Elections locales : ce que veulent les cyclistes franciliens

Le vélo
est le moyen le plus efficace de se déplacer en ville sans
ajouter à la pollution ambiante qui est, chacun le sait,
essentiellement due aux transports motorisés. MDB milite
depuis plus de trente ans pour que cette évidence soit
reconnue, et continuera à le faire de façon
constructive, quelle que soit l’appartenance politique des élus.




MDB donne ses réponses
aux questions suivantes :




1 Quelle
politique d’aménagements ?

2 Quel entretien
des aménagements ?

3 Quelle évolution
de la réglementation ?

4 Quelle politique
de stationnement ?

5 Quelle éducation
pour les futurs cyclistes et non cyclistes ?

6 Quelle
communication pour promouvoir l’usage du vélo ?

7 Quels
encouragements pour les professionnels ?

8 Comment favoriser
les liaisons inter-villes et le transport multimodal ?

9 Quelle ambition
pour une politique vélo ?






1.
Quelle politique d’aménagements ?


La
politique d’aménagements cyclables a été menée
depuis plus de dix ans, de manière malheureusement inégale
dans notre région. Dans notre pratique quotidienne, nous
pouvons constater l’effet extrêmement important des
aménagements créés sur le développement
de la pratique du vélo. C’est pourquoi le premier vœu
que nous émettons est que chaque collectivité locale
poursuive et amplifie l’effort dans ce sens et que l.es
associations de cyclistes soient associées à tous les
stades de réalisation d’un projet d’aménagement.

Il n’est
que de voir la différence de population cycliste entre les
secteurs aménagés et ceux qui ne le sont pas.

Ces
aménagements, quelle que soit leur qualité, présentent
un double intérêt :

  • donner
    confiance à des cyclistes potentiels de tous âges qui
    hésitent à se lancer dans la jungle motorisée ;

  • rendre crédibles
    et visibles les déplacements à vélo et en
    renforcer la légitimité.

Le
traitement des « points durs » doit être
une priorité. Parmi ceux-ci, les nœuds autoroutiers,
ponts, fleuves, portes de Paris représentent souvent des
obstacles difficilement franchissables par les cyclistes non
aguerris. Les grandes places et carrefours importants sont également
souvent décourageants..

Dans la
poursuite d’une politique d’aménagements, il faut
maintenant privilégier la continuité des itinéraires
et, dans la mesure du possible, leur homogénéité.
Cela seul permettra d’offrir de vrais axes de déplacement
dans l’agglomération, au-delà du quartier.

Pour plus
d’efficacité et de sécurité, il nous
paraît indispensable de :

  • systématiser les « vues à 0 »
    (absence de bordures
    à franchir),

  • bannir
    les angles droits,

  • limiter les feux et, en particulier ceux imposés aux seuls
    cyclistes,

  • jalonner
    des axes spécifiques,

  • généraliser les zones 30,

  • régler les ondes vertes sur des vitesses compatibles avec
    celle des cyclistes,.

  • choisir des revêtements de qualité compatible avec les
    circulations des cyclistes (roulant et antidérapant),

  • réaliser des aménagements correctement éclairés.

Rappelons
enfin que pour MDB, la
place nécessaire aux aménagements cyclables à
créer doit être gagnée sur l’espace dévolu
à la circulation motorisée, et pas au détriment
des espaces piétons
.

2. Quel
entretien des aménagements ?


Une
fois ces aménagements créés, il faut les
entretenir. Les éclats de verre ou débris végétaux
qui crèvent les pneus, les feuilles qui glissent et masquent
les trous, les nids-de-poule, le revêtement qui part en
lambeaux, les interruptions de pistes liées aux travaux, les
végétaux non élagués qui empiètent
sur les pistes… sont autant de désagréments face
auxquels il faut intervenir en priorité.

3. Quelle évolution de la réglementation ?


Le « code de la
rue » est une évolution des règles de
circulation en ville du code de la route en cours depuis plusieurs
années en Belgique mais auquel nous commençons
seulement à penser en France, sous l’impulsion du Club
des villes cyclables et de la Fubicy. MDB est mobilisé sur ce
thème et participe à l’élaboration de ce
nouvel outil réglementaire.

Sans
attendre, le code de la route et le code général des
collectivités territoriales accordent aux autorités
locales des pouvoirs importants en matière de réglementation
des déplacements. (notamment les articles,
R415-15, R411-3,
R411-4 et R431-9 du
code de la route, et les articles
L2213-1 et L2213-2 du
code général
des collectivités territoriales).


