n°104 (juillet-août 2008)

On se calme !

On l’a fait et on l’a réussie. Tout seuls comme des grands. Quand je dis tout seuls, je parle de la soixantaine de militants franciliens qui ont donné de leur temps (un peu, beaucoup, passionnément— ils se reconnaîtront) pour que cette Convergence 2008 soit un vrai succès et des milliers de cyclistes qui y ont participé. Nos 15 cortèges cyclistes réunis ont prouvé que le vélo, c’est facile, joyeux, simple et pour tous. De 6 mois à 82 ans, chacun a trouvé sa place dans ce moment festif.

Et pourtant, les empêcheurs de rouler en rond y ont mis du leur : du manque d’appui des collectivités en général aux croche-roues de la préfecture de police qui communique pour le moins maladroitement à trois jours de la fête du vélo sur l’augmentation des accidents cyclistes à Paris, on pourrait avoir comme l’impression qu’on est passé du simple mépris du vélo en tant que moyen de déplacement à une franche hostilité. Pourtant, de nature, je ne suis pas parano- Mais là, j’avoue que ces levées de bouclier associées à une politique vélo en panne (voir le projet T3) m’interrogent.

À en croire les autorités, nous ne serions rien de moins que des délinquants perpétuels sur nos deux roues sans moteur. À en croire les communiqués de presse, nous ne sommes que des inconscients. À en croire certains automobilistes, on fait n’importe quoi.

Eh bien non I On ne fait pas n’importe quoi, justement, ni n’importe comment, n’en déplaiseux jaloux et aux grincheux. On est soucieux de notre santé, de notre qualité de vie et de notre sécurité. Et le pire, c’est qu’en roulant à vélo, on améliore la santé, la qualité de vie et la sécurité des autres, même pour les jaloux et les grincheux. Parfois, je rêverais presque d’étre sélective.

Mais ce que j’aimerais surtout, c’est qu’on soit juste et honnête quand on parle des cyclistes urbains. Ce n’est pas qu’on cite des chiffres d’accidents qui me géne, d’autant que les cyclistes, c’est nous, donc on est peu concerné, quand même, par leur sécurité. Ce qui me gène, c’est que l’information soit biaisée, incomplète, partiale, donnant l’impression que le vélo, c’est dangereux, et les cyclistes, coupables.

Je veux donc compléter ici l’information laconique diffusée par la préfecture de police de Paris le 4 juin dernier et largement reprise par la presse, avec quelques éléments statistiques un peu plus étayés tirés du rapport (« Sécurité routière et accidentologie à Paris — Bilan 2007 », publié par… la préfecture de police elle-même.
« Bien que les conducteurs et passagers de véhicules quatre roues de tous genres et gabarits n’aient pour la première année à Paris qu’un seul tué à déplorer (10 en 2006), ils demeurent responsables de la moitié des accidents corporels. La vitesse excessive est la première cause d’accident dans la capitale. »

Les présumés responsables d’accidents corporels par catégories d’usagers (par ordre décroissant)

 Poids lourds :53,99%

 Cyclomotoristes :52,31%

 Véhicules utilitaires :51,20%

 Piétons :50,81%

 Véhicules particuliers :40,51%

 Scootéristes :40,40%

 Motocyclistes :39,86%

 Cyclistes :31,30%

Que la Préfecture le veuille ou non, les déplacements à vélo vont continuer à augmenter parce que le vélo c’est LA bonne solution pour une bonne partie des déplacements (domicile-travail, domicile loisir, domicile courses…) que ce soit au niveau individuel ou collectif. Il faut donc, ainsi que je l’ai dit à la nouvelle équipe municipale parisienne, que l’on travaille ensemble pour accompagner ce nécessaire développement.

Kiki Lambert

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