Semaine spéciale « petits braquets » sur la route des grandes Alpes

descente du col de l'Iseran

Récit paru dans Roue Libre n° 107, relaté par quelques participants à cette randonnée itinérante d’une semaine.

La route des grandes Alpes, raisonnablement encombrée de voitures de tourisme et de motos en cette dernière semaine du mois d’août est un des parcours linéaires de haute montagne les plus pittoresques. Faite pour beaucoup d’anciennes routes militaires reconverties en routes secondaires à vocation essentiellement touristique, elle se prête bien à la randonnée cycliste.


L’année dernière notre ami Jacques B. avait expérimenté certains cols alpins, peut-être deux, trois ou quatre, il nous en parlait lors des balades du dimanche, convainquant certains d’entre nous que les plus hauts cols n’étaient pas insurmontables. L’idée de l’ascension des cols à plusieurs germait dans son esprit et c’est ainsi qu’il prit l’initiative d’inscrire une semaine avec huit cols hors catégorie dans le programme des balades de Roue Libre. La semaine « petits braquets » était née.

descente du col de l'IseranY aurait-il des clients? Grimper ou flemmarder, là était la question. Tout de suite, il y a eu les inconditionnels de la montagne qui se sont inscrits (Robert, Xavier, Benoît et Hélène) ; ensuite, il y avait les partants à moitié décidés qui de toute façon se décident toujours au dernier moment (Monique D., Jacques M. et Christopher dit Lapin), puis il y avait les autres (Monique G., Raymonde et Sylvie) dans ce dernier groupe l’envie était forte. Lors des balades du dimanche, les questions fusaient est-ce que je pourrais ? Mon vélo est-il adapté? Et toi iras-tu? Il y avait aussi beaucoup d’affirmations du style, si tu y vas j’y vais. Le sujet revenait souvent, surtout dans les côtes où l’on cherchait à évaluer le potentiel du voisin en se disant, j’arrive à le suivre donc ça ira. Heureusement que Xavier ne vient pas souvent. Le dimanche, il aurait dégoûté tout le monde! Et finalement, il y a eu l’élément décisif: Carlos et Beatriz s’étaient proposé d’accompagner le groupe avec une voiture (Monique D. étant pour beaucoup dans la décision du sympathique couple argentin). Les sacoches en moins, ça rendait les choses un peu plus envisageables (sauf pour Jacques B., pour qui les sacoches et le vélo étaient et sont restés indissociables pendant toute la semaine). Alors, trois mois avant le départ dix cyclistes de MDB décidaient de tenter l’ascension des huit cols.

Mais les choses ne sont jamais simples à MDB, Raymonde et Monique G devançaient de dix jours le départ, certains proposaient de scinder la première étape en deux, Sylvie nous quitterait le mardi matin, Lapin nous rejoindrait deux jours avant la fin… Bref, quelques distinctions que notre ami Jacques B. a résolues de main de maître, tout en acceptant sereinement les impératifs des uns et des autres.

Ensuite vint la préparation. La comparaison des développements et des braquets était devenue un sujet de discussion à la mode. Les 22 x 28 sur une roue de 700 sont-ils comparables à des 22 x 24 sur des roues de 26 pouces ? Autre élément important : le poids des vélos. Les destriers ont Bonneval-sur-Arcété soupesés, comparés, voire allégés pour certains. Par pudeur, nous n’avons pas osé faire de comparaison sur le rapport poids/puissance des différents membres de la future expédition. Le groupe était donc constitué, deux Monique et deux Jacques, deux sherpas argentins et des individuels avec un lapin.