Les
initiatives des élus peuvent donc être déterminantes :
chacun peut constater que des « aménagements »
des plus efficaces sont parfois obtenus sans investissements
importants.

La
généralisation au sein de tous les quartiers
tranquilles de contresens
cyclables sans aménagement

est une mesure emblématique. Facile à mettre en œuvre
et économique, elle décuple les possibilités
d’itinéraires et reconnaît la nature particulière
du cycliste parmi les usagers de la voirie.

Cette
mesure peut et doit se développer, pour accompagner
l’instauration du « code de la rue ».

Dans
l’attente d’une généralisation au niveau
national, la multiplication des contresens cyclables peut se faire à
une grande échelle et être accompagnée d’un
système de signalisation spécifique permettant de
guider les cyclistes, et d’un gros effort de communication de
la part des élus, afin de faciliter la compréhension
des autres usagers.

4. Quelle politique de stationnement ?

  • Le développement
    des lieux de stationnement sécurisés doit être
    une priorité absolue. La multiplication des systèmes
    fiables d’accrochage sur la voirie que l’on connaît depuis
    plusieurs années doit se poursuivre à un rythme
    d’autant plus élevé que la « concurrence »
    avec les deux-roues motorisés se fait de plus en plus âpre,
    diminuant d’autant la capacité des mobiliers existants.

  • Le stationnement sur les
    lieux de travail ou d’activité est à développer
    également, pas seulement dans les entreprises mais aussi dans
    les collèges, les lycées, les universités et
    autres lieux d’étude ainsi que sur les lieux de loisirs :
    cinéma, gymnases, piscines, théâtres ou de
    commerce (grands magasins)…

  • Nous militons auprès
    des opérateurs de transports (SNCF en particulier) pour que
    soient multipliées par cent les places de vélo aux
    abords immédiats des gares. Cette mesure, en minimisant les
    « ruptures de charge », permettrait un report
    des trajets en voiture au profit de transports combinés train
    et vélo. Nous demandons aux collectivités d’appuyer
    concrètement nos actions.

  • Il faut entreprendre une
    politique beaucoup plus ambitieuse en matière de stationnement
    au domicile :

    • en exigeant que les
      syndics de copropriété incitent les copropriétaires
      à autoriser le stationnement dans les cours d’immeubles ;

    • en
      réservant des places sécurisées pour stationner
      les vélos dans les parkings ou dans des locaux spécifiques
      bien au-delà des quelques mètres carrés prévus
      au PLU dans les constructions neuves ;

    • en
      initiant des expériences de mutualisation des stationnements
      entre immeubles voisins à l’occasion de constructions ou de
      réhabilitations ;

    • en aménageant des
      aires de stationnement résidentiel sur la voirie lorsque le
      stationnement des vélos est impossible dans les immeubles, ce
      qui est souvent le cas dans les quartiers anciens.

5. Quelle éducation pour les futurs cyclistes et non cyclistes ?


Les
responsabilités des élus vis-à-vis des
établissements d’enseignement sont importantes. Il existe de
nombreuses pistes pour favoriser la prise en compte du vélo
par les jeunes et leurs parents : activités au sein des
centres aérés, fourniture de vélos et
d’équipements adaptés, sorties en petits groupes en
lien avec des acteurs de la sécurité routière ou
encadrées par des parents volontaires, organisation de
vélobus, etc.


L’apprentissage du vélo
et de la circulation urbaine fait partie des apprentissages
fondamentaux pour les jeunes citadins.

6. Quelle communication pour promouvoir l’usage du vélo ?


Une
politique volontariste ne saurait se passer d’un support fort de
communication. Celle-ci doit évidemment porter sur les
aménagements ou sur les modifications réglementaires ;
contresens cyclables, code de la rue, règles mal connues –
que ce soit par les automobilistes (distances de dépassement,
priorités) ou par les cyclistes (circulation sur trottoir,
validité pour les cycles des feux piétons sur les voies
traversantes…). De même, les agents des services
(propreté, voirie, police, espaces verts) doivent être
incités à tenir compte des vélos dans leurs
activités professionnelles. MDB est prêt à
s’associer à la définition d’une formation sur ce sujet

Une
politique volontariste doit également s’appuyer sur les
moyens de la ville pour mettre au premier plan des événements
tels que la fête du vélo, la semaine de la mobilité,
les salons du cycle, les bourses aux vélos, etc. Pour cela, il
faut que les innombrables obstacles administratifs qui président
à toutes ces manifestations soient levés et que les
moyens des services de la communication soient mis en œuvre à
une échelle suffisante.


