n°94 (novembre-décembre 2006)

La semaine de la mobilité

Beaucoup d’actions cette année, même si le battage médiatique aura été bien modeste par rapport à ce qu’aura été, gageons-le, la communication sur le Mondial de l’automobile., a largement appuyé les actions de ses antennes de Courbevoie, de Pantin, et de la Vallée de Montmorency, délégué un représentant à la réunion sur le PDU de Clichy et appuyé aussi la ronde autour de l’étoile organisée par Vélorution.

A Paris-Gare Montparnasse : MDB a invité la presse et la SNCF à venir constater les progrès suite à nos revendications en 2005 pour les parkings à vélos dans les gares parisiennes (200 places pour accrocher nos montures dans chacune des gares du Nord, de l’Est, du Montparnasse). A Montparnasse le 20 septembre nous avons vainement attendu la presse et les responsables de la mission vélo de la SNCF pour venir constater l’avancement zéro de ces revendications. La SNCF n’a pas daigné se déplacer au prétexte que nous aurions pu les rencontrer et discuter de nos demandes au préalable… Pendant combien d’années doit-on se concerter avec la SNCF sur le sujet avant d’observer le commencement d’une action de leur part ?

A Courbevoie : gros succès de l’opération « Quais Libres à Courbevoie ». Philippe LE PORT a activement participé à son organisation, MDB a fourni ses bénévoles et son matériel. Le stand MDB n’a pas désempli de la journée : nous inaugurions notre machine à graver et Philippe avait concocté deux balades : la première (technique) à l’intention des élus, la seconde (touristique) destinée aux familles.
Avec les élus à vélo (le maire, ses adjoints chargés des quartiers, de l’environnement et de la voirie), Philippe a traversé Courbevoie, félicité le maire pour les derniers aménagements cyclables réalisés par la commune, mais aussi montré ce qui reste à faire : assurer la continuité entre des aménagements encore très parcellaires, apporter une attention particulière à la logique du réseau (il existe aujourd’hui 2 pistes parallèles pour aller à la Défense, aucune pour en revenir). La balade a emprunté la superbe piste bidirectionnelle qui côtoie l’ancien boulevard circulaire (côté Courbevoie), puis elle a rejoint le centre-ville de Colombes pour présenter au maire de Courbevoie la zone 30 qui y a été implantée il y a maintenant sept ans : doubles sens cyclables, absence de trottoirs, possibilité pour les piétons de passer librement d’un côté de la rue à l’autre. Le maire estime qu’une telle réalisation pourrait être effectuée sur le quartier de Bécon avec concertation préalable avec les commerçants. A Paris, une étude sur les aménagements des zones 30 montre une diminution des commerces alimentaires et cela l’inquiète (toutes les occasions sont bonnes pour les commerçants pour se plaindre, NDLR).

Les balades du bois de Boulogne, le matin comme l’après-midi, sont parties du stand MDB, ont emprunté le pont de Courbevoie, sont passées par Neuilly au milieu de la circulation, ont suivi le ruisseau de Longchamp et le parc de Bagatelle, pour revenir par le pont de Puteaux et les quais libérés de toute circulation automobile et largement animés. Elles ont ravi les adultes et les enfants. Nombreux sont ceux qui ont adhéré à l’association, encore plus nombreux ceux qui ont fait graver leur vélo avec le Fubicycode. Kiki et Jean-René, désormais connu sous le nom de « Gravator » (voir photo), ont pu mettre à l’épreuve leur formation toute récente, ils s’en sont sortis comme des chefs malgré quelques réglages à faire ici et là. Ils sont prêts à former les bénévoles qui voudront bien les renforcer dans cette toute nouvelle activité de MDB.

A Pantin aussi on s’intéresse aux transports alternatifs. A vélo, en bus, en bateau, en fauteuil roulant et… à dos de dromadaire, voilà les différents modes de déplacement proposés à l’essai (sauf le microbus, qui se visitait seulement) par la Mairie de Pantin lors de la Journée sans voiture du 17 septembre.
Plusieurs tentes abritant des stands étaient dressées sur la place près du canal de l’Ourcq. Celle de MDB avait été superbement décorée avec banderole et affiches par la section pantinoise de l’association. Beaucoup de visiteurs furent accueillis, avec ou sans vélo, et quelques bons contacts ont été pris par cette nouvelle antenne de la Seine-Saint-Denis. Marie Charles-Dominique, responsable de l’antenne Pantin à Vélo, a aussi organisé deux balades au cours de la journée qui ont permis aux participants de découvrir les aménagements vélo à Pantin. Là, comme ailleurs, l’utilité du peu réalisé est souvent fortement compromise par l’incivisme des automobilistes.

