Y aura-t-il enfin un service Vélib’ fonctionnel à la rentrée ? La question ne manquera pas d’être posée cette semaine au Conseil de Paris. Une interrogation partagée par les associations cyclistes.
« Le mois de juillet sera crucial ». Arnaud Marion, le nouveau président exécutif de Smovengo, a bien résumé la situation en ouverture de réunion le 28 juin en présence des élus et des associations. Ce jour-là, seuls 3 000 Vélib’ étaient en circulation. Surtout, le nombre de courses quotidiennes atteignait timidement les 10 000, bien loin des 30 000 annoncées pour fin juin, et des 100 000 de 2017.
Que faut-il attendre désormais du fonctionnement de Vélib’ ? À chaque fois que l’opérateur s’est engagé sur des objectifs chiffrés, il lui a été impossible de les tenir. C’est pourquoi il se montre aujourd’hui très prudent. Il espère atteindre rapidement les 800 stations en service raccordées au réseau. À partir de là, plus de nouvelles ouvertures, mais une stabilisation du service avec réinjection régulière de nouveaux vélos. Le nombre de Vélib’ disponible devrait tripler d’ici la fin de l’été. Smovengo assure par ailleurs que tous les problèmes sont identifiés et que les bugs informatiques sont en cours de résolution. Un discours rassurant qu’il est cependant difficile de prendre pour argent comptant, tant les annonces passées ont été démenties par les faits.
Mieux se Déplacer à Bicyclette (MDB), comme les 300 000 abonnés du Vélib’1, souhaite un retour le plus rapide possible à un service satisfaisant. Tout mettre en œuvre pour faire fonctionner le système déployé depuis janvier doit demeurer la priorité de Smovengo, du syndicat Vélib’ métropole et de la mairie de Paris. Pour autant, il ne faut pas écarter une éventuelle défaillance de l’opérateur, et nous nous félicitons du fait que la mairie de Paris dise travailler dès aujourd’hui sur un possible plan B. Nous appelons d’ailleurs la ville à discuter de ce plan avec les associations d’usagers.
Quelque soit l’option technique retenue, il est notamment question de se tourner vers le free-floating, MDB considère qu’il est impératif de conserver ce qui fait l’attractivité de Vélib’ : des tarifs incitatifs, avec la première demi-heure gratuite pour les abonnés, la régulation du système pour s’assurer de trouver des vélos partout et pas seulement dans les lieux les plus prisés, et enfin offrir des vélos de qualité régulièrement entretenus. Autrement dit, il faut que Vélib’ reste un service public de transport. La simple mise à disposition d’une application présentant les différentes offres du secteur privé n’est pas une solution crédible et détournerait du vélo des dizaines de milliers d’utilisateurs.
Personne n’imagine un seul instant une rupture de service public pour les transports en commun ; Uber qui remplacerait du jour au lendemain les bus parisiens. MDB demande donc qu’il en soit de même pour les vélos en libre-service, car comme les bus, les métros ou les RER, c’est une offre publique de transport !
Jusqu’ici tenues à l’écart des discussions sur les dysfonctionnements de Velib’, les associations cyclistes ont été reçues jeudi 24 mai à la mairie de Paris en présence de Smovengo et du syndicat Vélib’ Métropole. Un entretien constructif, mais les utilisateurs devront encore faire preuve de patience pour un retour à un service satisfaisant.
MDB le réclamait depuis des mois : pouvoir s’assoir autour d’une même table avec les acteurs du dossier Vélib’ 2. Il aura fallu l’intervention de Christophe Najdovski, l’adjoint aux transports de la ville de Paris, pour que notre association et Paris en Selle soient finalement reçues le 24 mai. Après une bonne heure d’entretien, nous ne pouvons toujours pas dire quand le service sera opérationnel, mais nous avons reçu des explications et des engagements.
Très critiqué pour sa communication opaque, Smovengo semble désormais convaincu de l’utilité d’être transparent sur les problèmes rencontrés. Jorge Azevedo, le patron du nouvel opérateur, a reconnu toutes les défaillances rencontrées par Vélib’ 2. Et elles sont nombreuses… Le problème de fixation des vélos aux bornettes : « Nous avons été trop vite dans le processus d’industrialisation. Les contrôles qualité n’ont pas été assez rigoureux, et nous avons laissé passer des défauts de fabrication. » Les informations sur l’application Vélib’ qui ne correspondent pas à la réalité du terrain : « Nous avons de gros problèmes de data que nous n’avions pas prévus. » Bref, rien ou presque n’a été anticipé : nous sommes bien dans une phase de test géante depuis le 1er janvier. Jorge Azevedo assure que ses services sont entièrement mobilisés pour résoudre ces « bugs ». En revanche, il n’a pas été en mesure de nous dire quand Smovengo sera en mesure de fournir une information fiable sur la disponibilité effective des Vélib’ en stations.