Pour
amener les citoyens à bouleverser leur mode habituel de
transport, il faut que les leaders d’opinion, et en particulier les
élus, donnent l’exemple en utilisant le vélo pour
leurs déplacements.

Une fois
les usagers passés au vélo, il faut qu’ils puissent
bénéficier d’un système propre d’information ;
nous demandons que soient imaginés sur les principaux
aménagements cyclables des panneaux d’affichage ou autres
systèmes d’information spécifiques (panneaux à
messages variables, système de type RDS, etc.). Les
associations « reconnues » pourraient ainsi
profiter de ces systèmes pour faire passer leurs messages.

Une
communication spécifique doit également être
menée avec les professionnels de la santé pour
valoriser les bienfaits d’une pratique quotidienne dans la lutte
contre l’obésité et la sédentarité. Un
travail dans ce sens devrait être entrepris auprès des
services de santé.

Enfin, que
ce soit à l’attention des policiers ou des usagers, les
collectivités locales doivent mettre tout leur poids dans le
développement de l’information sur les avantages du système
de gravage mis au point par la FUBicy, qui permet aux forces de
l’ordre d’entrer en contact avec le propriétaire d’un vélo
retrouvé sur la voie publique.

7. Quels encouragements pour les professionnels ?


La densité
d’implantation des vélocistes est un gage de confort
pour les cyclistes. Aider à l’installation de nouveaux
magasins de services, en réservant des emplacements sur la
voirie, favoriser l’apprentissage de la réparation des vélos
(préparation des CAP et BEP) sont encore des actions que les
villes, les départements et la région peuvent et
doivent mener.


Au-delà de ces
aspects professionnels, le recours au tiers secteur est une piste à
suivre : soutien aux associations, créations de maisons
du vélo…

Apprendre
à conduire son vélo en ville, apprendre à
l’entretenir, le faire graver, le garer dans la journée,
découvrir des itinéraires, organiser des bus cyclistes
(un trajet fixe encadré par un bénévole avec des
horaires précis pour les arrêts), faire découvrir
la ville à vélo en lien avec le service des affaires
culturelles, assurer un service de courses… les idées ne
manquent pas qui peuvent multiplier les services tout en créant
de l’emploi, voire développer les systèmes d’insertion
professionnelle.

MDB et
ses antennes sont prêts à s’engager dans ces directions
mais il leur faut pour cela un appui politique fort.

8. Comment favoriser les liaisons inter-villes et le transport multimodal ?


Le développement des
liens entre Paris et la banlieue, mais aussi des liaisons de banlieue
à banlieue, constitue un axe politique majeur.


Nous demandons que les
itinéraires concernant plusieurs collectivités puissent
être pris en charge et gérés par une collectivité
de niveau supérieur.

Continuité
des aménagements, aussi bien de jour comme de nuit et en
toutes saisons, cofinancement de parcs de rabattement sur les gares
et RER… : ces pistes d’action exigent une prise en compte extra
communale. L’intermodalité, en particulier le développement
des systèmes "train + vélo", trouve ici tout
son sens.

9. Quelle ambition pour une politique vélo ?

C’est
d’une politique ambitieuse que nous avons besoin pour
développer l’usage du vélo comme moyen de
transport urbain efficace et non polluant : une politique qui ne
se contente pas d’aménager la voirie, mais qui
intervient dans l’économie, l’urbanisme, l’éducation
et la communication.

Il
nous paraît donc indispensable que les interlocuteurs vélos
et leurs équipes soient placés
directement sous l’autorité du maire ou du président de
la collectivité locale,
et
non pas relégués au fond d’un service ou d’une
direction particulière. Le maire ou les présidents sont
les seuls élus qui peuvent, dans les collectivités,
coordonner l’action de plusieurs de leurs adjoints pour faire naître
les synergies.

MDB
et ses antennes souhaitent contribuer à ces transformations,
en développant avec les collectivités, des services aux
cyclistes : l’apprentissage, la découverte de la ville, le
gravage, l’animation…

Nous
voulons continuer à être des interlocuteurs ouverts mais
incontournables de nos élus. C’est donc en toute
indépendance que nous leur posons ces questions, et que nous
serons attentifs à leur réponse.

 

Septembre 2007

Cela pourrait également
vous intéresser !

Cela pourrait également
vous intéresser !

Cela pourrait également
vous intéresser !