Dans la vallée de Montmorency : la 5e édition de la Ronde à Vélo, pilotée par Pierre Pupin fièrement juché sur le triporteur de MDB (voir la magnifique photo réalisée par Danièle Sandeaux), a réuni près de 150 cyclistes qui n’ont pas hésité à chanter les compositions de Pierre et ainsi tenir tête à une météo pas trop décidée à afficher beau. Succès pour le pique-nique et la buvette, sans oublier l’aspect revendicatif de la manifestation pour souligner la disparité des aménagements cyclables de nos cités. Si à l’ouest (Eaubonne, Saint-Leu…), on apprécie la qualité des efforts et les résultats probants pour promouvoir le vélo en ville grâce à la mise en place d’un PDU engagé depuis nombre d’années, à l’est, le président de la communauté d’agglomérations et maire de Deuil-La-Barre argumente tout et n’importe quoi pour enterrer toute approche de partage de la voirie, crispé dans une logique d’aménagements urbains digne des plus belles années des trente glorieuses. La mentalité des citoyens est à changer en priorité comme l’ont montré les échanges avec les automobilistes mécontents d’être gênés une journée par an alors qu’ils subissent sans broncher les embouteillages causés par eux-mêmes et leurs semblables les 364 autres jours. N’importe, la Ronde a appris à certains d’entre nous à se passer progressivement de la voiture. « Aujourd’hui, c’est la 1re fois que je suis allé au travail avec mon vélo flambant neuf » dit Alain, « même qu’un témoin sur son triporteur m’a croisé le matin. Il va en falloir des jours de boulot pour rentabiliser mon investissement ! Mais pour commencer, j’économise sur la salle de gym ! »

A Clichy : MDB était représenté à la réunion PDU de Clichy où le vélo a été évoqué pour un projet de navette fluviale sur la Seine, ce qui étend la notion d’intermodalité au « vélo-bateau », puis sur la cohabitation bus-vélo sur les principaux axes de Clichy pour améliorer la sécurité des cyclistes, à l’instar de ce qui se fait à Paris. L’assemblée, que Denis Baupin avait honorée de sa présence pour évoquer les points durs des portes de Paris, a été interpellée par le représentant des cyclistes qui l’a invitée à réfléchir à une véritable logique de réseau passant d’une commune à une autre, capable d’assurer les liaisons entre Levallois, Saint-Ouen, Asnières et bien sûr Paris. Le conseil régional et le STIF n’avaient à proposer qu’un partenariat commune/région pour la création d’un parc à vélo dans une gare du 77… Nos élus des communes d’Ile-de-France ont encore de gigantesques progrès à faire.

Ronde autour de la place de l’Etoile à Paris : à l’initiative de Vélorution, vendredi 22 septembre à l’heure du départ vers les maisons de campagne, une centaine de cyclistes ont bravé la pollution et les embouteillages pour une balade autour de l’Arc de Triomphe. C’est la journée « sans ma voiture » que Paris a totalement abandonnée alors que l’idée est reprise dans beaucoup de capitales à travers le monde. Très vite, les rois de la chaussée perdent patience et jouent du klaxon, provoquant l’intervention bonhomme de leurs complices de la maréchaussée contre ces fauteurs de troubles : vélos confisqués, transportés au commissariat du 8e, puis rendus tard dans la soirée pour que tout rentre dans l’ordre vers 22 heures.

Comité de pilotage vélo du 27 septembre 2006.

