les autres faits marquants de l’année, citons la randonnée annuelle, transformée en Paris-Beauvais, les manifestations ayant pour thème « les contre-sens cyclables » de la rue Saint-Sulpice et du quartier de la Tombe-Issoire, les innombrables réunions avec les élus et techniciens au niveau régional ou local et le groupe de travail avec la SNCF.
Du côté des finances, la situation est saine. Les cotisations indiquent la relative stabilité du nombre d’adhérents, autour de 540. On peut regretter que ce chiffre ne décolle pas, d’autant que le nombre potentiel augmente ; il y a de plus en plus de cyclistes dans les rues, mais qui ne connaissent pas le MDB. D’autre part, nous avons reçu une subvention de la part d’Yves Cochet, de sa réserve parlementaire.
Les rapports moral et financier ont été approuvés à la quasi-unanimité.
Et l’année qui vient…
Le grand événement qui va changer la vie de l’association, est l’arrivée de la subvention de la Mairie de Paris. La somme de 30 000 euros a été versée sur le compte à la fin décembre, en principe pour l’exercice 2003, mais dans la pratique pour l’année suivante. Cet argent est prévu essentiellement pour permettre l’embauche d’un permanent qui assurera une présence au local et soulagera un peu les responsables associatifs des tâches matérielles régulières. Ce permanent devra avoir, entre autres qualités, une sensibilité cycliste, mais s’il ne possède pas de bicyclette ou habite loin en banlieue, l’association pourrait peut-être lui fournir un vélo de fonction. Quelques personnes présentes expriment une réserve devant une subvention qui représente une proportion si importante du budget global : c’est bien tant que ça dure, mais qu’adviendra-t-il si la subvention n’est pas reconduite ? Ne serons-nous pas liés à la Ville et incapables de jouer notre rôle d’interlocuteur pas toujours d’accord avec les décisions officielles ? Évidemment, c’est un risque dont il faudra se méfier. Cependant, la décision de demander une aide à la Ville avait été votée par l’Assemblée générale il y a deux ans et, ce genre de démarche étant souvent assez long, la demande n’aboutit que maintenant.
Pierre Toulouse nous présente alors un projet d’orientation où il nous invite à profiter de l’occasion de l’arrivée du salarié pour redynamiser l’association. Selon lui, depuis quelques années, le bureau tourne en rond et ne représente pas toujours les options et souhaits des adhérents. Cela est dû en partie à la faiblesse du bureau et aux difficultés à être en contact, malgré les moyens modernes de communication. Il pense que le MDB est trop souvent perçu comme étant en opposition systématique pour le simple plaisir de dire non. Il faut savoir dialoguer, écouter et parfois accepter des compromis. Il remarque, mais cela n’est pas nouveau, qu’avec 500 adhérents, nous ne sommes pas une importante force de proposition. Il faudrait multiplier ce chiffre par trois ou quatre au moins. Un moyen d’y arriver serait de proposer des services, tels que aide juridique, assurances, marquage de vélos, etc. Ce serait suivre l’exemple des grandes associations cyclistes européennes et québecoise.
Abel Guggenheim nous présente, illustrations à l’appui, un historique des aménagements cyclables dans Paris. Il avertit que ce n’est pas le moment d’abandonner l’aspect militant et revendicatif de l’association, car après un beau départ de 1995 à 1998 et un progrès régulier de 1998 à 2001, 11 kilomètres seulement d’aménagements cyclables ont été réalisés depuis 2001, l’essentiel de ce kilométrage ayant été terminé dans les trois semaines précédant le congrès Velo-city. Le couloir bus protégé étroit du quai de la Mégisserie a été élargi, mais de nouveaux couloirs non élargis sont apparus rue Saint-Quentin dans le 10e et quai Panhard-et-Levassor dans le 13e. Il souhaite que le MDB continue à agir comme il l’a toujours fait : quand un aménagement est réussi, il faut le dire haut et fort, mais quand il est raté ou qu’il tarde à voir le jour, il faut aussi savoir le dire.
Changements importants
Après trente années d’existence du MDB, le bureau a souhaité préparer l’avenir avec deux propositions : d’une part, simplifier et moderniser les statuts et, d’autre part, envisager un changement de nom pour l’association. Tout un programme !
