A droite ou à gauche de la chaussée, pas de couloirs de bus en site propre non élargis !
Rappelez-vous, c’était en 1997, sous la mandature Tiberi, la mairie décidait de mettre un couloir de bus en site propre quai de la Mégisserie sans l’avoir préalablement élargi. Cette mesure avait provoqué un tollé. Exclus du couloir bus du fait de son étroitesse, les vélos se retrouvaient dans l’obligation de rouler à gauche de la chaussée ou pris en sandwich entre le flux de voitures et le couloir de bus. Situation on ne peut plus dangereuse.
L’un des premiers gestes de la nouvelle équipe municipale dirigée par Bertrand Delanoë fut d’élargir ce couloir de bus emblématique et de l’ouvrir aux vélos. Le message semblait avoir été compris. Là où, quelques années auparavant, élus et techniciens de la voirie prétendaient ne pas disposer d’assez de place pour permettre une bonne cohabitation bus/vélos, on trouva les quelques centimètres manquants.
Nous étions loin d’imaginer qu’une situation quasiment identique se reproduirait, sur un autre axe parisien, en 2002.
Dans le cadre de l’élaboration du réseau bus Mobilien, c’est-à-dire de lignes de bus déclarées prioritaires, telle la ligne 38, les couloirs élargis à 4,50 mètres et en site propre permettent aujourd’hui une assez bonne cohabitation bus/vélos sur les boulevards de Sébastopol et de Strasbourg. Une réflexion suffisamment approfondie avait-elle été menée avant le début des travaux ? Tout porte aujourd’hui à croire que non. Entre Châtelet et Gare de l’Est, les itinéraires des bus sont souvent dissociés, ainsi le 38 progresse du sud vers le nord via les boulevards de Sébastopol et de Strasbourg et au retour, il tente de se frayer un passage dans le capharnaüm de la rue du Faubourg-Saint-Martin. Vitesse commerciale correcte mais à améliorer dans un sens, vitesse escargot dans l’autre, de quoi vous décourager de prendre le bus.
Les prochains travaux prévoient la mise en site propre du couloir bus dans le sens nord-sud de la ligne 38, ce qui est légitime. Mais c’est un couloir bus en site propre non élargi qui est prévu sur l’axe rue Saint-Quentin, rue du Faubourg-Saint-Martin. Où rouleront les cyclistes ? Ils se débrouilleront ! Rien n’est prévu pour eux si ce n’est un petit bout de piste cyclable qui part de nulle part pour aller nulle part rue Saint-Martin.
Des indices auraient dû éveiller notre inquiétude. En effet, à l’automne 2001, le couloir de bus de la rue Saint-Martin avait été mis en site propre sans avoir été élargi et de ce fait, il était devenu interdit aux vélos, pénalisant ainsi les cyclistes qui tournent à gauche dans la rue Réaumur. Nous avions réagi trop mollement, semble-t-il, puisque la même erreur est sur le point de se reproduire.
Il est atterrant que nous soyons confrontés à nouveau à ce type de problème. Atterrant d’avoir à redire que ce dispositif va dégrader les conditions de circulation des cyclistes.
Le MDB, qui n’est pas seulement une force de contestation, a proposé que le couloir de bus soit élargi à 4,20 mètres et placé à droite de la chaussée rue du Faubourg-Saint-Martin et rue Saint-Martin. Il a approuvé la proposition de l’association Vélocité qui a suggéré qu’un contresens cyclable voie le jour sur les boulevards de Sébastopol et de Strasbourg. Mais pour le moment, force est de constater que nous n’avons pas été entendus.
Dans ce contexte, nous sommes inquiets pour l’avenir du vélo à Paris, dans le cadre de l’élaboration du réseau bus Mobilien, mais aussi dans celui de l’élaboration du schéma directeur vélo dont l’objectif principal affiché est de prévoir à l’horizon 2008 le réseau cyclable complémentaire – empruntant des petites rues – de la capitale. Comment la mairie pourra-t-elle tenir ses engagements et implanter des aménagements cyclables lourds, très coûteux en terme de places de stationnement voitures, alors qu’elle vient de déroger à un principe de base : aucun couloir de bus ne doit être mis en site propre sans avoir été préalablement élargi ?
Laurent LOPEZ