Encore un ordre du jour très (trop ?) copieux au menu du comité de pilotage vélo du 27 septembre dernier. En vrac et dans le désordre :

 jalonnement : alerte envoyée par MDB au vu des premières signalisations sur l’axe 7 (porte de la Villette – porte de Vanves) et jugée utile par les pouvoirspublics. La liste des pôles (Saint-Michel, Montparnasse…) sera respectée, le numéro d’axe ajouté, un plan édité. Les panneaux de signalisation vélo sont intégrés au code de la route. Des visites de terrain sur chaque axe seront organisées avec les associations pour mises au point ultimes. Les axes 2 (Bois de Vincennes – Bois de Boulogne) et 7 seront terminés fin 2006. Suivront les axes 1 (ceinture de Paris) et 11.

 contresens cyclables sans marquage (en zone 30) : la préfecture est toujours aussi hostile à l’idée de supprimer le délai de 6 mois après création d’une zone 30 pour l’introduction des contresens cyclables. MDB demande une extension beaucoup plus rapide des 34 km existants en zone 30, mais c’est compter sans la peur des élus, ni les plaintes des citoyens à qui on demande de penser autrement ; la voirie proposera un formulaire pour exprimer les besoins ; par ailleurs, il est prévu au plan de déplacement de supprimer des feux rouges dans ces mêmes Z30, ce qui remet la priorité à droite au goût du jour.

 vélos en libre service : le projet avance, 600 stations sont prévues, distantes de 300 m, elles offriront 15 à 30 vélos robustes chacune ; mode de paiement diversifié ; le calendrier à ce jour : 1er semestre 2007 fabrication des matériels et des stations, été 2007 mise en service première phase sur une base de 3000 vélos dans les arrondissements centraux. Mise en service de la 2e phase fin 2007. Pour des raisons juridiques, le périmètre sera limité à Paris dans un premier temps. MDB insiste sur la nécessaire communication à destination des cyclistes.

 entretien des aménagements : MDB demande de limiter autant que faire se peut les interruptions des aménagements cyclables, de prévoir et signaler les itinéraires de remplacement et de contrôler la fin des chantiers, car trop souvent les barrières s’éternisent au-delà de la fin des travaux comme sur le quai Panhard-Levassor ; la voirie prend bonne note de ces demandes d’amélioration de la qualité mais rappelle que l’urbanisation de la ZAC Masséna se poursuivra jusqu’en 2009 ce qui explique l’impression de travaux perpétuels sur Panhard- Levassor.

 autres sujets : GPRU Porte de Vincennes, la piste de 1,98 m fera la liaison vers la rue Maryse-Hiltz ; l’itinéraire Seine – Cité U sera complété entre Port-Royal et René Coty fin 2006 ; fête du vélo 2007, MDB annonce une participation a minima s’il n’y a pas de plan de communication avant fin 2006.

Visite des aménagements cyclables sur les Maréchaux Sud

A l’initiative de MDB, une visite sur le terrain a été organisée le 3 octobre en présence de Denis Baupin, avec la mission tramway, la voirie et les associations Vélo 15 et 7 et Vélorution, pour examiner les améliorations possibles à court terme sur ces aménagements : réduction de toutes les vues à zéro, signalisation à renforcer aux interruptions de la piste cyclable (le panneau « Fin de piste cyclable » précisera « sur XXX mètres », par exemple place Balard), mais les doubles feux ont remplacé les « Cédez le passage » avec problèmes de réinsertion dans la circulation… On est assez loin des attentes de MDB. Pour la seconde rencontre (porte d’Orléans – porte d’Ivry), il faut prévoir de rouler à l’allure d’un cycliste lambda pour mieux percevoir la praticabilité des aménagements.

Comité d’axe 258 (ancienne RN13) du 28 septembre

Pour la partie Bougival – Port Marly, les enjeux sont comparables à ceux de la RD7 (Sèvres-Issy) : pour le vélo loisir les cyclistes sont confinés avec les piétons sur une promenade agréable en bord de Seine, dont la continuité est assurée avec Rueil, mais confisquée à Louveciennes par les riverains. Pour le vélo déplacement, il a été décidé d’élargir les files de droite sur chaussée ce qui constitue une avancée positive en attendant mieux ; reste à trouver une solution au point noir du carrefour de l’Ermitage au Pecq et à mettre en place un jalonnement digne de ce nom.

Bourse aux Vélos du 7 octobre 2006 sur le parvis de la mairie du XIVe

De plus en plus victimes de notre succès ? Il n’y a jamais eu autant d’affluence et autant de vélos sur la place de la mairie du XIVe qui a pris les allures des abords de la gare d’Amsterdam. Plus de choix pour les acheteurs, cela signifiait plus d’hésitations de leur part, donc plus de temps pour se décider ; pour ne pas pénaliser ceux qui faisaient la queue, on les a admis plus nombreux dans l’enceinte de la Bourse. Depuis ma caisse, j’en admirais certains essayer des vélos dans une foule aussi compacte qu’à la sortie d’un stade après un match important, quelle maestria ! Les chiffres ? Je te les donnerai ce soir si je peux ou demain.

