le plan vélo de Tibéri (1996)

Voici le texte intégral de la déclaration faite par Jean TIBÉRI maire de Paris lors de la conférence de presse du 19 janvier 1996.


Lors de la séance du Conseil de Paris, le 24 juillet dernier, j’ai annoncé clairement ma volonté de lutter contre la pollution atmosphérique. Pour cela il n’existe pas de recette magique. Il faut mettre en œuvre une panoplie de mesures : le développement des transports on commun, (utilisés par 75% des parisiens) qui demeure une priorité, tramway, bus propres, le transport fluvial, la voiture électrique… Je présenterai d’ailleurs, lundi au Conseil de Paris un plan d’amélioration de la circulation des autobus dans la capitale d’un montant de 14 millions de francs. Vous en trouverez le détail dans votre dossier.

L’utilisation des bicyclettes dans Paris est aussi une de ces solutions. Le dernier sondage commandé par la Ville, comme celui du Conseil Régional montre que si les parisiens qui utilisent le vélo sont une minorité, ils pourraient être plus nombreux s’ils pouvaient circuler dans Paris avec davantage de sécurité. C’est avec ce souci premier de sécurité que j’ai demandé aux services de la Ville et sous l’autorité de Bernard Plasait, chargé de la voirie, des transports, de la circulation et du stationnement, de travailler pour créer les conditions d’un usage plus fréquent du vélo dans la ville. Je vous rappelle que différentes mesures ont déjà été prises lors des dernières années, telle que la création de pistes cyclables ou l’aménagement d’emplacements de stationnement pour les vélos.

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’une méthodologie nouvelle et, sans attendre, de dix premières mesures concrètes permettant de parvenir à un espace public mieux partagé.

La méthodologie : une indispensable concertation

Dans ce domaine, les techniciens ne peuvent travailler seuls. Il est impératif que les circuits cyclistes soient élaborés avec les associations, c’est-à-dire les utilisateurs. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé :

 la création d’une Commission extra-municipale pour le vélo ; celle-ci se réunira une fois par mois ; toutes les sensibilités politiques seront représentées ; je proposerai aux associations de définir, avec les services de la Ville, de la RATP et de la Préfecture de Police des dispositions en matière d’aménagement et de réglementation de l’espace public ;

 un cahier des charges sera adressé aux vingt maires d’arrondissement leur demandant de proposer avant l’été un ensemble d’itinéraires, les tracés retenus devant être continus et reliés les uns aux autres ; bien entendu, cette mise au point se fera en tenant compte des travaux de la Commission extra-municipale ;

 une charte du vélo dans Paris : en concertation avec les associations, un document de synthèse sera rédigé ; il formera une charte des droits et des devoirs des cyclistes dans Paris.

Un espace public mieux partagé et plus sûr

Des premiers contacts pris avec les associations, il ressort clairement qu’il faut donner plus de place aux vélos, autrement dit leur attribuer une part supplémentaire de la chaussée, qui, elle-même, ne peut pas être étendue. À partir de ce constat, il est déjà possible d’avancer un certain nombre de décisions.

Deux grands axes seront proposés en priorité. Un axe nord-sud d’environ six kilomètres, qui permettrait de relier La Villette à l’Hôtel de Ville et au delà vers Montparnasse, avec un embranchement au niveau de la République vers la Bastille et le Bois de Vincennes. Un axe est-ouest entre le bais de Vincennes et le bois de Boulogne qui s’étendrait sur environ 7 kilomètres. C’est la commission extra-municipale et les arrondissements traversés qui seront appelés à donner leur avis. Je ne veux absolument pas aujourd’hui imposer un tracé plutôt qu’un autre. Plusieurs solutions sont possibles sur ces grands axes qui constituent l’ossature d’un réseau dont le maillage sera terminé avant la fin de la mandature, Ces parcours pourront être constitués à la fois de tronçons de couloirs d’autobus, de pistes cyclables et même des rues réservées aux piétons et aux vélos.

Les couloirs de bus pourront être ouverts aux cyclistes. J’ai obtenu, sur ce point, l’accord de principe du Président de la RATP. Mais il n’est pas question de reproduire l’expérience des « couloirs de courtoisie » qui ne furent jamais respectés. Ici, on élargira les couloirs d’autobus, là seront mis en place des aménagements de sécurité. Ces divers choix seront réalisés, pratiquement mètre par mètre, en étroite concertation, comme je l’ai dit, avec les associations. Les discussions devront également se poursuivre avec les taxis. J’attache à ce dernier point une importance particulière.

Les premières dessertes des quartiers seront réalisées dans le quart sud-est de Paris, là où le plus grand nombre de réalisations en faveur des cyclistes existent déjà, et où les jonctions sont donc plus faciles à réaliser, en continuité avec les voies vertes régionales. Dans une première étape, environ 15 kilomètres pourraient être aménagés à travers les 14ème, 13ème et 12ème arrondissements.

Seine rive gauche : comme je vous l’ai dit vendredi dernier, le vélo aura toute sa place dans le futur quartier Seine- Rive gauche. Ce sera là un exemple car il faudra à l’avenir intégrer le vélo dans tout nouveau projet d’aménagement.

Une signalétique adaptée : en règle générale tous les aménagements sont réalisés pour assurer, dans toute la mesure du possible, la sécurité des cyclistes et leur protection par rapport aux flux automobile (bandes cyclables, seuils décalés aux carrefours, passages protégés…). Les itinéraires cyclables seront donc nettement distingués du reste de la chaussée.

Des espaces de stationnement et de gardiennage des vélos : avec la RATP, la mairie étudie l’installation d’espaces de stationnement et de gardiennage des vélos à proximité des stations de RER, métro et autobus. Le président de la RATP a également demandé à ses services d’examiner la possibilité de permettre dans le RER et le métro l’acheminement des voyageurs avec leurs vélos.

Un schéma directeur du stationnement des vélos dans Paris sera mis en place en concertation avec les usagers et des administrations concernées. Il planifiera en particulier l’implantation d’arceaux et de stationnement adaptés.

Comme vous le voyez, le mouvement est lancé. Pour réaliser les premières mesures ambitieuses que je viens de vous présenter, j’ai décidé de redéployer les moyens de la voirie en faveur des vélos sur toute la durée de la mandature, à concurrence de 80 millions de francs.

La bicyclette et le loisir

Je n’oublie pas que le vélo est aussi un loisir. Nous reprendrons le dimanche la fermeture de certaines voies à la circulation automobile : les voies sur berges. le quartier Mouffetard et les abords du Canal Saint Martin, en tenant compte des observations locales. Mais je rappelle qu’il existe d’ores et déjà 30 kilomètres de voies entièrement réservées aux bicyclettes, tant aux bois de Boulogne que de Vincennes. Pour autant ces voies sont encore trop morcelées et peu nombreuses. J’ai donc demandé à Françoise de Panafieu, adjoint au maire chargé des Parcs, Jardins et Espaces Verts d’étudier l’aménagement d’une partie des berges de la Seine le long du Bois de Boulogne.

Enfin, et pour conclure, je souhaite que chaque utilisateur, piéton, cyclistes, automobiliste prenne conscience de la nécessité du respect de l’autre et des règles de sécurité et adapte en conséquence son comportement. Une campagne de communication sera lancée à cet effet.

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