La ville de Paris nous semble enfin avoir pris la mesure de la crise. Au-delà de la question de l’électrification, c’est désormais l’ensemble des problèmes (bug du cadenas, Vélib’ inactif…) qui sont pris en considération par la ville. Elle a nommé une « manageuse de crise », impliquée à temps plein sur le dossier Vélib’ 2. L’objectif est de résoudre au plus vite les bugs actuels, pour arriver fin juin à 30 000 courses par jour, un chiffre encore loin des 100 000 trajets quotidiens de 2017. Cela ne nous a pas été clairement dit, mais nous comprenons qu’il faudra encore attendre quelques mois avant de retrouver un service satisfaisant.
MDB, comme Paris en Selle, ont fait part aux élus et à Smovengo de l’exaspération des usagers. Selon nous, Vélib’ est une offre public de transport au même titre que les bus, les métros ou les RER. Il n’est donc pas acceptable d’être aujourd’hui dans une telle situation. Nous avons insisté sur le fait qu’au-delà des dysfonctionnements, la priorité était d’avoir une information fiable au niveau de l’application sur la disponibilité effective des vélos.
Par ailleurs, nous avons indiqué notre souhait que le remboursement de l’abonnement se fasse sur une base automatique et non à la demande. Nous demandons également qu’une offre avantageuse soit faite aux anciens abonnés pour se réabonner quand le service aura retrouvé un niveau satisfaisant. Nous avons enfin insisté sur la nécessité de restaurer un lien de confiance avec les usagers, notamment en reconnaissant et en communiquant sur les problèmes rencontrés et les actions menées pour y remédier.
Il n’est plus question aujourd’hui de tenir les associations cyclistes à l’écart des discussions. Elles seront reçue une fois par mois par les élus pour un état des lieux du service, ce dont nous nous félicitons. Nous maintenons notre vigilance pour que les engagements pris soient effectivement tenues. Note objectif est clair : les utilisateurs de Vélib’ doivent retrouver leur mode de transport préféré.
Près de cinq mois après le lancement du nouveau Vélib’, les Parisiens attendent toujours une offre de vélo en libre-service opérationnelle. Retards, bugs, communication opaque et rôle de la mairie de Paris : les dysfonctionnements du Vélib’ 2 posent de nombreuses questions. On fait le point avec le président de Mieux se Déplacer à Bicyclette (MDB), Alexis Frémeaux.
Vélib’ 2 connaît clairement un très gros bug au démarrage. Depuis le début de l’année, les parisiens sont privés de Vélib’ pour se déplacer tant le système manque de fiabilité. Cette situation pénalise très fortement tous ceux qui avaient fait du Vélib’ leur principal moyen de transport, et détourne aujourd’hui les Parisiens du vélo alors que quasiment un vélo sur deux à Paris était auparavant un Vélib’.
La mairie de Paris a clairement sous-estimé le rôle de Vélib’ comme mode de transport du quotidien pour des milliers de Parisiens. On n’imagine pas fermer le RER pendant des mois pour un changement d’opérateur. C’est pourtant le risque qui a été pris par la ville alors que tout indiquait que le nouvel opérateur n’offrirait pas un service opérationnel à la date de bascule prévue entre l’ancien et le nouveau Vélib’. Après quatre mois d’atermoiement au niveau du syndicat Vélib’, la maire de Paris Anne Hidalgo a repris le dossier en main ce qui montre que le sujet est maintenant pris au sérieux au plus haut niveau.
Crédits : Chabe01
Smovengo, l’opérateur de Vélib’, porte une large responsabilité dans les difficultés actuelles. Le manque d’information et de transparence sur le fonctionnement du service est inacceptable. Dans cette affaire, tous ont semblé se renvoyer la balle et minorer les dysfonctionnements. Comment expliquer ainsi que l’application Vélib’ annonce des vélos disponibles en station alors qu’aucun ne peut être libéré. Pour autant, un changement d’opérateur, à ce stade de déploiement, n’est pas une option. Cela impliquerait de relancer un appel d’offre et de redéployer un nouveau système. Au total, cela voudrait dire encore 18 mois a minima sans Vélib’ et beaucoup d’incertitude pour la suite du service. Aujourd’hui, l’urgence est clairement de faire fonctionner rapidement Vélib’ 2 et d’amener Smovengo à respecter ses obligations contractuelles.
Notre première demande est une transparence totale sur le fonctionnement réel du service. Il n’est pas normal que Vélib’ refuse de dialoguer avec les associations du fonctionnement de ce service de transport public. Retrouver un fonctionnement de base satisfaisant est la première priorité. Pour assurer la fiabilité du système, il faut arrêter d’ouvrir des stations sur batteries et suspendre temporairement les fonctionnalités défaillantes (vélos électriques ou possibilité de remettre son vélo sur une station pleine). Le plan d’urgence présenté par Smovengo va dans le bon sens. Mieux se Déplacer demande à Vélib’ d’assurer en priorité le raccordement de l’ensemble des stations déjà ouvertes et la fin du système sur batterie inopérant afin d’assurer un service de base fiable ; puis de procéder au déploiement progressif du reste des stations et enfin, quand le système sera fiabilisé et complet, d’introduire les nouvelles fonctionnalités de Vélib’ 2. Nous attendons maintenant des résultats concrets et une remontée du nombre de locations journalières – indicateur le plus fiable du bon fonctionnement du service.