n°102 (mars-avril 2008)

Espace en voie de disparition ?

À l’heure où vous lirez ces lignes, votre nouvelle équipe municipale vous sera connue. Un mandat de six années qui sera l’occasion pour notre association de travailler avec, contre ou malgré ces nouvelles équipes. Nouveaux décideurs, nouveaux espoirs, nouvelles désillusions ? Tout est possible. Lors de la campagne pour ces élections municipales, des bilans ont été affichés, des promesses ont été faites, des intentions ont été annoncées. Personne n’a oublié de parler de « modes doux» et de leur nécessaire développement, sans cependant bien définir ce que ce vocable recouvre, mais beaucoup ont oublié de parler du vélo. À nous, militants actifs et attentifs, de continuer à faire entendre encore et encore nos revendications, et de défendre les progrès que nous avons obtenus. Ainsi les couloirs de bus ouverts aux cyclistes, dont MDB entre autres a été le héraut. Cet acquis parisien, fruit d’une longue lutte commencée dans les années 70, fait aujourd’hui des cyclistes parisiens des privilégiés, car n’oublions pas qu’en Île-de-France l’autorisation pour les cyclistes de rouler dans les couloirs de bus est loin d’être la norme. Pourtant, c’est une réelle avancée pour le vélo : c’est lui reconnaître son statut à la fois de moyen de déplacement et de véhicule profitable à la communauté, car dans la course à celui qui émet le moins de C02 au kilomètre, il faut bien dire que le vélo se pose un peu là !

Mais aujourd’hui, entre ceux qui veulent ouvrir les couloirs de bus aux scooters électriques, ceux qui veulent les ouvrir à tout le monde à certaines heures, ceux qui veulent les rétrécir, ceux qui souhaitent supprimer les séparateurs… les couloirs de bus attirent bien des convoitises.

Dans la ville où l’espace est contraint, sa redistribution, pourtant timide, au profit de certains usagers, en renforçant la surpopulation motorisée dans le reste de l’espace qui lui est dévolu, fait des jaloux. Alors tous les arguments sont bons pour rogner la prérogative attribuée à ces empêcheurs de rouler en rond que sont les cyclistes.

Leur présence ralentit les bus ? Certes, mais y ajouter d’autres usagers ne devrait pas améliorer la situation…

Les séparateurs empêchent les bus de doubler ? Continuons de militer pour des couloirs de bus élargis qui permettent aux bus et aux cyclistes de cohabiter.

Les séparateurs ne seraient plus nécessaires car les couloirs sont respectés? Observons ce qui se passe dans les couloirs sans séparateur (sur les Grands Boulevards). Souvenons-nous de la situation d’avant leur mise en place (rue de Rivoli, boulevard de Sébastopol).

Comme l’a analysé récemment le Préfet de Police de Paris, si les cyclistes empruntent les couloirs de bus quelle que soit la réglementation, c’est parce qu’ils se considèrent davantage en sécurité dans un espace de faible trafic que dans la partie de la chaussée dédiée à la circulation générale.

Les couloirs de bus doivent rester accessibles aux vélos et protégés des autres véhicules motorisés. Car au-delà du confort et de la sécurité non discutable qu’ils apportent aux cyclistes, ils affirment, réglementairement et visuellement, qu’ils sont un espace réservé à ceux qui agissent pour le confort des citadins, économisant l’espace, l’énergie et les pollutions : les cyclistes.

Kiki Lambert

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