Code de la rue : oui à la priorité aux piétons, non au “vélo-bashing”

Ce jeudi 6 juillet, le Conseil de Paris a adopté le “code de la rue”. Mieux se Déplacer à Bicyclette se félicite de cette démarche. En tant qu’association cycliste, MDB salue la volonté de faire de la priorité aux piétons le principe central du nouveau code de la rue. Cependant, MDB s’inquiète du fait que le document risque d’alimenter le “vélo-bashing” de ceux qui refusent la transformation de la ville et la réduction de la place de la voiture.

Oui à la priorité piétonne

Mieux se Déplacer à Bicyclette réaffirme son soutien à faire de la priorité piétonne la priorité n°1 du nouveau code de la rue. Le constat de l’absence massive du respect de la priorité des piétons par l’ensemble des usagers de la voirie – automobilistes, motards, camionneurs et cyclistes – n’est pas nouveau. Il suffit de se positionner à hauteur d’un passage piéton pour constater que l’arrêt pour laisser passer les piétons reste l’exception. Notre association n’a d’ailleurs pas attendu le code de la rue pour agir sur le sujet, notamment en communiquant les bons comportements à adopter par les cyclistes pour une bonne interaction avec les piétons.

Non au “vélo-bashing”

Toutefois, nous nous inquiétons de voir le Code de la rue se focaliser sur les cyclistes et utiliser un langage stigmatisant. Dès le premier paragraphe, le document considère que le développement du vélo s’ajoute “aux diverses nuisances et dangers générés par la circulation motorisée”. Nous regrettons ce parti pris alors même que le vélo ne présente aucune des principales externalités négatives des déplacements motorisés que sont la mortalité routière, le bruit, la pollution et l’encombrement de l’espace public.

Le vélo n’est pas un problème mais bien une solution pour la mobilité en ville, en complément de la marche et des transports en commun. Si une phase d’adaptation et d’évolution de certains comportements est sans aucun doute nécessaire, nous nous inquiétons de voir que le code de la rue cède au dénigrement du vélo en reprenant les mots de ceux qui refusent la transformation de la ville et la réduction de la place de la voiture. Il semble important de rappeler que les piétons tués dans les rues parisiennes le sont par des véhicules motorisés et non par des cyclistes, dans l’immense majorité des cas.

Il nous semble important de rappeler que les cyclistes sont en premier lieu victimes de la violence routière. Le code de la rue est aujourd’hui particulièrement peu prolixe sur son ambition de changer certains comportements, qu’il s’agisse du téléphone au volant – sujet qui ne concerne visiblement que les piétons et cyclistes – ou de la modération de la vitesse avec le respect du 30 km/h, qui est une condition majeure de la sécurité des piétons comme des cyclistes à Paris. 

Oui à une vision “zéro mort, zéro blessé grave”

Le document ne reprend pas l’objectif “zéro mort, zéro blessé grave” dans les rues parisiennes, que nous avions soutenu lors des consultations préparatoires. Alors que la métropole de Lyon s’inscrit dans cet objectif, la ville de Paris semble à travers son code de la rue trop souvent se contenter de paraphraser le code de la route plutôt que de mettre en avant les comportements vecteurs de sécurité, en particulier pour les plus fragiles. Au-delà du respect du code de la route, l’adaptation de la vitesse et du comportement à son environnement est la condition principale pour une cohabitation sûre et apaisée entre les différents modes de déplacement. Cette notion de vigilance et d’attention aux usagers les plus fragiles n’apparaît qu’en règle n°10 du code de la rue alors qu’elle est essentielle pour une ville apaisée.

Oui à une ville qui prend de la place à la voiture pour laisser la place aux piétons et aux vélos

Les piétons et les cyclistes continuent de se partager les miettes de l’espace public. Or, leur bonne cohabitation implique de laisser suffisamment de place à ces deux modes de mobilités dans l’espace public. Nous saluons le fait de toujours privilégier la chaussée pour implanter de nouvelles pistes cyclables. Cela implique de réduire plus activement la place de la voiture.

Nous rappelons nos demandes :

  • la concrétisation de l’engagement d’une piétonnisation du centre de Paris ;
  • l’accélération de la mise en oeuvre du plan vélo pour rendre Paris 100% cyclable à horizon 2026 ;
  • la généralisation sans exception des double-sens cyclables, obligation réglementaire découlant du passage à 30 km/h de Paris, n’est toujours pas une réalité ;
  • l’implantation des panonceaux “cédez-le-passage” pour les cyclistes aux feux tricolores n’est toujours pas effective sur la plupart des carrefours, en particulier avec des flèches multidirectionnelles et sur les voiries à côté des grands axes.

Nous réaffirmons donc notre soutien à la transformation de Paris, demande d’une majorité de Parisiens et Parisiennes qui souhaitent une accélération de l’adaptation de la ville aux mobilités actives, marche et vélo.

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