Concertation avec la SNCF

Même si les choses n’avancent pas comme nous le voudrions, nous continuons à nous concerter assidûment avec la SNCF. Le 2 octobre, les associations ont demandé des réponses aux questions posées dans des délais raisonnables : accès refusé aux cyclistes du Paris-Royan de plein été pourtant équipé ; pose de crochets à vélo non fixes sur l’Interloire (Nantes-Orléans), possibilité pour les cyclistes d’emprunter le Paris-Berlin de nuit entre Paris et Bruxelles (et inversement).

Communication : la SNCF va renouveler sa politique de communication papier sur les TGV, Lunéa et TEOZ. Les guides régionaux et TGV ainsi que le dépliant vélo vont disparaître au profit de guides thématiques (TGV Loisirs, TGV affaires, Lunéa, TEOZ, Tarification, etc.). Les 200 fiches horaires seront refondues en 80 fiches plus complètes. Il n’y aura pas de pertes d’information nous assure-t-on mais nous craignons le pire : l’information vélo étant déjà incomplète et peu fiable, le vélo risque de ne pas sortir gagnant de cette refonte. Une nouvelle plate-forme Internet devrait être créée et devrait assurer une information à jour. Le guide officiel des horaires, qui doit être supprimé depuis 10 ans, est en cours d’audit : quelle est son utilisation notamment dans les administrations ? Autant dire qu’il a encore de beaux jours devant lui. Le CD horaires dit RIHO, en vente dans les gares va avoir une version Mac-OS. Les associations ont insisté une fois de plus, exemples à l’appui, sur les carences de l’information vélo donnée par la SNCF, notamment aux guichets des gares.

Renouvellement des gares : la SNCF a exposé aux associations sa nouvelle politique de réhumanisation des 3 014 gares et points d’arrêt. Actuellement la moitié des voyageurs vient en voiture et l’autre moitié à pied, à vélo et en transports publics. Il s’agit de mieux occuper les espaces et d’offrir de nouveaux services en gare en les proposant aux associations, commerces, loueurs de vélos, etc., qui devront entretenir les gares et leur donner « une ambiance familiale ». Outre les services d’information de base et de ventes de billets, ces gares retrouveront des offres oubliées (toilettes publiques, consignes, etc.). L’offre vélo sera systématique avec un parking et pourra être étendue au gardiennage, à la location et à la réparation des vélos. La SNCF observe que les parkings voitures et vélos accroît de manière significative la clientèle et que les parkings vélos sécurisés induisent des transferts de la voiture au vélo.
Les 168 grandes gares se mettent elles aussi progressivement au vélo. 45 gares ont des projets de création ou sont en cours de réalisation de parkings à vélo et aussi (moins fréquemment) de stations vélos. Les associations ont insisté sur la nécessaire amélioration des accès vélos-train dans toutes les gares : installation de rampes dans les escaliers et, quand l’espace est insuffisant, de goulottes. Pour les grandes gares, la SNCF s’est engagée à diffuser une note spéciale incitant les responsables à l’installation de goulottes quand les escaliers sont étroits.

Les offres vélos : tous les trains Paris-Orléans-Tours (Aqualys) sont maintenant ouverts aux vélos, offre d’ores et déjà insuffisante en été font remarquer les associations. On gagne Cherbourg, on perd Le Havre : environ 20 % des trains Paris-Caen-Cherbourg seront ouverts aux vélos (3 rames sur 14). En revanche, les trains Paris-Rouen-Le Havre seront interdits tant que les fourgons qui les équipent n’auront pas été modifiés. Tous les TGV est SNCF seront ouverts aux vélos (réservation obligatoire 10 euros) y compris vers Munich. Ce ne sera pas le cas des ICE de la DB Paris-Francfort qui seront interdits aux cyclistes. La mission vélo SNCF a rencontré Thalys pour la rénovation des rames. Plusieurs solutions ont été envisagées mais à ce stade, il n’est pas prévu d’aménager des espaces vélos. Une délégation des associations rencontrera Thalys en novembre.

Norma Mashaal

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