Promenons-nous dans les bois
Début avril 2003, tandis qu’une station de radio nationale annonce la grève des transports en commun par ces mots : « Aujourd’hui, si vous voulez vous déplacer, prenez votre voiture ! » la presse livre les résultats de mesures de la pollution montrant que celle due à la circulation automobile reste préoccupante dans le centre de Paris et certains secteurs de la capitale comme de la proche et même grande banlieue.
Même si la pollution n’est pas notre cheval de bataille numéro 1 au MDB – le tout-automobile provoque bien d’autres nuisances -, nous qui nous vantons d’être « non polluants depuis 1890 » ne pouvons que nous alarmer d’une telle situation.
Or la ville de Paris dispose de deux « poumons », les bois de Boulogne et de Vincennes, qu’elle souhaite soustraire en partie à la domination de l’automobile. C’est ainsi que dans le cadre de l’opération « Paris respire » l’interdiction à la circulation motorisée le dimanche a été étendue depuis peu.
Et une bande cyclable a fait son apparition dans le bois de Boulogne, première d’un programme destiné à rendre les bois accessibles aux cyclistes dans de meilleures conditions. Une bande bien modeste, qui relie la porte de la Muette à l’hippodrome de Longchamp, et qui sevira essentiellement aux utilisateurs de l’anneau de vitesse, car pour le moment le cycliste qui voudrait s’aventurer plus loin est toujours livré à lui-même et à la horde des automobilistes qui ont une fâcheuse tendance à prendre les routes du bois pour des autoroutes. Mais il ne s’agit que d’un début et nous ne saurions bouder notre plaisir.
Les maires d’un certain nombre de communes des Hauts-de-Seine ne sont pas du même avis et l’ont fait savoir, soutenus par le président de leur conseil général. Certes, ils se retranchent derrière une protestation devant l’absence de concertation qui les aurait mis devant le fait accompli, mais on sent bien poindre l’hostilité à tout ce qui pourrait porter atteinte à la sacro-sainte utilisation de la voiture individuelle et à la prétendue libeté de leurs administrés-électeurs.
On nous accuse souvent d’être négatifs par rapport à la Ville de Paris et nous sommes les premiers à revendiquer une concertation préalable à toute décision, mais dans ce cas précis nous soutenons sans réserve les initiatives favorisant la circulation à vélo dans les bois, d’autant qu’elles s’adressent à tous les types de pratiques : sportive, familiale et de loisir, et trajet domicile-travail, quand un véritable réseau permettra de traverser le bois. Et ces catégories ne sont pas aussi imperméables les unes aux autre qu’on peut le croire. Beaucoup de cyclistes du dimanche peuvent devenir des cyclistes quotidiens, à condition qu’on leur permette de le faire en toute sécurité.
Françoise Clausse