Quelques semaines avant le départ certains se sont entraînés, ainsi Monique D., Robert et Jacques M. sont allés faire quelques cols vers Annecy. La Forclaz par exemple, un col facile à plus de 8 % par son côté nord. Raymonde et Monique G. sont parties de Dijon [[Monique G. et Raymonde sont parties en vélo de Dijon en longeant le canal de Bourgogne, la Saône et le canal du Rhône au Rhin jusqu’à Dôle. « Ensuite, Lavigny en passant par Beaume-les-Messieurs pour rejoindre Moirans-en-Montagne, il y faisait très froid pour un 15 août. Puis une étape à la ferme de Retord (ferme au bout du monde) située sur le plateau de Retord (Billiat), le dimanche soir nous sommes à l’A.J. d’Annecy, le lendemain nous longeons le lac d’Annecy sur 30 km tout en piste cyclable, c’est une merveille et un réel plaisir, pour arriver à Saint-Ferréol, logées chez des amis, dans une maison avec vue sur les sommets du massif du Mont-Blanc enneigé. Après avoir monté un des cols de la Forclaz, nous nous dirigeons pour y faire une halte vers Villard-sur-Doron dans le Beaufortain via le col du Cormet de Roselend (1 968 m sans voiture d’accompagnement) et Beaufort, le mercredi soir nous nous installons à l’A.J. de Séez (Bourg-Saint-Maurice) et sommes prêtes à accueillir une partie du groupe. »]] pour rejoindre le début de la semaine « petits braquets ». Benoît et Hélène ont préféré faire « des côtes maritimes » tandis que Sylvie de son côté a sillonné les alentours d’Alençon (avec la Croix Médavy, le point culminant de l’ouest de la France ou presque, et bien sûr Saint-Céneri-le-Gérei et sa célèbre «auberge giroise »).

refuge Napoléon (III) au col d'IzoardDeux jours avant le départ officiel, les deux sherpas argentins (Carlos et Beatriz), accompagnés de Monique D. et Jacques M., prirent la route en voiture. Ils se sont retrouvés dans un embouteillage dû à un pylône électrique qui a eu la mauvaise idée de venir s’abattre sur le tunnel du Siex. Ces moments sont toujours intéressants, ils permettent de faire des études ethnologiques sur le comportement des automobilistes bloqués dans les embouteillages. Ce jour-là l’ambiance était plutôt à la détente, sauf pour un excité affirmant que même en Papouasie nous ne voyons pas cela, ce qui nous a donné l’occasion de comparer les papas pas papous sans poux avec les papous pas papas à poux.

Ils ont pu atteindre l’auberge de jeunesse de Séez (Bourg-Saint-Maurice), réservée par Raymonde et Monique G., lesquelles avaient pris une journée de repos en prévision.

La deuxième étape se situa aux Brévières où Hélène, Benoît et Sylvie firent la jonction avec le premier groupe. Le lendemain les courageux qui avaient pris le train de nuit jusqu’à BourgSaint-Maurice rejoignirent ce groupe des craintifs (ceux qui n’avaient pas osé affronter l’Iseran en une seule étape). Enfin le premier coi, l’Iseran (2 770 m, 3 degrés), l’un des cols mythiques hors catégorie du Tour de France, avec ses 6%, 9%, 8,5%, etc. Considéré comme le «juge de paix», il se monte. Tout le monde l’a gravi, chacun à son rythme, sans étonnement. Les jours suivants, ii y a eu le col du Mont-Cenis (2 084 m) et le col de l’Échelle (1 766 m avec un raidillon à 11 %) dans la même journée. Puis le coi d’Izoard (2 360 m). Une étape dite de transition : le col de Vars (2 111 m). Certainement le plus impressionnant, la cime de la Bonette (2860 m au sommet). Ce sommet fut atteint par Jacques B. avec son vélo pendant que quelques flemmards et une flemmarde se prélassaient à seulement 2 802 m. Ce jour-là, d’autres se sont contentés du col de la Bonette (2 715 m). Autres cols mythiques, le col de Saint-Martin (1 500 m, appelé également la montée du col de TuriniColmiane), les cols de Turini et la boucle de l’Authion d’une hauteur respective de (1607 m et 1 927 m), et enfin, le dernier col Castillon (707 m).

L’avant dernier jour Christopher qui nous avait rejoints nous a fait un numéro de voltige en haut de l’Authion. Il a tiré profit de quelques égratignures pour atteindre Menton en voiture prioritaire.

Tous ces cols étaient différents, les uns arides, d’autres herbeux, d’autres encore présentant un paysage plus ou moins lunaires, certains dotés d’un restaurant ou d’un refuge, ou bien de rien, ce qui nous permettait dans le premier cas de prendre une boisson chaude ou rafraîchissante, de déguster une tarte aux myrtilles ou aux fruits rouges, ou bien de manger une glace on se faisait plaisir.

Comme au Tour de France le groupe de MDB s’est dopé à l’EPO (Effort, Persévérance, Opiniâtreté). Et l’an prochain? Nous avons tous envie de recommencer, nous sommes sûrs que les idées vont germer lors de nos balades dominicales.

Nous disons tous un grand merci à Jacques B., pour nous avoir donné les conditions propices à la réalisation de ce que plusieurs d’entre nous n’auraient jamais osé faire, et qui restera un des bons moments que le vélo procure.

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