Un long travail de « toilettage » des statuts avait été réalisé, avec trois volets majeurs : recentrer la définition de l’objectif de l’association et ses moyens d’agir, créer un conseil d’administration et étendre la possibilité d’adhésion à des associations et à des personnes morales. Certains ne comprenaient pas pourquoi il fallait toucher aux statuts, étant donné l’absence d’enjeu immédiat. Par ailleurs, les nouvelles possibilités d’adhésion proposées sont perçues comme conduisant à un changement en profondeur de la nature même du MDB, car celui-ci deviendrait alors, en partie, une fédération d’associations. Ce n’est pas la première fois que ce type de configuration est soumis à discussion, mais le débat n’a pas abouti à ce jour. Or, il serait plus prudent de décider sereinement pour ou contre l’évolution du MDB vers ce genre de structure et de modifier les statuts en conséquence. Quant aux amendements proposés à l’article 3 qui décrit l’objectif de l’association, quel tollé contre tout changement ! Son langage suranné plaît aux adhérents, car il rappelle l’état d’esprit qui a conduit à la création du MDB. Alors, on ne touche pas du tout aux statuts ? Presque, mais le bureau qui a des moyens limités, nous n’arrêtons pas de le dire, plaide pour la création d’un conseil d’administration afin d’avoir un palier intermédiaire entre lui et les membres. Alors quelques amendements sont votés : le conseil d’administration de trente membres renouvelable par tiers, la réduction de deux à un an d’ancienneté pour être éligible au bureau, la mention spécifique de l’organisation des balades dans les activités de l’association afin d’éviter tout litige avec la compagnie d’assurances et le retrait de toute clause accordant aux anciens présidents la qualité de membre de droit du bureau ou du conseil d’administration. Dans le courant de l’année, une réunion sera organisée au local pour débattre des autres changements proposés mais non retenus aujourd’hui. Tous les adhérents intéressés y seront conviés.
Une Merveilleuse Dose de Bonheur
Voilà ce qui aurait très bien pu être le développement du sigle MDB. Quel rêve… mais il faut être réaliste. Depuis quelques années, autant parmi les cyclistes que les non cyclistes, le mot « défense » posait un petit problème. Au début, le vélo était vraiment marginal et sur la défensive, mais depuis une dizaine d’années, la situation a bien évolué et le vélo bénéficie d’une image positive pour la plupart des gens. Lors de l’assemblée générale de 2003, la possibilité de changer le nom de l’association avait été évoquée par quelques participants, mais le sujet n’étant pas à l’ordre du jour officiel, il ne pouvait être valablement débattu. C’est chose faite cette année. Un travail préparatoire avait été réalisé au cours de l’année 2003-2004 : d’abord une consultation des adhérents afin de recueillir des suggestions, puis une réunion d’adhérents un samedi matin au local pour faire un premier choix parmi ces différentes suggestions en tenant compte de leur fréquence. La consigne, selon le vœu exprimé par la majorité, était de garder le sigle, ce qui était une contrainte bénéfique. De tous les noms proposés, deux étaient ressortis loin devant les autres : « Mouvement pour Développer (ou le Développement de) la Bicyclette » et « Mieux se Déplacer à Bicyclette ». Le vote aujourd’hui donne une majorité en faveur du changement de nom et le choix du nom s’est porté sur le deuxième.
L’assemblée générale s’est terminée par l’élection du premier Conseil d’administration. Un appel à candidatures a produit une liste de 31 noms ! Face à cette réponse aussi positive, qui répond visiblement à un besoin, nous avons décidé que pour cette année, exceptionnellement, nous garderions tous les noms proposés.
Voilà une page de tournée dans la vie de l’association et une nouvelle aventure qui commence. Nous espérons que le fondateur du MDB, Jacques Essel, appréciera la vigueur de sa création d’il y a trente ans et ne nous en voudra pas trop d’avoir changé l’étiquette. La cause reste la même.
Un grand merci à Denis Moncorgé qui a animé cette assemblée avec tact et bonne volonté.
Camille Lalande